Bruno Retailleau : « Emmanuel Macron est le président du désordre »

Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, dévoile les cent propositions « pour stopper le décrochage français ».
Comment expliquez-vous les violences de ces derniers jours à Dijon et à Paris ?
Elles sont le produit des démissions et des lâchetés successives. Car ce désordre dans nos rues résulte aussi du désordre dans les esprits. On assiste à une inversion des valeurs comme des responsabilités. Inversion des valeurs quand l’antiracisme racialise les rapports sociaux. Inversion des responsabilités quand on rend nos policiers ou nos gendarmes coupables de la violence, alors qu’ils la subissent au quotidien ! Une violence devant laquelle l’État a plié à Notre-Dame-des-Landes. Emmanuel Macron peut bien parler d’ordre républicain, il est le président du désordre. Le « en même temps » ne peut produire qu’une parole confuse. Cette fermeté n’est que de l’affichage. Comme lorsque le gouvernement laisse croire que les Tchétchènes mis en cause dans les violences à Dijon seront expulsés : compte tenu des obstacles juridiques, il y a fort à parier que cela n’aura jamais lieu. Je propose d’assouplir les conditions d’expulsion des étrangers qui ne respectent pas les lois d’un pays qui leur a pourtant offert l’hospitalité.
Comment souhaitez-vous peser dans le « nouveau chemin » annoncé par le chef de l’État ?
On a déjà eu « un nouveau monde », « un nouvel acte du quinquennat ». Et maintenant « un nouveau chemin » ! Tout cela n’est que de la sémantique. Le groupe LR au Sénat a quant à lui travaillé sur cent propositions concrètes, avec un objectif : faire de la crise une opportunité pour stopper le décrochage français et reprendre notre destin en main.
Quelles sont les solutions pour « se relever » selon vous ?
Les conditions du relèvement sont d’abord immatérielles. La grande dépression qui menace la France n’est pas seulement économique et sociale ; c’est une dépression psychologique. Nous sommes le pays d’Europe le plus pessimiste. Aujourd’hui, ce qui mine le moral des Français, c’est aussi la chienlit, la défiance devant l’avenir, la culpabilisation systématique qui empêchent l’unité nationale au moment où l’on a besoin d’un élan collectif. Mais il faut aussi créer de la richesse avant de vouloir la redistribuer. Ce n’est pas par la dette qu’on pourra améliorer le niveau de vie des Français mais par le travail, l’innovation, la réindustrialisation. La croissance plutôt que la dépense : c’est la condition d’un véritable redressement.
Que proposez-vous pour construire cette nouvelle prospérité ?
Il faut travailler plus, mais pour plus de salaires et moins d’impôts. Nous proposons de baisser les impôts de production et les charges patronales au-delà de 1,6 fois le smic pour améliorer la compétitivité. Il faut aussi un choc d’investissement pour l’industrie du futur et la réindustrialisation du pays. Aujourd’hui, grâce aux robots et à la transition numérique, ce n’est plus le coût de la main-d’œuvre qui devient déterminant. Baissons également les impôts des Français qui investissent dans les PME. Pour stimuler la demande, nous souhaitons aussi favoriser les donations familiales en portant le montant de l’abattement à 70.000 euros, sans impôt ni taxe. Nous voulons aussi une croissance plus équitable en garantissant par exemple l’équivalent d’un treizième mois pour les salariés les plus modestes, grâce à la défiscalisation et la désocialisation des heures supplémentaires et la fusion des mécanismes de participation et d’intéressement pour les entreprises de moins de 500 salariés. En France, le travail ne paie pas assez. Il est juste que si nous créons collectivement plus de richesses, celles-ci soient mieux partagées.
Comment construisez-vous de nouvelles solidarités alors que les caisses de l’État sont vides ?
Il faut une action immédiate en faveur des jeunes. En septembre, 750.000 d’entre eux arriveront sur le marché du travail. Les propositions du gouvernement en matière d’apprentissage sont trop faibles. Nous proposons d’étendre l’aide majorée annoncée par le gouvernement aux entreprises de plus de 250 salariés qui ont recours aux apprentis, de créer une aide starter complémentaire, de 8000 euros, pour les TPE et les secteurs particulièrement sinistrés. Il faut aussi créer une prime à l’embauche pour les jeunes diplômés avec une exonération de charges pendant un an. Il faut donner l’intégralité de la compétence « insertion des jeunes » aux Régions. Enfin, privilégions le retour à l’emploi en requalifiant les salariés via davantage de formations. Concernant l’hôpital, nous devons débureaucratiser la santé, baisser les recrutements administratifs au profit de ceux qui soignent, et laisser plus d’autonomie notamment aux Régions.
Mais tout cela a un coût…
Vous avez raison. Ne déversons pas de l’argent public comme si c’était de l’argent magique. Ce qui me choque profondément, c’est que la plupart des responsables politiques ont perdu la conscience de la valeur de l’argent. C’est le « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron. Bien sûr, l’État doit jouer tout son rôle dans la crise mais soyons lucides et surtout soyons courageux : il faudra tôt ou tard des réformes profondes, de notre système de retraites, de notre modèle social, et bien sûr de l’État. Ce devra être l’une des grandes priorités du prochain quinquennat. Cependant, il y a beaucoup de réformes qui ne coûtent rien sinon du courage et de la volonté politique : supprimer des normes, revoir le périmètre de l’État, changer les règles européennes, réorganiser l’enseignement professionnel…
Quand Emmanuel Macron reprend à son compte le mot de « souveraineté », êtes-vous satisfait ?
Tartufferie. Qui a vendu la branche énergie d’Alstom aux Américains ? Qui veut céder les chantiers de l’Atlantique aux Italiens ? Qui a soutenu le Ceta et l’a fait voter par sa majorité ? Qui parle de souveraineté européenne et d’impôt européen, ce pas de plus vers le fédéralisme ? Comme dirait Flaubert dans Madame Bovary, Emmanuel Macron a la génuflexion oblique des dévots pressés… Pour recouvrir notre souveraineté économique afin de lutter à armes égales dans la mondialisation, il nous faut nous doter d’un glaive et d’un bouclier. Un glaive pour trancher le boulet que traînent nos entreprises avec la fiscalité mais pour couper aussi nos liens de dépendance. Je propose une fiscalité « bleu blanc rouge », avec un dégrèvement de cotisations de 50 % pour toutes les entreprises qui relocalisent leurs productions et de 100 % dès lors que celles-ci se situent dans les secteurs stratégiques. Quant au bouclier, nous devons renouer avec une Europe qui protège, revoir le logiciel européen sur la concurrence, poser des règles de préférence à travers un Buy European Act notamment, et mettre en place une barrière écologique pour taxer les pays qui ne respectent pas l’accord de Paris.
>> Lire l’interview sur Le Figaro.fr
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Source: Actualités LR

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