Il serait terrible de nous habituer au feuilleton des feux de forêt estivaux ! Cette année, les médias ont souligné l’ampleur inédite de ceux qui ont ravagés une Amazonie qui s’étend sur 9 pays dont le Brésil mais aussi la France. Ces feux ont fait suite à d’autres, impactant la Grèce et l’Indonésie et -moins habituel- l’Arctique, au Canada et en Sibérie.
La forêt nous envoie clairement un signal de détresse ! A tel point que le sujet s’est invité au dernier G7 de Biarritz. Sauf peut-être pour le président des Etats-Unis, tout le monde interprète ces événements comme une accélération du changement climatique avec une perte de biodiversité irremplaçable, sans compter l’impact tragique sur les populations autochtones.
En France aussi, en effet, il est temps d’agir ! Notre responsabilité de puissance économique majeure est engagée : s’il signait des traités commerciaux comme le Mercosur notre pays encouragerait encore plus la production intensive de viande, et les défrichements qui en découlent via la culture du soja.
Sur notre propre sol, la forêt souffre également. Pas du défrichement, car avec la déprise agricole notamment, la forêt française s’étend depuis plus d’un demi-siècle et l’on récolte aujourd’hui moins de la moitié de son accroissement annuel.
En France, la crise est ailleurs : elle est sanitaire et de gouvernance. La situation sanitaire de notre patrimoine forestier national, de métropole et d’Outre-Mer est plus que préoccupante : à la crise du scolyte – un petit insecte qui fait mourir les résineux, particulièrement ceux affaiblis par le climat, s’ajoute une mortalité directe due aux sécheresses successives. Les conditions météorologiques des années 2018 et 2019 ont provoqué une explosion des populations de scolytes de l’épicéa entrainant ainsi le dépérissement de plusieurs centaines de milliers d’arbres : dans le Grand-Est, on estime à plus d’un million de mètres cubes le volume des bois scolytés. Pour certains observateurs, c’est une catastrophe « pire que la tempête de 1999 ». Elle ne se limite pas à la région, ni même à la France : l’Allemagne et certains pays de l’Est sont très sévèrement touchés. Des montagnes de bois s’accumulent un peu partout en Europe et les prix s’effondrent (jusqu’à – 80% !) mettant en péril à la fois les peuplements sains (faible incitation des propriétaires à couper les bois infectés du fait d’un prix non rémunérateur) et le repeuplement : le prix de vente couvrant à peine la coupe, la plantation est aléatoire. Le gouvernement allemand met en place un plan de 800 millions d’euros sur 4 ans pour faire face à cette situation. En France, nous en sommes loin…
Au-delà, la question qui est posée est celle de l’adaptation de nos forêts au changement climatique. Il est nécessaire de repenser notre relation à la forêt française : entre le retour fantasmé aux forêts primaires et la seule logique économique d’une filière, il existe une troisième voie.  Les marchés sont en effet aveugles : un besoin de régulation internationale s’impose pour assurer à la fois respect de l’environnement et des populations tout en préservant un développement équilibré, la filière bois étant un des piliers des économies rurales.
En France, l’Etat a un outil pertinent pour agir : l’Office National des Forêts. Mais aujourd’hui, ce navire navigue à vue. Après le départ du Directeur Général, l’ONF connait une situation interne tendue sur le plan humain, de nombreuses baisses d’effectifs, et un simple intérim depuis 10 mois… Le modèle économique de l’Office doit être repensé, car il repose sur des ventes de bois qui sont financièrement insuffisantes alors que montent les attentes en termes de préservation de la biodiversité, d’accueil du public… toutes des missions non rémunérées !
Nous proposons que la France décrète un plan d’urgence pour les forêts. Ce plan comprendrait une révision des grands traités commerciaux à l’aune de leur impact sur les forêts, un moratoire des accords de défrichement pour des projets miniers comme en Guyane, la consolidation de l’ONF par le renouvellement de sa gouvernance et un financement de l’ensemble des services rendus pour la protection des sols, de filtration de l’air et de l’eau, de réserve de biodiversité…  Enfin, ce plan d’urgence comprendrait un volet financier à la hauteur de ce qui a été décidé en Allemagne, pour gérer la crise sanitaire et climatique dans une optique de résilience et une vision du temps long.
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Source: Actualités du PS

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