Qui dira que l’élection de Brignoles n’était qu’un scrutin local ? Bien sûr ce canton est atypique. Il fait partie des deux seuls que le FN avait déjà emportés en 2011. Moins de 10 000 électeurs ont voté dimanche dans une abstention majoritaire. Mais ce résultat est national par ses causes comme par ses conséquences. Il est le fruit de la démoralisation de la gauche patiemment organisée au sommet de l’Etat pour anesthésier le pays soumis aux amputations austéritaires ou détourner sa souffrance sur les Roms. Il apportera de l’eau au moulin de tous ceux qui encouragent avec des mines horrifiées le Front national pour rendre repoussante toute alternative à ce qu’ils estiment être la seule politique possible. Et pourtant cette campagne a été menée de notre côté sur une ligne purement locale. Stratégie d’alliance avec les solfériniens, candidature identitaire, repli sur les dossiers locaux… le candidat PCF a pris à Brignoles le contrepied du Front de Gauche.
Alors faut-il recommencer aux municipales de mars prochain ? Cette fois ce sont plus de quarante millions d’électeurs qui sont appelés aux urnes le même jour. Les futurs élus auront à affronter les décisions d’une majorité parlementaire qui baisse dans le prochain budget les ressources des collectivités locales de 1,5 milliard d’euros. Ils feront face à la loi de métropolisation qui piétine l’indivisibilité de la République en instaurant des compétences à la carte variables selon les territoires, distinguant quelques ducs parmi les simples barons locaux. Ils seront aux manettes quand s’appliquera partout à la rentrée 2014 la réforme nationale des rythmes scolaires. L’intérêt des banques et du capitalisme mondialisé est que soit élue une nouvelle série de maires acquis à la concurrence des territoires. L’intérêt des populations est au contraire de se doter d’élus qui résisteront à l’austérité. Peut-on le faire localement autrement qu’en parole tout en participant à un parti qui la met nationalement en œuvre ? Peut-on résister sans faire de cette élection un nouveau moment de la révolution citoyenne transformant les clients de féodaux dépolitisés en souverains maîtres de leurs affaires ? Non bien sûr.
C’est pourtant ce que prétend le conseil fédéral du PCF Paris qui vient de voter la participation à une liste menée par le PS dans la capitale du pays. Pierre Laurent, sénateur dans cette fédération et secrétaire national du PCF, appuie cette option. Il la justifie nationalement en annonçant que les communistes préfèrent le rassemblement avec le PS dès le premier tour partout où les solfériniens ne sont pas sectaires et sont enclins à leur faire une place. Heureusement que les choix des militants communistes démentent cette thèse dans la majorité des grandes villes ! Toujours est-il que nous risquons à cette heure de nous retrouver avec des candidats communistes faisant campagne au côté de dirigeants solfériniens de premier plan, députés à l’Assemblé nationale, contre leurs camarades du Front de Gauche dans la première ville du pays, par ailleurs siège de la médiacratie. A la fin de la semaine les militants du PCF Paris auront fini de voter. Ils n’effaceront pas le Front de Gauche de l’élection puisqu’à Paris une liste sera conduite par Danielle Simonnet. Mais là aussi quelques centaines de votants feront localement une décision aux conséquences nationales.
Source: Actualités Parti de Gauche
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