La France est aujourd’hui l’homme malade de l’Europe

« Dans le prochain projet de loi de finances pour 2022, 11 milliards d’euros supplémentaires de crédits ministériels seront déversés dans le tonneau des Danaïdes de la dette française. Ce budget n’est pas celui d’un chef d’Etat mais d’un candidat qui fait campagne avec le chéquier de la France », condamnent les trois patrons des groupes parlementaires LR.
« Les gouvernements ont l’âge de leurs finances, comme les hommes ont l’âge de leurs artères », écrivait André Maurois de l’Académie française. La santé des secondes conditionne la santé des premiers, et force est de constater que le bilan d’Emmanuel Macron est aujourd’hui inquiétant.
Jamais en temps de paix, la France ne s’était autant endettée, en engageant plus de 400 milliards d’euros depuis le premier confinement. La seule crise sanitaire n’explique cependant pas l’explosion inédite de notre dette. En effet, à la veille de la Covid-19, la dépense publique avait déjà augmenté plus vite sous ce quinquennat que sous celui de François Hollande : 51 milliards d’euros de plus à mi-mandat pour le premier, contre 37 pour le second ! Par ce laxisme budgétaire, la France avait déjà le pire déficit de la zone euro et le seuil des 100 % d’endettement avait été franchi dès 2019.
De la même manière, l’OCDE indiquait l’an dernier que la France était championne du monde des impôts et des dépenses publiques, tandis que la Cour des comptes, dans son dernier rapport, s’alarme à nouveau du dérapage des dépenses publiques. Les magistrats financiers, qui ont fait l’inventaire des dépenses publiques du pays sur l’année 2020, alertent sur la hausse des « dépenses ordinaires » de l’Etat, c’est-à-dire non liées à la crise sanitaire.
Malheureusement, le gouvernement reste sourd à ces avertissements : dans le prochain projet de loi de finances pour 2022, 11 milliards d’euros supplémentaires de crédits ministériels seront déversés dans le tonneau des Danaïdes de la dette française. Ce budget n’est pas celui d’un chef d’Etat, mais d’un candidat qui fait campagne avec le chéquier de la France.
Le président de la République ne s’est pas contenté de surendetter la France, il s’est fait une victoire politique d’exporter à Bruxelles les dangereux réflexes de Paris, en créant une première dette européenne, sans aucun plan de financement. Cet emprunt coûtera à la France bien plus qu’il ne lui apporte aujourd’hui. Il fragilise notre indépendance budgétaire à moyen terme, pour pouvoir continuer dans l’immédiat d’inonder d’argent public notre économie en plein décrochage dans le marché européen, sans qu’aucun de nos problèmes structurels n’ait été résolu.
Légèreté. Si le fardeau de la dette écologique est constamment au centre du débat public, à juste titre, le fardeau de la dette budgétaire fait en revanche l’objet d’une légèreté coupable. Et pourtant, cette dette aussi pèsera sur les générations futures, puisqu’elles devront la rembourser alors même qu’elles n’y ont pas consenti !
« La main qui donne est au-dessus de la main qui reçoit », disait Napoléon Bonaparte. Voilà la raison première de l’indispensable maîtrise de nos finances publiques : être souverain, ne pas être tributaire des créanciers, être maître de notre destin. Il est paradoxal qu’une certaine classe politique soit préoccupée par l’influence croissante des marchés financiers, tout en lui accordant ce pouvoir par nos déficits et nos emprunts massifs. Se libérer des dépenses courantes et de fonctionnement, c’est aussi se donner les moyens de dépenser l’argent public dans les secteurs d’avenir : dépenses d’investissement, dans des plans d’infrastructures par exemple, mais aussi dans les industries du futur, dans la cybersécurité, le spatial, le défi climatique…
Si la dette est une épée de Damoclès qui pèse sur les Français, la crise de la Covid-19 nous oblige à sortir des vieux schémas. « On ne fait pas de politique autrement que sur des réalités », déclarait le général de Gaulle. Et si les Français attendent que leur argent, celui du contribuable, soit bien géré, ils exigent aussi d’être protégés. Entre le principe de réalité budgétaire et les aspirations légitimes de nos compatriotes, la ligne de crête est étroite, mais un chemin est possible. Le problème n’est pas la dépense, c’est la mauvaise dépense.
La dépense publique doit diminuer, mais pas par des coupes arbitraires ; la fonction publique doit être allégée dans les administrations, mais elle doit être musclée sur le terrain. En résumé, le « dépenser moins » doit rimer avec le « dépenser mieux », et l’horizon n’est pas tant le « moins d’Etat » que le « mieux d’Etat ». A l’inverse du gouvernement, nous ne croyons pas que chaque problème se résout avec davantage de dépenses publiques et nous voulons donc poser la question de l’efficacité. Ces exigences ne sont pas contradictoires, elles sont complémentaires.
Débureaucratiser. Cette nouvelle boussole budgétaire, qui doit présider à toute action, n’a besoin que de courage politique, tant les placards des ministères débordent de rapports et de recommandations non suivies. Qu’attendons-nous pour enfin enclencher les indispensables réformes structurelles, à l’instar du statut de la fonction publique, de l’assurance chômage ou encore des retraites, véritables serpents de mer du gouvernement ? Qu’attendons-nous pour débureaucratiser l’Etat, décentraliser davantage, supprimer les doublons administratifs, réduire les coûts de gestion de la protection sociale, lutter contre les fraudes fiscales et sociales ? Tous ces chantiers permettraient de diminuer considérablement la dépense publique et de retrouver des marges de manœuvre pour désendetter la France et améliorer le quotidien des Français.
La France est aujourd’hui « l’homme malade » de l’Europe, comme l’Allemagne dans les années 2000 et l’Angleterre dans les années 1970. Confrontés à la spirale du déclin, nos voisins ont su retrouver le chemin de la grandeur et de la prospérité ; ferons-nous le choix du dépérissement ou de la guérison ?
Damien Abad est président du groupe LR à l’Assemblée nationale. François-Xavier Bellamy est président du groupe de la délégation française du PPE. Bruno Retailleau est président du groupe LR au Sénat.
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Source: Actualités LR

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