Les sous-marins australiens ou le camouflet de Biden à la France

Célébré en 2016 par la France comme la preuve de la fiabilité de sa construction navale et comme la confirmation de son rôle stratégique en Asie-Pacifique (avec ses bases avancées de Polynésie et de Nouvelle-Calédonie), l’achat par l’Australie de douze submersibles français à propulsion classique “Attack” (dérivé de la classe Suffren en service dans la marine nationale) a été annulé dans la nuit [du 15 au 16 septembre] au profit de sous-marins à propulsion (pas à armement) nucléaire américains. Rappelons qu’à l’époque l’Australie avait volontairement écartée l’option  propulsion nucléaire pour respecter le TNP (traité de non-prolifération nucléaire). C’est un coup de tonnerre dans les relations internationales car en dénonçant l’accord militaro-industriel signé en 2019 avec Paris, Canberra a annoncé en parallèle la signature d’un pacte de sécurité « AUKUS » avec les États-Unis et le Royaume-Uni. Ce pacte pourrait permettre le déploiement d’armes stratégiques à longue portée américaines, notamment des missiles et des bombardiers furtifs, en Australie. Des forces américaines pourraient aussi arriver dans le nord de l’île, notamment depuis les bases d’Okinawa et de Guam, de plus en plus vulnérables aux attaques militaires chinoises. La vieille préférence anglo-saxonne refait surface et le fantasme du péril jaune reprend vigueur.
Pour la France, cet échec est triple
Un échec industriel : ébauché en 2016, signé trois ans plus tard, le contrat entre l’État australien et Naval Group, le groupe industriel détenu à 62 % par l’État français et à 35 % par Thalès, était estimé au départ à 32 milliards d’euros, puis réévalué jusqu’à 56 milliards, un retard d’exécution et une envolée des prix très critiquée en Australie et sans doute pas étrangère à la dénonciation du contrat annoncée par le Premier ministre australien Scott Morrison. Cet accord industriel, prévoyait un gros transfert de technologie et la fabrication sur place de tous les sous-marins avec 1 800 emplois à la clé, soit 60 % de la valeur du contrat pour l’Australie. Pour Naval Group,  cela donnait des années de travail en perspective à des centaines de salariés de Cherbourg (Manche). La rupture va entraîner des compensations – la presse australienne parle de 250 millions d’euros – mais le choc est rude pour le groupe français dont 30 % du chiffre d’affaires est réalisé dans 18 pays étrangers.
Un échec stratégique : il montre  que les velléités françaises de présence maritime dans la région, concrétisée par la vente de sous-marins à la Malaisie en 2002 – qui a donné lieu à une retentissante affaire de corruption et à des inculpations par la justice française – ont déjà trouvé leurs limites. En février dernier, la présence d’une frégate tricolore en mer de Chine avait été interprétée comme la preuve de cette posture offensive, saluée par l’Australie, autrefois très mobilisée contre les essais nucléaires français en Polynésie.
Un échec géopolitique : les États-Unis, chassés de Kaboul le 31 août, veulent resserrer toutes leurs alliances contre Pékin. Le choix australien sous pression américaine de submersibles à propulsion nucléaire est en effet un avertissement clair lancé à la Chine, puissance régionale, compte tenu de leur capacité à naviguer beaucoup plus longtemps et beaucoup plus loin dans la zone Asie-Pacifique. À court terme, la France voit sa stratégie Indopacifique d’alignement sur les USA sérieusement écornée, dans une région où elle a de très nombreux ressortissants et 7 000 militaires. Nous n’ignorons pas que la Chine dispose des moyens de sa défense 360 navires contre 297 pour toute la flotte américaine, mais d’un budget militaire 3,5 fois moindre que celui des USA. Nous n’ignorons pas que la Chine considère la mer de Chine du sud comme une route commerciale clé et qu’elle conteste dans ce secteur la souveraineté de tous les pays riverains en revendiquant le moindre atoll. Face à ce qui ressemble à l’émergence d’un nouvel impérialisme, la France n’a aucun intérêt à s’aligner sur un camp ou un autre mais à garder sa posture de médiateur international.
Le Parti de Gauche dénonce, après la brutalité de Trump, le mépris de l’administration Biden pour ses alliés et voit dans ce coup de tonnerre dans les relations internationales l’occasion de rééquilibrer nos relations entre l’Est et l’Ouest et de sortir le plus rapidement possible de l’OTAN.
Le Parti de Gauche dénonce l’alignement macronien sur la politique de confrontation stratégique des américains dans l’Indopacifique et prône l’ouverture de discussions internationales avec la Chine.
Non à une nouvelle guerre froide avec la RPC !
Oui à une sortie rapide de l’OTAN !
Oui au non alignement de la France !
Source: Actualités Parti de Gauche

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