Guillaume Peltier : « Nous augmenterons de 5 % tous les salaires nets »

Les Républicains tiennent ce mardi une convention nationale consacrée à l’économie. En exclusivité pour « Les Echos », le numéro deux du parti dévoile les propositions de la droite pour une « révolution du bon sens ».
Les Républicains tiennent ce mardi une convention nationale consacrée « au travail, aux entreprises et au pouvoir d’achat », à laquelle doit notamment participer Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. Chargé de l’animer, le vice-président délégué de LR et député de Loir-et-Cher, Guillaume Peltier, détaille le nouveau projet de la droite pour « réconcilier les entrepreneurs et les travailleurs ».
Les fondamentaux de l’économie française sont-ils « solides », comme le dit Bruno Le Maire ?
Non. A la fin de l’année, la France va atteindre 11 % de chômage, 11 % de récession du PIB, 11 % de déficit, une dette publique de 120 % et plus de 10 millions de pauvres. C’est catastrophique. Mais soyons honnêtes. Même si Emmanuel Macron a aggravé la situation, ce n’est pas qu’à cause de lui. Après les Trente Glorieuses, la France n’a jamais su sortir des Quarante Douloureuses que connaît ma génération. Disons la vérité : la France est trop socialiste à l’intérieur et trop libérale à l’extérieur. D’un côté, nos entrepreneurs vivent un enfer bureaucratique de taxes et de paperasse ; de l’autre, nos travailleurs subissent les vents de la mondialisation financière, des délocalisations et des salaires tirés vers le bas. Stop aux idéologies, le moment est venu d’une troisième voie économique : celle de « la révolution du bon sens ».
C’est-à-dire ?
Cette révolution repose sur deux piliers : offrir beaucoup plus de liberté aux entrepreneurs et beaucoup plus de protection aux travailleurs. A égalité. Car celui qui prétend redistribuer sans produire est un menteur et celui qui prétend produire sans redistribuer est un injuste. Défendons la majorité silencieuse, les classes moyennes, ces fameux « deux Français sur trois » dont parlait Valéry Giscard d’Estaing, ceux que j’appelle « les milieux de cordée » et qui sont aujourd’hui oubliés.
Que propose LR, concrètement, pour « protéger les travailleurs » ?
Pour récompenser le travail, nous augmenterons de 5 % tous les salaires nets, en divisant par deux la CSG qui pèse sur le travail : pour un couple où chacun gagne 2.000 euros, cela représente 200 euros de salaire supplémentaire par mois. Ensuite, pour aider les jeunes, nous proposons la prise en charge des six premiers mois de salaires par l’Etat, suivie, en cas de CDI, d’une exonération de cotisations pendant deux ans pour l’entreprise. Contre la mondialisation financière, nous exigerons, comme Xavier Bertrand sur Bridgestone, le remboursement des aides publiques des entreprises qui délocalisent. Pour soutenir notre industrie et nos entreprises stratégiques, nous proposons, avec Olivier Marleix [député et l’un des vice-présidents de LR, NDLR], un fonds souverain pour mobiliser l’épargne privée des Français volontaires. Pour recréer la France des droits et des devoirs, nous rendrons obligatoire, pour tout bénéficiaire du RSA sauf les accidentés de la vie, dix heures d’activités hebdomadaires dans une association ou une collectivité. Enfin, nous proposons d’obliger les bailleurs sociaux à mettre en vente chaque année 5 % des logements sociaux à de futurs propriétaires modestes, par un mécanisme simple : le montant du loyer deviendrait celui du remboursement mensuel d’emprunt. Ainsi, nous basculerons dans une France de propriétaires, une France du travail enfin récompensé.
Vous aviez, vous, proposé d’augmenter les salaires de 15 à 20 %. Vous y renoncez ?
A titre personnel, je continue à la porter. Ma conviction, c’est que, dans une dizaine d’années, les pays les plus audacieux feront ce choix, en échange de la suppression des cotisations patronales et salariales, le tout financé par un micro-prélèvement sur les mouvements d’argent. Mais proposer 5 %, c’est déjà inédit. Nous sommes sur le bon chemin.
Que comptez-vous faire pour les entreprises ?
Nous voulons « un choc de débureaucratisation » à travers un nouveau Code du travail de 100 pages qui rappellerait les principes fondamentaux, mais renverrait le reste à la négociation au sein des branches et des entreprises. C’est ce qu’avait intelligemment proposé Robert Badinter . Il faut aussi réduire tout de suite la TVA, à 5,5 % pour l’hôtellerie-restauration. Et transformer jusqu’à 25 % des prêts garantis par l’Etat en fonds propres pour nos entreprises en difficulté.
Faut-il travailler plus ?
Sortons de ce débat : donnons des salaires justes aux travailleurs, de la souplesse aux entrepreneurs. Pour libérer le travail, il faut leur permettre enfin, par un référendum interne à l’entreprise, de fixer le temps de travail, entre 35 et 40 heures. Les accords de performance collective sont aujourd’hui bien trop complexes.
Comment lutter contre la hausse de la pauvreté ?
Outre la hausse des salaires, il faut améliorer la loi de 2016 qui oblige un certain nombre de grandes surfaces à transmettre leurs invendus à des associations caritatives. Le seuil actuel de 400 mètres carrés est insuffisant et les amendes ne sont pas dissuasives. Comme le dit Julien Dive, il faut abaisser le seuil à 200 mètres carrés et porter les amendes à 20.000 euros.
Quel serait le coût de toutes ces mesures ?
Près de 40 milliards d’euros. Notre plan de financement est prêt car il est hors de question d’augmenter les impôts. Entre la lutte contre les fraudes fiscales et sociales, la fin des gaspillages bureaucratiques, un meilleur contrôle de l’immigration et la nouvelle politique du logement, nous économiserons plus de 40 milliards. Sans compter des mesures complémentaires, comme mettre fin aux rentes exaspérantes des compagnies d’assurances et des sociétés d’autoroutes.
La réduction des déficits et de la dette passe-t-elle au second plan ?
C’est un objectif permanent mais la priorité, c’est de changer radicalement un modèle français qui ne fonctionne plus. En augmentant les salaires, en libérant le travail, nous créerons un cercle vertueux pour les comptes publics.
Le programme très libéral de François Fillon semble très loin…
Ce qui nous intéresse, avec Christian Jacob, c’est l’avenir, pas le passé. Il faut revenir à cet équilibre qui fonde la droite républicaine : le gaullisme et le bon sens, c’est de réconcilier les entrepreneurs et les travailleurs. Nos propositions sont le fruit d’un immense travail collectif avec nos députés, sénateurs et élus locaux, d’Eric Woerth à Sophie Gaugain ou Stéphane Viry. C’est le plus grand travail de fond réalisé par notre famille politique depuis 2007.
Vous êtes le numéro deux d’un parti dont le président ne sera pas candidat. Excluez-vous de vous lancer en 2022 ?
Ma priorité, c’est le collectif. Ce sont les idées qui mènent le monde. Toute victoire électorale est précédée d’une victoire idéologique : nous devons bâtir une droite populaire, forte sur le régalien, juste sur l’économie. Je serai au plus près de notre candidat naturel, celui capable de faire gagner cette droite populaire, seule alternative au duel mortifère entre Emmanuel Macron et les extrêmes.
>> Lire l’interview sur LesEchos.fr
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Source: Actualités LR

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