François-Xavier Bellamy : « Pas le droit de se laisser dissoudre dans le macronisme »

Patrons des eurodéputés Les Républicains, François-Xavier Bellamy appelle à mettre un terme « aux flux migratoires massifs » et la suspension du regroupement familial.
Vous rentrez d’une tournée à Mayotte et vous affirmez qu’aucun développement ne sera possible sans mettre fin aux flux migratoires permanents. N’est-ce pas la politique du gouvernement ?
Mayotte est en état d’urgence, face à une situation migratoire hors de contrôle. Malgré l’énergie des équipes qui luttent sur le terrain contre l’immigration clandestine, il faudra des moyens bien plus importants, et une vraie détermination de toutes les administrations, pour éviter d’atteindre un point de rupture. Au fond, Mayotte permet de comprendre le défi qui attend la France dans son ensemble : pour pouvoir reconstruire notre unité, il faut pouvoir mettre fin à notre impuissance sur le front migratoire.
Comment l’Union européenne peut-elle soutenir Mayotte face à ce défi ?
L’Europe a un vrai rôle à jouer sur les sujets migratoires. La Commission doit présenter bientôt son nouveau schéma sur le sujet. J’espère que la réglementation qui sera adoptée mettra enfin un terme à l’idée aberrante sur le plan européen de la relocalisation des migrants : jusqu’à aujourd’hui, la doctrine est qu’en cas de crise migratoire, il faut gérer notre impuissance en se répartissant les migrants entrés illégalement sur le sol européen. Mais cela ne peut être une solution… Le principe qui doit être enfin garanti, c’est que personne ne doit pouvoir s’établir en Europe s’il y est entré illégalement. Ce principe est indispensable pour rétablir la situation, à Mayotte comme pour l’ensemble des pays européens. Ce qu’éprouvent les Mahorais, je l’ai vécu aussi sur l’île de Lesbos, en Grèce : ne pas maîtriser nos frontières n’est pas de la générosité, c’est une impuissance qui prépare toutes les fractures de demain.
Au Perthus, Emmanuel Macron vient de réclamer une refondation des règles de Schengen. Ça va dans le bon sens ?
Enfin ! La droite le demande depuis des années, et je l’ai évoqué tout au long de la campagne européenne, malgré les critiques que cela nous valait. La libre circulation ne peut fonctionner que si nous maîtrisons l’ensemble de nos frontières en Europe. Je suis heureux que le président de la République se rallie à cette perspective. Mais la réalité de son action est malheureusement bien éloignée de sa communication : jamais la France n’a accueilli autant d’immigration légale depuis plus de 40 ans. L’an passé, plus de 300.000 titres de séjour ont été délivrés. C’est un record historique, et un contresens majeur : si on veut empêcher le communautarisme qui fracture notre société, il faut d’urgence mettre un terme à ces flux migratoires massifs. Tout le travail d’intégration, qu’il nous faut rattraper aujourd’hui, sera impossible sans ce préalable. Il faut revenir sur le droit du sol, et suspendre le regroupement familial, que ce gouvernement a à l’inverse étendu aux mineurs isolés. Tant que nous n’agirons pas fermement sur ce sujet, rien ne sera fait dans la lutte contre le « séparatisme ».
Approuvez-vous le projet de loi sur le séparatisme rebaptisé « garantie des principes républicains » ?
Je soutiendrai tout ce qui permettra à la France d’être mieux armée face à la menace islamiste. Mais cette loi me paraît bien éloignée des enjeux. Il suffit de considérer l’improbable pudeur lexicale d’Emmanuel Macron : pourquoi ne pas appeler le danger par son nom ? Samuel Paty n’a pas été décapité par un couteau « séparatiste ». Le faux mineur pakistanais qui voulait s’en prendre à Charlie Hebdo n’était pas animé d’intentions « séparatistes ». Ce qui nous menace aujourd’hui, c’est l’islamisme, qui veut s’imposer par la violence et la terreur. Et pour le combattre, on a moins besoin d’empiler de nouvelles lois que de garantir que d’appliquer celles qui existent. Chaque semaine, des commissariats ou des gendarmeries sont attaqués à coup de mortiers d’artifice, sans que personne ou presque ne soit sanctionné… Commençons par mettre fin à l’impunité et à faire respecter nos lois partout sur le territoire français. Le reste n’est que gesticulation…
Comment jugez-vous la gestion de la crise sanitaire par l’exécutif ?
La critique est facile et l’art est difficile. Mais un constat s’impose : il est dramatique, et difficilement explicable, que la deuxième vague nous ait trouvés aussi démunis que la première. Que cette épidémie nous ait surpris au départ, c’est compréhensible. Mais pendant tout l’été, alors que nous étions sortis de la crise, les spécialistes n’ont cessé d’alerter sur le risque d’une deuxième vague, et rien ne s’est passé. Pas un lit de réanimation supplémentaire ; pas de meilleure organisation en matière de tests, trop peu d’anticipation. Résultat : un second confinement, avec toujours plus de drames, de détresse économique, et de souffrance psychologique.
Un million de Français auraient basculé dans la pauvreté. Y-a-t-il un risque d’explosion sociale ?
C’est d’abord un drame humain immense. Ce basculement terrible vers la pauvreté doit être pris en compte. Le gouvernement fait ce qu’il peut sur le plan social, mais l’anesthésie des aides publiques ne compensera jamais l’activité perdue, jamais. Il faut absolument tout faire pour que les gens puissent recommencer à travailler et reprendre une vie normale le plus vite possible.
Faut-il rendre obligatoire l’isolement des personnes atteintes du coronavirus ?
Sur ce sujet comme sur bien d’autres, à chaque fois que l’Etat échoue à remplir son rôle, il reporte le poids de l’échec sur les libertés fondamentales des Français. Le vrai problème, ce n’est pas l’isolement des malades, c’est l’échec total de la stratégie de dépistage. L’application gouvernementale supposée servir au dépistage était un échec programmé, dont j’ai averti depuis le début : le résultat est tragique, malgré les sommes investies. Les Français respectent l’isolement quand ils sont testés, mais la stratégie de tests à l’aveugle ne pouvait pas fonctionner. Maintenant le sujet n’est pas de devenir plus répressifs encore, en traitant les malades comme des détenus ! L’urgence est d’avoir enfin une politique de dépistage efficace.
Est-ce que vous vous vaccinerez contre la Covid ?
Oui, si le vaccin présenté apporte toutes les garanties de sécurité. J’espère surtout qu’on ne manquera pas cette bataille. Au Parlement européen, je vois que nos collègues allemands sont déjà pleinement engagés dans la préparation de la campagne de vaccination, avec une stratégie et une logistique très avancées.
Un Français sur deux hostiles au vaccin, comment l’expliquez-vous ?
La montée de la défiance m’inquiète de manière générale. Nous vivons dans cette « société de la défiance » décrite par Pierre Rosanvallon. Malheureusement, la parole publique a été profondément discréditée par les inconséquences de nos gouvernants. Les mêmes qui nous disaient, il y a quelques semaines, que les masques étaient inutiles voire dangereux, affirment désormais qu’ils sont indispensables… Dans ces conditions, comment faire confiance ? Nous ne mettrons pas fin à cette défiance en la méprisant ou en l’insultant. Seules peuvent redonner du crédit à la parole de l’Etat l’exigence de vérité, de sobriété et de responsabilité.
La primaire reste-t-elle le meilleur moyen de désigner le candidat de votre famille politique à la prochaine présidentielle ?
Si ce n’est pas le meilleur moyen, il faut bien en trouver un, parce que notre famille politique doit pouvoir identifier son candidat et trancher sa ligne politique pour le rendez-vous essentiel que sera l’élection présidentielle. Aucun candidat ne s’imposant d’évidence, il faudra bien organiser le débat pour le désigner.
Gérard Larcher ne voit pas d’alternative réelle à Emmanuel Macron. Etes-vous d’accord avec lui ?
Gérard Larcher ne se range pas derrière Emmanuel Macron : il constate que notre famille politique n’arrive pas encore à incarner une véritable alternative. Il nous reste un an et demi pour y parvenir. Pour ma part, je crois définitivement qu’une droite fidèle à ses convictions n’a pas le droit de se laisser dissoudre dans le macronisme.
A la fin, Emmanuel Macron peut-il être le candidat commun de La République en marche et des Républicains ?
Non – ou bien ce sera sans moi ! Je crois au pluralisme en démocratie, à la constance et à la clarté. Emmanuel Macron n’a été convaincant à aucun point de vue, avant même la crise du Covid. Qu’a-t-il fait pour rétablir l’autorité de l’Etat ? Où sont les mesures énergiques pour mettre fin aux flux migratoires qui déstabilisent notre société ? Où sont les mesures pour rétablir nos comptes publics, retrouver des marges de manœuvre et libérer les énergies ? Où est la stratégie pour une transition écologique qui garantisse en même temps la stabilité énergétique, alimentaire, sociale, dans notre pays ? Je n’éprouve aucun plaisir à être dans l’opposition, mais je ne voyais pas de raison de croire au macronisme en 2017 et à l’épreuve des faits il n’y en a pas plus aujourd’hui.
Serez-vous candidat à la primaire ?
Je ferai tout pour contribuer à construire cette alternance, avec le souci de l’unité. On verra bien comment les choses se présenteront.
Nicolas Sarkozy, un recours en 2022 ?
J’ai le sentiment que Nicolas Sarkozy ne cesse de dire qu’il ne compte pas revenir… S’il le souhaite, il faut seulement que cela soit clair. Ce qui serait catastrophique, c’est de s’enfermer dans une succession de spéculations et d’incertitudes qui nous conduiraient à ne pas être prêts pour ce rendez-vous crucial. Quoi qu’il en soit, notre responsabilité est de travailler d’arrache pied dès maintenant pour avoir une proposition claire et forte à offrir.
>> Lire l’interview sur ParisMatch.com
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Source: Actualités LR

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