Annie Genevard : « Le respect de l’opposition est nécessaire dans la période que nous vivons »

En reprochant aux députés de débattre de la loi sur l’état d’urgence, le ministre Olivier Véran a délégitimé le travail du Parlement, prenant le risque de fracturer encore davantage la nation, regrette la vice-présidente de l’Assemblée nationale.
Je n’ai pas pour habitude de m’illustrer par une opposition systématique ou par des prises de positions fermées à la discussion. Ce qui n’exclut en rien la fermeté des convictions. En tant que vice-présidente de l’Assemblée nationale, je suis profondément attachée au respect des droits de toutes les oppositions autant qu’à ceux de la majorité. Sans ce respect mutuel, sans la conviction profonde que, comme le dit Boileau, du «choc des idées jaillit la lumière», la vie politique française serait vaine.
Face à une crise sanitaire mortifère inédite, concomitante à une succession angoissante d’attaques terroristes meurtrières, les fondements du pays sont bousculés. Il ne faut pas craindre de poser ce constat lucide. Dire les choses telles qu’elles sont, fait partie de l’ADN des Républicains. Pour la première fois depuis la guerre, notre économie a été mise à l’arrêt pendant de longues semaines, et il n’est pas impossible que cette situation se renouvelle. Pour nos concitoyens, jusque là, l’avenir était incertain. Ils pouvaient imaginer qu’avec des efforts, ils pouvaient s’en sortir. Aujourd’hui, l’avenir est indéfinissable. Aucun savoir n’est unanime. Pas plus les scientifiques, médecins ou épidémiologistes, que les économistes. Les certitudes les plus évidentes vacillent. Les Français sont inquiets.
Or, dans un tel contexte, sans précédent, le rôle premier du politique est de rassembler. Car aucune bataille, qu’il s’agisse de la lutte contre un virus ou contre l’obscurantisme, aucun combat ne se gagne dans la désunion. Au contraire, seule la mobilisation de tous les acteurs, chacun dans son rôle, peut mener à la victoire.
Le premier lieu du rassemblement, dans notre démocratie, est le Parlement, où s’expriment les représentants de la Nation dans sa diversité, ses inquiétudes, ses angoisses, ses territoires, mais aussi, par les expériences diverses de ses élus. Pour avoir dirigé de nombreuses séances de travail législatif, je connais bien les députés. Oh, bien sûr, il est parfois des jeux parlementaires en séance qui relèvent davantage de la posture que du débat. Ces joutes sont inévitables dans l’univers médiatique dans lequel nous évoluons.
Mais ces postures ne sauraient faire oublier la sincérité des députés quant à leur désir d’oeuvrer pour le bien commun. Les stratégies diffèrent en fonction de leur appartenance politique, c’est bien le moins. Pour autant, ces divergences constituent un atout démocratique car elles reflètent, par essence, la diversité des Français. Au lieu de craindre ces oppositions, la majorité devrait s’en nourrir. Or, force est de constater que la majorité macroniste, fondée sur le dégagisme, non seulement se défie des oppositions, mais elle donne le sentiment de vouloir nier leur existence au point de leur reprocher le simple fait de discuter ou de vouloir amender ses projets de loi.
Ainsi, a-t-on entendu un ministre reprocher aux députés de «débattre des sujets pendant que nos soignants se battent pour sauver des vies». Comme si la loi était un sujet subalterne, comme si débattre des conditions de l’application de l’état d’urgence devenait superflu, comme si l’exécutif était infaillible. C’est précisément pour parer à cet hubris que notre Constitution est assise sur un régime parlementaire.
L’exécutif et sa majorité sont fébriles. Le pouvoir fait face depuis de longs mois à une successions de crises inédites. Les gilets jaunes, la contestation de la réforme des retraites, la crise de la Covid, et les attentats islamistes l’exposent à une tension harassante. Pour autant, cette immense pression doit-elle se soulager par la mise en cause systématique de l’opposition quand elle alerte sur l’état d’esprit du pays? Cette facilité serait lourde de conséquences politiques. L’opposition représente une partie du pays. Se défier de ses représentants, les ignorer, les mettre en accusation, c’est mépriser une partie des Français, et prendre le risque de fracturer durablement le pays au lieu de le rassembler.
Les Républicains ont voté de nombreuses mesures proposées par le gouvernement. Cet état d’esprit républicain a toujours été le mien. Il est temps que le pouvoir macroniste comprenne que le respect de l’opposition est un facteur puissant pour le rassemblement de la Nation, dans le respect de ses diversités et de ses divergences.
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Source: Actualités LR

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