François Baroin : « Il faut déclarer l’état d’urgence républicain »

Président de l’Association des maires de France et maire Les Républicains de Troyes, François Baroin appelle Emmanuel Macron à « prendre la tête du combat » contre l’islamisme.
« Il n’est que temps de déclarer l’état d’urgence républicain. » Après l’assassinat de Samuel Paty, François Baroin appelle Emmanuel Macron à « prendre la tête du combat » contre l’islamisme. Pour le maire (Les Républicains) de Troyes, l’heure n’est pas à réformer la Constitution comme le réclament ses amis, mais à « agir sans répit contre les activistes », à lever l’anonymat sur les réseaux sociaux et à réduire l’immigration. En 2003, alors député UMP, il avait rédigé le rapport « Pour une nouvelle laïcité » qui avait mené, plus tard, à l’interdiction du port du voile à l’école.
Que pensez-vous de la réaction de l’exécutif à l’assassinat de Samuel Paty ?
Je crois qu’il n’est que temps de déclarer l’état d’urgence républicain. Notre état d’esprit collectif doit être à la mobilisation générale au service de nos principes républicains et de notre conception de la société dans laquelle nous voulons vivre. Il est de la responsabilité du président de la République de prendre la tête de ce combat.
Faut-il expulser les étrangers fichés S ?
Il faut, en effet, changer de braquet mais dans le respect du droit. L’Etat doit agir sans répit contre les activistes et leurs soutiens dans la guerre qu’ils mènent contre la République. Toutes les mesures proposées au Parlement qui iront dans ce sens devront être soutenues.
Que faire contre la haine sur les réseaux sociaux ?
Je suis favorable à la levée de l’anonymat sur les réseaux sociaux. Il faut aider nos magistrats avec des dispositifs juridiques clairs et des textes simples qui leur permettent de remonter très vite à la source de ces messages. Nous devons désormais considérer ces plateformes comme des émetteurs, ayant des responsabilités, et plus seulement comme des tuyaux. Ce sujet doit être porté au niveau européen par le président de la République. Et en France, il faut sans doute sortir ces plateformes du cadre de la loi de 1881 sur la presse et élaborer une législation qui leur soit propre.
Le père de famille qui s’en est pris à Samuel Paty sur les réseaux sociaux n’était pas anonyme…
C’est vrai, mais les réseaux sociaux véhiculent une haine de la France qu’on ne peut pas laisser se diffuser. Aujourd’hui, ce travail est confié à quelques fonctionnaires au ministère de la Justice, à nos services de police et de renseignement et à des associations bénévoles. Il faut y mettre les moyens budgétaires et en termes d’effectifs. Nous devons avoir une organisation à la hauteur de l’importance du développement de ces blocs de haine sur les réseaux. Comme il y a un parquet national antiterroriste, ne pourrait-on pas imaginer qu’il y ait une section spécialisée au parquet de Paris chargée de la conduite des enquêtes contre ces agissements en ligne visant à déstabiliser la République ? Ce parquet à compétence nationale serait habilité à engager des poursuites contre la plateforme, l’auteur et ceux qui relaient ces messages. Et il le ferait autant que nécessaire grâce à un cadre juridique spécifique.
Comment protéger les professeurs ?
Je propose qu’on installe auprès de chaque école, collège et lycée un conseil réunissant les élus chargés de l’éducation, les associations, les membres des conseils d’établissement et les représentants de l’Etat. Cette cellule d’alerte républicaine ferait le point régulier sur la situation. Ainsi, les enseignants seraient mieux entourés, et la remontée d’informations serait rapide et effective. Cela permettrait d’intervenir plus vite et d’avoir une vision globale de ce qu’il se passe sur le terrain. Cela doit devenir, pour l’Etat, un axe prioritaire d’intervention car les enseignants constituent une richesse irremplaçable dans la construction de la nation. Dans ce combat, les maires seront au premier rang, aux côtés de l’Etat.
Faut-il élargir l’interdiction du voile ?
Non, mais il faut étendre le périmètre de l’espace relevant du service public. Un complexe sportif, une médiathèque ou des transports, par exemple, pourraient être définis comme des « espaces de service public ». Nous pourrions dès lors considérer que ces espaces sont autant de zones de vie en commun où s’impose la neutralité. Le véritable sujet, c’est comment laisser les conflits à l’extérieur de ces espaces communs. La situation a changé depuis le rapport que j’avais rédigé en 2003 avant la loi interdisant les signes religieux à l’école. Nous nous étions alors arrêtés à la porte des universités. Faut-il en rester là, alors que le débat a pris de l’ampleur et les situations conflictuelles se sont multipliées ? Cette question doit être posée.
Faut-il réformer la Constitution comme le suggèrent des responsables lR ?
Il ne faut pas se précipiter pour modifier notre loi fondamentale. Notre Constitution et nos lois nous donnent déjà beaucoup d’outils pour défendre la laïcité à la française. Il faut avant tout une volonté politique et que les services compétents aient les moyens opérationnels pour agir.
Certains, à l’extrême droite, jugent l’islam incompatible avec la République…
De grands pays musulmans ont mené des combats historiques contre les fondamentalistes et ont montré le chemin à suivre. La Tunisie de Bourguiba, la Turquie de Kemal ou l’Égypte de Nasser en portent le témoignage. Je crois aussi qu’il faut retirer le terme d’islamophobie de notre vocabulaire parce que c’est utiliser les mots de nos adversaires et nourrir la division.
Faut-il enseigner davantage l’arabe à l’école ?
Ce n’est pas une priorité, l’école doit d’abord transmettre les savoirs fondamentaux.
Selon le président des Républicains Christian Jacob, « on ne peut pas poser le problème de l’islamisme radical sans poser le problème de l’immigration »…
Il a raison. Les maires vous le diront : il y a eu des flux importants d’arrivées liés à des situations de guerre. Cela a provoqué la déstabilisation de quartiers avec une modification des populations. On a multiplié par 2,5 en deux ans le nombre de réfugiés accueillis. Le lien avec l’islamisme n’est ni immédiat, ni systématique, ni automatique mais, avec les tensions sociales qui se profilent à cause de la crise, il est inenvisageable d’avoir la même politique d’immigration. Il faut une coordination européenne pour déterminer ce qu’il est possible d’accepter ou pas.
Cela signifie-t-il réduire l’immigration ?
Inévitablement, elle devra être réduite et maîtrisée.
La droite n’est-elle pas prise en tenaille sur ce sujet entre Emmanuel Macron et l’extrême droite ?
Quand j’entends dire par des membres du gouvernement que rien n’a été fait, cela me choque. Pour certains, la télé est en couleur depuis qu’ils y passent… Nous n’avons pas à nous excuser de ce que nous avons fait. La place de Jacques Chirac dans la restauration de la laïcité est immense. Sans la loi de 2004, la situation serait bien pire à l’école. Nicolas Sarkozy a, lui, ouvert une voie au dialogue structuré en créant le CFCM. Et puis il y a les opportunistes et les cyniques. Marine Le Pen et son père ont été longtemps des adversaires du principe de laïcité en s’opposant aux initiatives prises par Chirac et Sarkozy. Et alors que la laïcité est à l’origine une valeur de gauche, une partie de l’extrême gauche nourrit aujourd’hui un discours opposé, un discours dangereux de désamour de la France. Nous, nous sommes cohérents et fidèles à nos valeurs.
>> Lire l’interview sur LeJDD.fr
L’article François Baroin : « Il faut déclarer l’état d’urgence républicain » est apparu en premier sur les Républicains.
Source: Actualités LR

Leave a Comment
Partager
Posté par

Derniers articles

Élection à la Présidence des Républicains – Résultats du 1er tour

Chères amies, chers amis, Merci pour votre participation au premier tour de l’élection à la…

décembre 4, 2022

Non à l’expulsion de Salah Hamouri

Cela fait 20 ans que Salah Hamouri, avocat franco-palestinien est persécuté par Israël, puissance occupante.…

décembre 4, 2022

Élection à la Présidence des Républicains – Participation à 20h

Le 1er tour de l’élection à la Présidence des Républicains s’est ouvert ce samedi 3…

décembre 3, 2022

Repères Républicains : Le rôle de l’école aujourd’hui

Retrouvons-nous ce mercredi 30 novembre à partir de 18h30 pour notre quatrième rendez-vous « Repères…

novembre 30, 2022

Nos députés interrogent le gouvernement

Ce mardi après-midi, lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, trois…

novembre 29, 2022