Eric Woerth : « Le pire serait de faire trop peu et de décrocher durablement »

Face à l’urgence économique, Eric Woerth, député de l’Oise, ancien ministre du Budget et du Travail de Nicolas Sarkozy, estime que le plan de relance ne peut pas attendre septembre. Il nous dévoile ses propositions.
Alors que le déconfinement vient de débuter et que les voyants de l’économie sont au rouge, le président (LR) de la commission des Finances de l’Assemblée nationale Eric Woerth propose un plan de relance économique. Il en dévoile les principales lignes au Parisien.
Bruno Le Maire veut annoncer un plan de relance de l’économie en septembre. Est-ce trop tard ?
Avant toute chose, il faut rétablir d’urgence la confiance en France sans laquelle il n’y aura pas de reprise durable. Il faut basculer dès maintenant du soutien pur et simple de l’économie à sa relance.
Faut-il donc mettre fin au chômage partiel ?
Le chômage partiel est une bonne mesure, mais ne doit pas devenir l’antichambre de plans sociaux au moment de la reprise : elle n’incite pas les entreprises à reprendre leurs salariés ni ces derniers à retourner au travail. Je propose de transformer environ la moitié des crédits gigantesques consacrés aujourd’hui au chômage partiel en baisse de charges patronales. Cela coûterait autour de 10 milliards d’euros par mois. Ça serait le signal que la France préfère le travail au chômage. Pour les jeunes et pour éviter un drame insupportable d’une « génération sacrifiée », je propose un dispositif « zéro charge » pendant deux ans pour le premier emploi.
Vous n’avez pas de tabou à ce que la puissance publique vienne directement en aide aux entreprises ?
Aux milliers de TPE et PME en difficulté, il ne faut pas que prêter de l’argent, sans quoi leur bilan ne sera composé que de dettes. Je propose un dispositif inédit de participation des pouvoirs publics, et notamment des régions, dans le capital d’entreprises des secteurs qui doivent rebondir. Cela permettrait par exemple à l’Etat ou à une collectivité d’avoir des parts dans un restaurant. Les pouvoirs publics pourraient récupérer leurs fonds propres dans quelques années, une fois l’orage passé : ça peut même être un bon investissement pour eux !
Ne faut-il pas plutôt relancer la consommation ?
Cette crise est singulière en ce sens qu’elle a atteint aussi bien l’offre que la demande. Une soixantaine de milliards d’euros supplémentaires ont été épargnés par les Français depuis son commencement. Il faut qu’une partie soit vite dépensée. Pour cela, je propose de baisser la TVA sur certains produits dans des secteurs à déterminer. Je propose de reprendre, pour l’automobile, le dispositif de prime à la casse. Et que les magasins puissent, pendant une période donnée, ouvrir le dimanche très librement, quels qu’ils soient. Dans le même esprit, il faut repenser le calendrier des soldes. Enfin, on pourrait imaginer des « coupons de réduction » distribués par l’Etat et les collectivités locales.
C’est-à-dire ?
D’un usage aussi simple que les tickets de restaurant, ces coupons permettraient d’acheter des produits ciblés, fabriqués en France, dans les secteurs les plus touchés par la crise. Ce dispositif pourrait durer quelques mois pour inciter les Français à consommer.
Comment réorienter l’épargne des Français vers l’outil productif ?
Je propose que l’on décalque le livret A qui finance le logement social ou le LDDS qui finance le développement durable, en créant un livret C, avec un taux de rémunération équivalent. Objectif : soutenir l’investissement et la relocalisation dans les secteurs stratégiques comme l’aéronautique, le spatial, la défense, la robotisation des PME, l’intelligence artificielle, le numérique.
Les pistes que vous avancez sont coûteuses pour les pouvoirs publics…
Je vous fais remarquer que les Allemands ou les Américains ne mettent pas loin de 10 % de leur PIB dans leurs plans de relance. Actuellement, la France n’est qu’entre 4 et 5 %. Le pire serait de faire trop peu et de décrocher durablement.
Faut-il pour cela revoir les critères de convergence européens ?
Cette crise signe définitivement l’acte de décès de Maastricht. Le critère d’endettement de 60 % du PIB est évidemment totalement décalé par rapport à la réalité alors que nous nous approchons des 115 % ! Pour protéger l’euro, il faut que l’Europe redéfinisse les bons critères en distinguant les dépenses qui servent les intérêts communs de l’Europe de celles qui servent les intérêts nationaux. Par exemple, une partie des dépenses de défense de la France, qui protège l’Europe, pourraient être exclues des nouveaux critères.
>> Lire l’interview sur LeParisien.fr
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Source: Actualités LR

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