Condition animale, coronavirus et confinement : des origines aux conséquences

Article rédigé par le groupe thématique « Condition animale » de La France insoumise. Vous aussi, rejoignez un groupe thématique.

Origines zoonotiques des épidémies et maladies

Le terme « zoonoses » est créé par le médecin allemand Rudolf Wirchow en 1855. Il désigne des maladies qui se transmettent naturellement des animaux vertébrés aux êtres humains et vice-versa (définition officielle de l’OMS en 1959). Selon l’OIE (Organisation Mondiale de la Santé Animale), 60 % des 1 400 agents pathogènes humains sont d’origine animale et 75 % des maladies animales émergentes peuvent contaminer l’Homme. C’est le cas du Coronavirus actuel, le Covid-19. La contamination initiale du Covid-19 à l’Homme trouve son origine en Chine à Wuhan sur un des nombreux marchés « humides » où l’on confine de multiples animaux vivants, d’élevages ou sauvages, destinés à la consommation humaine. Des animaux, qui a priori ne se croisent pas dans la nature, y sont entassés, vendus, et abattus sur place sans mesures d’hygiène spécifique. C’est un contexte propice pour qu’un virus passe d’un animal à l’autre. Ainsi, un virus à 96 % identique au Covid-19 a été identifié chez des chauves-souris capturées en Chine. La chauve-souris est donc vraisemblablement le réservoir du virus, avant qu’un mammifère ne serve d’hôte intermédiaire entre la chauve-souris et l’Homme. Bien que cet animal ne soit pas identifié avec certitude, le pangolin, animal sauvage braconné pour sa chair et pour ses écailles utilisées en pharmacopée chinoise, est suspecté. Les épidémies que nous subissons régulièrement sont des zoonoses. C’est le cas de différents coronavirus comme le SRAS (Sars-Cov) et le Mers, des grippes, comme les sous-types H5N1 et H9N2 de la grippe aviaire et les sous-types H1N1 et H3N2 de la grippe porcine. Le sous-type H5N1, qui prend sa source dans les élevages de poulets est responsable des grippes asiatiques et de Hong Kong de 1957 et 1968, et a causé trois millions de morts. La pandémie de grippe espagnole de 1918-19, due à une souche de grippe H1N1 issue des élevages de porcs, est responsable de 30 à 100 millions de morts dans le monde. La maladie de la vache folle, qui prend sa source dans l’utilisation de farines animales dans les élevages, a été transmise à l’Homme par la consommation de produits d’origines animales. Nous pouvons encore citer d’autres virus tels que Ebola ou encore le VIH qui sont des zoonoses. L’élevage industriel, par le confinement imposé aux animaux, la forte concentration d’individus au mètre carré, et la faible variation génétique, est le parfait incubateur des virus. Il facilite ainsi la transmission des souches pathogènes d’un·e individu·e à l’autre. Comme l’indiquait déjà un rapport de la FAO de 2007 « il n’est pas surprenant que les trois-quarts des nouveaux pathogènes ayant affecté les humains dans les dix dernières années proviennent des animaux ou des produits animaux ». De plus, l’élevage industriel joue un rôle dans l’antibiorésistance : 38 % des antibiotiques consommés en France et 73 % des produits antimicrobiens dans le monde sont destinés aux animaux d’élevage. La résistance aux antibiotiques est responsable de la mort de 33 000 personnes chaque année en Europe. La déforestation favorise également l’émergence de ces maladies et leur transmission à l’Homme. Par la perte de la biodiversité et la diminution des territoires des animaux sauvages, ceux-ci sont contraints de migrer et de se rapprocher des villes et des habitations humaines, favorisant l’apparition et la propagation des épidémies. La France insoumise propose la réduction de la consommation de protéines carnées, en favorisant une alimentation saine, biologique, locale, avec des alternatives végétales. Nous nous opposons à l’élevage industriel et à toutes ces pratiques favorisant les épidémies. De plus la planification écologique et le principe de la « règle verte » qui consiste à ne pas prélever sur la nature davantage que ce qu’elle peut reconstituer, permettra de lutter contre la déforestation et la perte de la biodiversité.

États des lieux de la condition animale sous la pandémie

Les effets néfastes de l’épidémie sur les animaux

Alors que nous traversons une période exceptionnelle et que les frontières se ferment les unes après les autres, le transport d’animaux vivants, pour la consommation, entre les pays de l’UE se poursuit. Les conditions ne permettent pourtant absolument pas de tenir compte du bien-être animal, comme le dénonce Peter Stevenson, Directeur du service affaires publiques de CIWF : « En raison des délais de contrôle des frontières accrus résultant de COVID-19, dans de nombreux cas, le transport d’animaux ne peut pas être effectué d’une manière conforme au droit de l’UE ».

La France insoumise propose de limiter au strict nécessaire les transports d’animaux durant cette période, de suspendre les transports sur de longues distances et mettre fin à l’exportation d’animaux vivants hors de l’UE, comme le demandent nos élu·es LFI. Dans le cadre de la recherche scientifique sur le Covid-19, des expériences sont réalisées sur des animaux tels que certains primates proches de l’humain ou des souris génétiquement modifiées afin qu’elles puissent contracter ce coronavirus. L’utilisation d’animaux à des fins scientifiques n’est cependant pas une évidence, et pose de lourds problèmes éthiques au regard de la maltraitance animale, ainsi qu’au niveau de sa fiabilité. Selon André Ménache, chercheur et vétérinaire à Antidote Europe, des méthodes substitutives ont fait leurs preuves et ne seraient pas moins fiables que les tests sur animaux qui n’ont un taux de fiabilité que de 10%.

La France insoumise propose de « protéger les animaux utilisés à des fins scientifiques : étudier sur du matériel humain (culture de cellules, tissus humains, organes sur puces, etc.) ou des données humaines (banques de données, épidémiologie, etc.), ne pas nuire (ne pas utiliser des animaux en bonne santé afin de les rendre malades), rendre obligatoire l’utilisation de méthodes substitutives déjà validées, interdire toutes expériences sur les singes, les chiens et les chats… »

Des animaux qui restent dépendants des humains

Les attractions mettant en scène des animaux comme les cirques, les zoos et les aquariums sont fermés au public, mais le personnel doit être présent sur place pour s’occuper des animaux sauvages qui sont totalement dépendants des humains pour leur survie.

D’autres animaux qui ont très largement besoin des humains pour se nourrir peuvent aussi rencontrer des problèmes de famine : c’est le cas des pigeons et des rats. Notons que ces derniers régulent leur population en fonction de la quantité de nourriture disponible qu’ils trouvent, en particulier parmi les déchets.

Concernant les animaux de compagnie, il n’y a pas eu de vague d’abandon comme pouvaient le craindre les associations suite aux rumeurs de transmission du virus via les chiens et chats. Toutefois, les refuges saturent : ils continuent de recevoir des animaux mais les adoptions ne peuvent plus se faire. Pour rappel, l’OMS et l’ANSES déclarent que « rien ne prouve que les animaux de compagnie, tels que les chiens ou les chats, peuvent transmettre la COVID-19 ».

Mesures de confinement pour les chiens : les déplacements brefs, individuels, à proximité du domicile dans un rayon maximal d’1km et de moins d’une heure sont autorisés pour subvenir aux « besoins des animaux de compagnie ». Il est autorisé de se rendre chez le vétérinaire ou dans une animalerie mais seulement en cas d’urgence. Une attestation remplie, datée, signée et mentionnant l’heure de sortie est obligatoire.

Une période de répit pour les animaux

La chasse et la pêche sont interdites, les animaux des forêts, des lacs et des rivières bénéficient d’une trêve. Toutefois, un décret publié par la préfecture de l’Aube le 26 mars autorise l’agrainage. Il s’agit de nourrir artificiellement les sangliers dans la forêt afin de les y maintenir et de préserver les cultures. Cette pratique est contestée par la Confédération paysanne pour qui l’agrainage est l’une des causes de prolifération des sangliers. Les pratiques les plus cruelles envers les animaux ont également cessé : annulation des corridas, fin anticipée de la chasse à courre, arrêt de la vénerie sous terre.

Enfin les animaux marins sont à ce jour épargnés en littoral par une baisse drastique de la pêche, les bateaux ne sortant quasiment plus en mer par peur des contaminations à bord mais aussi par manque de débouchés, les restaurants, marchés et cantines étant fermés. Mais les navires usines continuent de piller massivement les océans, en dépit du confinement. Rappelons que les océans aussi ont besoin de repos : selon WWF, si nous continuons à pêcher au rythme actuel, nous pourrions les vider d’ici 2048. Or, un océan vidé de ses poissons entraînerait un dérèglement profond des écosystèmes marins.

Ce temps de confinement n’est pas sans rappeler celui que nous imposons à nombre d’espèces dans les zoos, les cirques, les élevages, etc. Cette crise sanitaire est donc aussi l’occasion de nous interroger sur nos rapports avec les animaux, ceux qui vivent à nos côtés, ceux que nous exploitons pour notre consommation et nos loisirs comme ceux dont nous détruisons l’habitat.

Pendant ces jours de confinement les groupes thématiques de la France insoumise ont décidé d’apporter leur contribution à travers des réflexions sur la situation actuelle. Chaque jour, un ou plusieurs articles d’analyses seront produits par un des groupes thématiques. Retrouvez ces productions sur la page de l’espace programme.
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Source: Actualités La France insoumise

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