Pourquoi les changements voulus par Jean-Michel Blanquer sont inquiétants pour l’École publique

Billet à retrouver sur le site du huffingtonpost

En cette rentrée scolaire 2018-2019, et malgré une campagne médiatique particulièrement réfléchie, méthodique, offensive et menée tout au long de l’été -de multiples interviews, déclarations, l’objectif inavoué du ministre de l’Education nationale apparaît malgré tout clairement: libéraliser l’Ecole publique dans l’esprit même du rapport Cap 22 récemment dévoilé par un syndicat, rapport que le gouvernement comptait dissimuler jusqu’à cet automne.
Trois exemples significatifs viennent éclairer ce qui se met en place lors de cette rentrée et sur le prochain budget, en prolongement des décisions et mesures prises depuis l’élection présidentielle en matière d’éducation.
Les suppressions de postes
Au beau milieu de cet été le premier Ministre Edouard Philippe a invoqué une baisse démographique dans le second degré -totalement mais sciemment erronée pour mieux justifier les suppressions de postes alors que 40.000 élèves de plus sont attendus en 2019, après une augmentation déjà significative de 30 000 élèves en 2018 -chiffres pourtant…ministériels.
Après les suppressions de postes effectuées en 2018, la politique de gel des moyens pour l’Ecole se confirme donc, remettant ainsi en cause la priorité budgétaire à l’Education et ramenant à une juste réalité la pseudo priorité « au primaire » présentée sans discontinuer notamment au travers de la réduction des effectifs en CP et CE1 en éducation prioritaire, quand dans le même temps la scolarisation des 2 ans, les écoles en milieu rural ou encore des dispositifs comme le « Plus de maîtres que de classes » -sont malmenés.

L’évaluation, prélude à la rémunération au mérite des enseignants
En multipliant pour cette année scolaire les évaluations nationales des acquis des élèves – début CP, mi CP, début CE1, début 6ème, début seconde générale, technique et professionnelle -, le Ministre réactive le vieux projet de Nicolas Sarkozy – piloté à cette époque par… Jean Michel Blanquer, alors Directeur général de l’Enseignement Scolaire – d’une évaluation des enseignants par le résultat des élèves, fondée sur les évaluations nationales, avec les conséquences financières qui en découleraient…
Comme si les résultats des élèves dépendaient stricto sensu des seuls enseignants!
D’autre part, et toujours dans le même esprit, la prime REP+ de 3000 euros -versée aux enseignants des Réseaux d’Education Prioritaire-, promesse électorale du candidat à la présidentielle Emmanuel Macron, sera finalement subordonnée aux résultats des élèves, étalée entre 2018 et 2020, source évidente de mise en compétition, d’iniquités et d’injustices entre les enseignants.
La multiplication des postes à profil
Au prétexte de répondre à des besoins spécifiques des établissements scolaires, le Ministre se place dans la droite ligne du rapport Cap 22 en annonçant un « développement significatif des postes à profil ».
Outre le fait que ce dispositif mis en place sous les ministres Darcos et Chatel ainsi que dans d’autres pays européens -notamment en Suède, en Angleterre et aux Pays-Bas avec le « New Public Management » – a fait la preuve de son inefficacité, il conduirait de facto à la suppression des commissions paritaires, portant un nouveau coup à la concertation, au dialogue social et à la reconnaissance des partenaires reconnus de l’Education nationale.
Ajoutons enfin à ces exemples concrets le projet de mise en place accélérée de la réforme territoriale avec le remplacement des académies actuelles par 13 académies calquées sur les 13 régions – recommandation du rapport Cap 22 -, projet qui engendrera immanquablement des suppressions de postes administratifs et d’enseignants tout en rendant plus opaque et plus arbitraire le mouvement de mutations des enseignants.
Mise en concurrence des enseignants et des établissements scolaires, rémunération au mérite inévitablement source d’iniquités et de différenciations infondées, remise en cause de la priorité budgétaire à l’enseignement public et fragilisation du dispositif de mobilité des personnels enseignants: c’est bel et bien une Ecole libérale que le Ministre met en place, à l’encontre du principe démocratique du droit à la réussite pour tous , principe qui devrait pourtant prévaloir partout sur le territoire de la République.
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Source: Actualités du PS

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