« Pourquoi réduire le nombre d’élèves par classe n’est pas suffisant pour réformer le primaire »

12 janvier 2018
La rentrée scolaire 2017-18 a vu la mise en place de la réduction à 12 élèves pour les classes de CP, une des principales promesses du candidat Macron dans le domaine de l’éducation. Cette mesure concerne 2.200 classes (beaucoup moins que les 12.000 annoncées au départ) dans les REP+ (Réseaux d’Education Prioritaire).
Par ailleurs la promesse du Ministre de dédoubler sur le budget 2018 tous les CP de REP et REP+ et de commencer le dédoublement des CE1 de REP et REP+ ne pourra être tenue au vu de la carte scolaire 2018 qui ne prévoit pas les postes nécessaires.
Si ce dispositif peut à priori apparaître intéressant, il n’en demeure pas moins qu’il soulève un certain nombre de questions et de problèmes jusqu’ici étrangement passés sous silence.
Outre les problèmes de locaux qui ont impacté de nombreuses collectivités, rappelons que pour pouvoir mettre en place ce dispositif, Emmanuel Macron et son ministre Blanquer ont redéployé dans de nombreuses académies les postes d’enseignants affectés au dispositif « Plus de maîtres que de classes (PDMQDC: un ou plusieurs enseignants supplémentaires dans une école primaire pour permettre la co-intervention en classe, soit deux maîtres dans une même classe).
Cette décision qui consiste à démanteler un dispositif pour pallier un manque de moyens a suscité la colère des syndicats et des protestations se sont exprimées à travers une pétition qui a rencontré un vif succès.
En effet, le dispositif PDMQDC mis en place sous les gouvernements précédents a été plébiscité par les équipes éducatives qui ont pu expérimenter des situations pédagogiques nouvelles prenant en compte avec efficacité l’hétérogénéité des classes.
D’un point de vue plus pédagogique, le ministère a affirmé que « l’objectif global dans lequel s’inscrit cette mesure est « 100% de réussite en CP: garantir, pour chaque élève, l’acquisition des savoirs fondamentaux – lire, écrire, compter, respecter autrui.
Si l’intention, bien que caricaturale, peut paraître acceptable, elle soulève un certain nombre d’inquiétudes et d’interrogations à ce jour sans réponse:
-Ce dispositif ignore les cycles, et en particulier le cycle 2, celui « des apprentissages fondamentaux qui s’étale sur trois ans CP, CE1, CE2 et qui correspond à la prise en compte du rythme de chaque élève.
-Il met une pression sur la classe de CP et instaure de fait le premier tri des élèves
-Il laisse en suspens une question essentielle: que feront les élèves qui ne maîtrisent pas les fondamentaux en CP?
On le voit, la seule question de la baisse des effectifs ne règle en rien le droit à la réussite pour tous les élèves, d’autant que toutes les études montrent que pour être efficaces, les effectifs réduits doivent porter non seulement sur le CP mais aussi et à minima sur les classes supérieures du cycle 2, à savoir le CE1 et le CE2.
C’est pourquoi il convient dès à présent de veiller à ce que la pression mise sur les classes de CP et le CE1 ne se fasse pas au détriment du cycle 2, celui « des apprentissages fondamentaux, qui s’étale sur trois ans CP, CE1, CE2.
De même, la question du devenir des élèves qui ne maîtrisent pas les fondamentaux en CP se pose avec acuité afin que ne soit pas instauré un premier tri scolaire – et donc social dont les conséquences sont dramatiques en termes d’aggravation des inégalités.
Au final, il est particulièrement dommageable que les CP à 12 soient mis en place au détriment du dispositif Plus de Maîtres Que De Classe mais surtout que la priorité au primaire soit en fait uniquement consacrée au dédoublement, qui de fait aspire tous les moyens de l’éducation nationale au détriment des écoles et des classes hors CP et CE1 en REP et REP+.
Rappelons enfin que ces CP à 12 ont été rendus possibles grâce aux 60 000 postes créés par les gouvernements de gauche précédents de François Hollande, postes auparavant supprimés (80 000 suppressions) sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy par le ministre Luc Chatel et son Directeur Général de l’Enseignement Scolaire de l’époque, un certain…Jean-Michel Blanquer.
Au final il convient de réaffirmer que la réforme du système éducatif se construit dans la durée, dans la continuité des engagements budgétaires, sans lecture partisane et dans l’intérêt de l’enfant, en mettant l’excellence au service de la réussite de tous les élèves.

Tribune publiée sur le HuffPost

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Source: Actualités du PS

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