Électeurs de gauche, avez-vous vraiment voté pour cette politique de droite ?

L’élection d’Emmanuel Macron a indéniablement apporté un souffle nouveau à notre pays. Dans la tonalité. Dans l’image, ce qui compte aussi. Dans quelque symboles, dont le renouvellement profond de l’Assemblée nationale. Il serait, même quand on n’a pas voté pour lui au premier tour de la présidentielle, malhonnête et surtout stupide de ne pas le reconnaître.
Dans le même état d’esprit, le citoyen de gauche que je suis se retrouve sur certaines décisions ou engagements pris depuis quelques semaines. J’ai été heureux que le Président réagisse fortement à la décision américaine de se retirer de l’Accord de Paris sur le climat. Satisfait de son engagement, avec l’Allemagne, pour relancer l’Europe. Sur le plan intérieur, les annonces faites par Nicolas Hulot sur le respect de la loi de transition énergétique, la convergence des taxes essence-diesel, la nécessité de fermer 17 tranches de production nucléaire d’ici 2025 tout en soutenant les énergies renouvelables devront être concrétisées, mais sont positives et vont dans le bon sens. La loi dite de « moralisation de la vie publique est, globalement, malgré quelques effets d’annonce purement conjoncturels et un peu faciles, un acte nécessaire pour rebâtir un lien de confiance entre les Français et leurs élus.
Par ailleurs, certaines attitudes ou certains propos tenus par les responsables de la majorité ne peuvent qu’interpeller: le choix exclusif de personnalités choisies par la majorité pour les postes de vice-présidents ou de questeurs de l’Assemblée nationale, alors que la tradition consiste à laisser l’opposition (en l’espèce le groupe LR) choisir les élus concernés, le refus d’accepter tout amendement venant de l’opposition au cours des premiers débats, sont en contradiction avec la revendication de « nouvelles pratiques politiques par LREM. Il en va de même quant à l’hyper-maîtrise de la communication du Président de la République, qui refuse de répondre à des questions pour s’en tenir à des interventions magistrales: est-ce réellement compatible avec l’affirmation d’une majorité ouverte et perméable aux idées venant d’ailleurs comme à la contradiction apportée par la presse? Et je passe sur des écarts de langage choquants (« ceux qui ne sont rien, les 7-8 enfants par femme qui empêcheraient l’Afrique de se développer) qui, s’ils avaient émané de Nicolas Sarkozy, auraient provoqué des tollés. Cela étant, ces questions, j’en conviens, n’affectent pas le contenu de la politique menée.
C’est précisément sur l’orientation, maintenant très affirmée, de la politique du gouvernement que le même citoyen de gauche ne peut se retrouver. En effet, ils dessinent une politique de droite, certes pas celle de François Fillon, mais extrêmement marquée, très proche de ce que proposait Alain Juppé lors de la primaire de la droite à l’automne 2016 sur les aspects économiques et sociaux: tous les marqueurs sont là. Remise en cause profonde du droit du travail par une loi d’habilitation unilatérale qui fait de la réduction des protections accordées aux salariés l’unique axe de cette réforme; baisse de 3 milliards d’euros de l’ISF uniquement pour les plus aisés; gel annoncé sans concertation de la rémunération des fonctionnaires auxquels s’appliquera pourtant la hausse de la CSG; régulation budgétaire aveugle et mécanique qui frappe même les budgets de la justice, de l’enseignement supérieur pourtant tellement en retard et, ce qui me choque profondément, l’aide publique au développement (pour 150 millions d’euros); dénaturation du compte pénibilité en s’appuyant seulement sur les arguments du Medef, qui nie l’idée même que la travail puisse être pénible et considère que travailler au marteau-piqueur n’est plus un indice de pénibilité; allers-retours douteux sur la remise en cause du tiers-payant; et enfin, ce qui devrait faire réagir tous les démocrates, intégration dans le droit commun des pouvoirs spéciaux donnés à l’administration et à la police dans le cadre de l’état d’urgence, au mépris des propos d’Emmanuel Macron avant son élection.
Certes, on objectera que la plupart de ces mesures –mais pas toutes- avaient été annoncées avant l’élection. Je ne le conteste pas et mon propos ne vise pas à en contester la légitimité mais l’orientation: nous ne sommes à l’évidence pas dans le « et droite et gauche mais dans le « ni de gauche, ni de gauche. d’où une question aux nombreux électeurs de gauche qui ont fait dès le premier tour, puis aux élections législatives le choix de soutenir Emmanuel Macron: était-ce bien cela que vous vouliez? A chacun de réfléchir et de répondre.
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Source: Actualités du PS

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