En Irak, comme en Syrie, l’EIIL est l’enfant monstrueux de l’impérialisme américain

L’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL), groupe djihadiste sunnite ultra-radical, a lancé cette semaine depuis sa base arrière située en Syrie une offensive-éclair sur le nord-ouest de l’Irak. La deuxième ville du pays, Mossoul, est tombée entre les mains des djihadistes qui contrôlent toute la province de Ninive et se dirigent vers Bagdad. Des centaines de milliers d’irakiens sont en fuite, sans vivres ni ressources. Le peuple irakien, au sein duquel les victimes directes et indirectes des deux guerres menées sous l’égide des États-Unis depuis 1990 et des violences endémiques qui en ont découlé sont estimées à plus d’un million, n’en finit plus de payer la destruction de son pays et plus globalement la déstabilisation de l’ensemble de la région qui l’a accompagnée.
Car, loin d’être une création endogène à ce pays, l’EIIL, créée en 2003 lors de la seconde guerre d’Irak, est d’abord le produit de ces interventions extérieures et des politiques qui s’en sont suivies, qui ont sapé les fondements de l’État-Nation irakien.
En détruisant les infrastructures de base du pays, les États-Unis et leurs alliés ont provoqué le repli du peuple irakien sur les solidarités tribales. En imposant une constitution ethno-confessionnelle très éloignée des aspirations de la majorité des irakiens, ils ont favorisé la structuration du monde politique autour des appartenances religieuses, exacerbées sur fond de lutte pour le contrôle des ressources pétrolières. Les oppositions identitaires autrefois très relatives entre chiites, dont les représentants détiennent désormais l’essentiel du pouvoir central, sunnites ostracisés, et kurdes, autonomisés de fait du reste du pays, sont devenues le moteur des affrontements qui ensanglantent le pays. En purgeant systématiquement les anciennes forces de sécurité et l’ensemble de l’administration du pays, ils ont construit l’impuissance de l’armée irakienne et favorisé la convergence entre djihadistes, tribus sunnites du nord-ouest et anciens officiers de Saddam Hussein sans lesquels EIIL n’aurait jamais rencontré ces fulgurants succès. Enfin, en fermant les yeux sur les soutiens apportés par leurs alliés Qatariens et Saoudiens aux groupes djihadistes qui combattent en Syrie, base arrière d’EIIL, ils ont consciemment laissé ces derniers gagner en puissance.
S’il était le fait de la politique menée par un pays non aligné sur les États-Unis et l’OTAN, ne doutons pas que les responsables d’un tel bilan serait considérés comme des criminels de guerre et tôt ou tard traduits devant la justice internationale. Il n’en sera rien. De même qu’on serait bien naïf d’attendre que les soutiens de cette politique expriment une quelconque autocritique. Que pensent désormais les intellectuels organiques de l’atlantisme, qui ont soutenu en 2003 l’invasion de l’Irak, allant jusqu’à créer la revue néo-conservatrice Le Meilleur des Mondes pour dénoncer la

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