Il y a trois ans, le 11 mars 2011 survenait la catastrophe de Fukushima. Ce cataclysme éclatait non pas dans un pays de l’ancien bloc soviétique ou dans une économie balbutiante mais dans un Etat développé, à la pointe des techniques modernes, détenteur d’un parc nucléaire civil parmi les plus importants du monde. Au Japon, personne ne risque d’oublier ce funeste anniversaire. Il est devenu la géographie physique et humaine du pays pour plusieurs générations. Il faudra en effet encore quelques décennies pour que la zone du réacteur soit ouverte à nouveau à la vie. En attendant, les producteurs de riz de la préfecture de Fukushima ont ajouté le compteur Geiger à leurs outils traditionnels.
En France, il est utile en revanche de rappeler cette date. Car elle nous oblige à voir. Désormais on ne peut plus nier la possibilité et la gravité d’une catastrophe nucléaire sur notre sol. Pour la première fois l’institut de sureté nucléaire lui-même l’admet. Il a même tenté d’évaluer les dégâts que subirait alors la France. C’est un acquis même si en la matière les chiffres ne disent pas grand-chose. Mais le plus extraordinaire n’est pas ce travail. C’est qu’il n’avait jamais été fait jusqu’à présent. Voyez-le comme un signe : les dangers du nucléaire ont été mis sous le tapis, consciemment ou non, par la longue chaîne de ceux qui ont intérêt à entretenir le mythe d’une technologie sûre.
Qui sont-ils ? Aujourd’hui, ce sont les comptables d’EDF qui plaident pour l’allongement de la durée de vie des centrales jusqu’à 60 ans. Aucune centrale nucléaire dans le monde n’a jamais atteint 50 ans d’âge. Déjà le nombre d’incidents ne cesse d’augmenter dans les centrales françaises à mesure qu’elles vieillissent. Certes, mais il faut être compétitif ! Il faut arranger le bilan financier d’EDF, même si ce n’est pas encore au niveau d’Enron. Il faut vanter le nucléaire, beau produit d’exportation, comme l’ont fait Hollande et Fabius… dans un Japon endeuillé ! Il faut passer sous silence les coûts réels de la filière, incluant les nouvelles normes de sécurité et le démantèlement, pour ne pas effaroucher la clientèle. Ce sont les noces de cendre du nucléaire et de la politique de l’offre. Quand Hollande appelle à produire n’importe quoi dans n’importe quelles conditions, il trouvera toujours un Proglio, l’homme à qui Sarkozy confia la tête d’EDF, pour lui dire oui et en profiter jusqu’à la tombe.
Le Parti de Gauche a marqué cet anniversaire par une présence de ses dirigeants sur plusieurs sites nucléaires du pays ce 11 mars. Ne vous attendez pas à ce que les médias en parlent d’abondance. Ils s’occupent de choses tellement plus importantes ! Alors faites-le savoir. Car sans opinion éclairée l’intérêt général ne l’emportera jamais dans le domaine vital de l’énergie pas plus que dans les autres. C’est d’autant plus urgent qu’une loi dite de transition énergétique est annoncée pour juin prochain. Il reste encore une promesse de Hollande à renier, celle d’une diminution de la part du nucléaire. Mais au moins une loi parlera. Car la politique énergétique exige à la fois la primauté de l’intérêt général et le souci du long terme, et donc la loi. Elle appelle aussi des citoyens motivés et impliqués dotés de conscience et de mémoire. Le réacteur de Fukushima n’est pas éteint : il nous rappelle la noce de braise qui unit l’écologie et la République, l’écosocialisme et la révolution citoyenne.
Source: Actualités Parti de Gauche

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