Le philosophe, écrivain et essayiste Alain Finkielkraut premier invité des petits déjeuners inattendus de l'UMP

Société

 Ce devait être un petit déjeuner intime. Au final plus de six cents personnes se sont présentées tôt, jeudi matin, au siège national de l’UMP, pour participer à la première édition des petits déjeuners inattendus.« L’idée », expliquent Jean-François Copé et Hervé Mariton, délégué général au Projet, « est, dans le cadre de l’élaboration de notre projet politique, d’initier des rencontres avec des personnalités exceptionnelles pour qu’elles nous apportent leur éclairage sur les sujets du moment et qu’elles échangent avec nous ».Premier invité, le philosophe, écrivain et essayiste Alain Finkielkraut, auteur de plus d’une trentaine de livres dont le dernier, L’Identité Malheureuse (Stock 2013), essai sur l’identité de la France, est un grand succès de librairie. Un ouvrage qui a fédéré, dès sa sortie, l’opposition de nombreux défenseurs du  » politiquement correct « . Parce qu’Alain Finkielkraut se demande si nous sommes capables d’hériter et de transmettre ? Parce qu’il s’interroge sur « la querelle de la laïcité » ? Parce qu’il affirme que l’exception culturelle française et la singularité de notre laïcité doivent être défendues ?Faisant sienne la pensée de Charles Péguy selon laquelle « il faut accepter non seulement de dire ce que l’on voit, mais aussi de voir ce que l’on voit », Alain Finkielkraut a évoqué un certain nombre de changements qui ont marqué, si ce n’est transformé, notre société.Premier « changement qui nous est tombé dessus sans que personne ne le présente, ne l’anticipe, ne le veuille, ne le fasse exister : la situation d’enseignement. Jusque dans les années quatre-vingt, enseigner c’était, avec des méthodes éprouvées, transmettre son savoir. Ce que l’on demandait c’était la connaissance de la matière pour laquelle l’enseignant était chargé d’enseigner. Aujourd’hui, constate-t-il, enseigner c’est d’abord tenir sa classe. Un changement considérable ! »Autre changement, notre rapport avec la laïcité. « Jusque 1989 », explique-t-il, « la république était laïque » et se vivait sans trop y penser. « Depuis, elle est une obsession, une question lancinante car la laïcité ne cesse d’être mise au défi ». Et d’évoquer, pour exemples, les évènements autour de la crèche Baby Lou, ou encore les réflexions du Haut Conseil à l’Intégration -laquelle institution a disparu sitôt l’élection de François Hollande- s’interrogeant sur la nécessité également d’interdire à l’université le port des signes religieux ostensibles.Listant les sécessions culturelles dans le domaine public (suspicion de l’enseignement, débat sur introduction de la nourriture ḥalal dans les cantines…), Alain Finkielkraut remarque que confrontés à cela « les pouvoirs publics oscillent entre intransigeance radicale et accommodement ».Et de s’interroger sur cette tendance actuelle, ce « choix de l’accommodement, de l’accommodement déraisonnable » qui serait lié, pour lui « aux rapports très difficiles que certains entretiennent avec le passé. Pour certains, la France est condamnée à un repentir perpétuel, sans espoir de rachat, non seulement pour ce qu’elle est, mais surtout pour ce qu’elle a été. Tout cela incite à l’expiation, à vider la France d’elle-même car elle a tout à craindre du retour des vieux démons ». Or, poursuit Alain Finkielkraut, « aggraver la méfiance, entretenir les rancœurs, donner du crédit à la sécession culturelle ne peut mener qu’au pire ».Alors, comment répondre à cela ? « Peut-être en rendant aux Français la fierté d’être Français », propose Hervé Mariton. « Je ne me suis jamais reconnu en cela », reprend Alain Finkielkraut. « Mais nous avons besoin, vis-à-vis de notre passé, d’humilité et de gratitude. Nous devons nous considérer en tant que Français mais également en tant qu’Européen comme les dépositaires d’un trésor culturel et (ou) civilisationnel. Ce trésor est remis entre nos mains. A notre tour nous devons le remettre dans les mains des générations suivantes. Je ne pense pas que l’Europe soit née à Auschwitz. Ce serait un trop beau cadeau à Hitler que de laisser ses crimes accaparer notre mémoire », confie celui qui rappelle volontiers qu’il est un enfant d’immigré juif et combien, dans son parcours éducatif, la culture française, la littérature lui ont permis de s’intégrer.Aujourd’hui, selon lui, il y a en France une crise de l’intégration à laquelle s’ajoute une crise de la transmission. La crise de la transmission affecte l’école mais également la famille. « Si nous voulons réfléchir à l’identité, il faut prendre en compte la crise de l’immigration et celle de la transmission », note-t-il.Et à propos d’identité, « si ce mot nous fait peur c’est qu’il a pris une définition biologique, raciale », remarque Alain Finkielkraut pour qui « il n’y a pas d’hérédité, il y a un héritage qui nous incombe de préserver. Il n’y a pas que des valeurs à défendre, il y a des objets, des monuments, une langue… Tout cela nous incombe », insiste Alain Finkielkraut pour qui il est primordial de défendre l’exception culturelle française et la singularité de notre laïcité.
Source: Actualités UMP

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