Beauvau de la sécurité, épisode 1 : entre-soi et manque de sérieux

Un article du groupe thématique Sécurité de la France insoumise, qui analysera tout au long du semestre les 8 tables rondes du Beauvau de la sécurité.

Le très médiatique Beauvau de la sécurité est annoncé par le Ministre de l’Intérieur comme un moyen d’analyser les problèmes qui rongent l’institution en mettant autour de la table des acteurs de différents horizons : des policiers, des représentants syndicaux, des universitaires ou encore des personnes dites « issues de la société civile », malgré la vacuité de l’expression.

La première des 8 tables rondes prévues d’ici à fin mai était consacrée à la relation de confiance entre la police et les citoyens. Les organisateurs ont fait le choix très éloquent de ne convier à cette discussion aucune personne issue de la société civile ni collectif de citoyens : les représentants des syndicats ainsi que quelques universitaires parlaient de la défiance. Une séance inaugurale qui donne le ton : n’ayez aucune attente, circulez il n’y a rien à voir. Un choix qui ne permet pas de saisir ce qui se joue actuellement.

Un entre-soi masculin

Pendant près d’une heure et demie, aucune femme n’a pu prendre la parole. La porte-parole du ministère de l’Intérieur Camille Chaize était présente pour les tours de parole, tandis que Marlène Schiappa ne se saisissait que très ponctuellement du micro.

Question image, pratiquement que des hommes dans la salle de réception de la Place Beauvau. Quasiment tous sous les ordres du ministre. pic.twitter.com/S3Fslue02I— David Dufresne (@davduf) February 8, 2021https://platform.twitter.com/widgets.js

Peu de femmes, une absence soulignée par les spectateurs sur les réseaux sociaux qui se sont étonnés du manque de parité, voilà l’un des premiers échecs de cette première journée du Beauvau de la Sécurité.Un certain nombre de syndicalistes ont évoqué la fracture entre la police et la population en rejetant la responsabilité sur les citoyens et non sur l’institution en ne trouvant finalement aucune voix pour contredire ce qui se disait.

Lorsque Gérald Darmanin a repris la main sur ce concert de voix monotones et concordantes, il a proposé des solutions : ces problèmes de confiance dont personne n’a pu mesurer la profondeur pourraient être corrigés avec de la communication. Et quelle communication ! Des séries, du soft power, le Bureau des Légendes de la police. Une solution peu coûteuse qui satisfera les consommateurs de séries mais qui ne règle en rien la crise de confiance actuelle entre la police et le peuple.

De la communication, peu de propositions

Deux des trois invités spéciaux pour cette thématique étaient l’IFOP (Institut d’études opinion et marketing) et Raid aventure (organisation qui propose des activités sportives aux jeunes doublées de propagande ou lobbying à l’image des tribunes publiées régulièrement sur leur site “Violences contre les forces de sécurité : l’urgence de rétablir l’autorité républicaine”). Quand Gérald Darmanin parle de “combat culturel”, il le fait principalement sous l’angle de l’encouragement au recrutement dans les rangs de la Police/Gendarmerie, et pense que des opérations de marketing, comme s’il s’agissait d’un nouveau produit à vendre, sont la réponse, alors que la défiance entre la population et les forces de sécurité prend ses sources dans des problèmes de fond que la France insoumise n’a cessé de dénoncer et pour lesquels nous proposons des solutions concrètes.

Si Gérald Darmanin et Marlène Schiappa n’ont rien de mieux à proposer que des gadgets, c’est à nous de prouver à la population que nous sommes les plus réfléchis et cohérents sur le sujet, en émettant nos propositions que voici :

Refonder le code de déontologie des services de police, le rétablissement des missions de 1986 supprimées par Manuel Valls en 2014 pour y réintégrer la mission de « défense des Libertés et de la République » et le renforcement de la formation initiale des agents tournée notamment vers l’éthique et la relation avec les concitoyens permettront de réaffirmer les principes républicainsLa création d’une instance externe de contrôle des forces de police quand elles sont accusées de fautes graves telles que les violences policières, pour lutter contre le contrôle actuellement trop partiel et partialL’interdiction immédiate des tasers et flashball et la refondation de la doctrine du maintien de l’ordre pour favoriser la désescaladeLa mise en place du récépissé de contrôle d’identitéDes questionnaires adressés à la population pour susciter localement des discussions entre les élus, les citoyens et la police, et effectuer un plan national de relocalisation des forces de police, en concertation avec les citoyensLa mise en place d’une attestation de contrôle d’identité pour lutter contre le contrôle au facièsLe redéploiement d’une police de proximité, présente localement, qui connaît et est connue de la population locale afin de créer un lien de confiance, de permettre que la prévention prenne le pas sur la répression et la violence qu’elle instille partout ou encore lutter contre le sentiment d’insécurité : un maillage dense pour dissuader des infractions ou incivilités.

Les solutions afin de ré-encastrer la police dans la cité sont nombreuses. Elles demandent des moyens conséquents pour la formation, une augmentation des effectifs et une réorganisation du temps de travail, afin que l’institution soit à la hauteur de la tâche qui lui incombe : vivre ensemble, respecter ce droit fondamental qu’est celui à la sûreté. Ces solutions doivent aussi être accompagnées par une politique de désenclavement et de dé-paupérisation des cités, le problème est aussi social et urbain, pas uniquement policier.

Encore une fois, sur ces sujets cruciaux, le ministre de l’Intérieur s’est défendu de ne pouvoir accorder plus de temps de repos, plus de formations et plus d’effectifs en même temps, ne faisant donc toujours pas le lien pourtant évident entre les conditions de travail des agents et la qualité du service public d’une part, et entre l’accessibilité du service public et la confiance qu’il inspire d’autre part.

A l’image de ce premier débat creux, refermé sur lui-même et manquant tristement de sérieux, le Beauvau de la sécurité est un véritable rendez-vous manqué avec le peuple, une déception citoyenne et démocratique. Si Gérald Darmanin et Marlène Schiappa ne sont pas prêts à agir en conséquence et ne peuvent pas offrir mieux aux Français que de bruyants moments qui saturent l’espace médiatique sans être capables de prendre à bras le corps des problèmes profonds, nous allons le faire. Les propositions de la France insoumise pour faire disparaître la fracture police/population sont sur la table.
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Source: Actualités La France insoumise

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