Pour un centre national du cinéma pleinement au service de la diversité des films

Un article du groupe thématique culture de La France insoumise à l’issue de sa rencontre avec Edouard Mauriat

Mardi 28 septembre, le groupe thématique culture a rencontré Édouard Mauriat, président du BLOC (Bureau de Liaison des Organisations du Cinéma) qui regroupe syndicats et associations de la filière cinéma). Il est aussi le fondateur de la société Mille et une Productions, qui a notamment produit les films Merci Patron ! de François Ruffin, Le Cauchemar de Darwin de Hubert Sauper et dernièrement Slalom de Charlène Favier, sélectionné au Festival de Cannes 2020 et récompensé par le prix d’Ornano-Valenti au Festival du Film Américain de Deauville.

Aux AMFiS 2020, lors de la table ronde « Quel service public de la culture face à Amazon, Netflix et Ubisoft ? » nous avions abordé avec Juliette Prissard – Directrice des affaires européennes à la PROCIREP et EUROCINEMA – les difficultés que rencontre la création cinématographique française face aux SMAD (service de média audiovisuel à la demande) comme Netflix, Amazon, OCS. Nous avions aussi pointé les dangers d’une politique de la demande imposée par les algorithmes de ces nouveaux diffuseurs pour la diversité de création. Nous avions par la même occasion souligné l’important rôle régulateur du CNC (Centre National du Cinéma) pour la production cinématographique, dont la France avait su doter en 1946.

Le rôle vertueux du Centre National du Cinéma

Rappelons que le CNC a pour mission de collecter la taxe spéciale additionnelle sur le prix des places de cinéma (10,72 % du prix du billet), la taxe sur les services de télévision acquittée par les éditeurs et distributeurs de services de télévision, les taxes des fournisseurs d’accès à internet et la taxe sur l’édition vidéo. Ces taxes alimentent un fonds de soutien qui apporte des aides à la création de films destinés aux salles de cinéma et à la télévision : 85% des aides distribuées sont automatiques (avances sur recettes, en fonction du succès des productions précédentes) tandis 15% sont des aides sélectives (données sur projet, favorisant la diversité et le cinéma d’art et d’essai).

Édouard Mauriat a attiré notre attention sur le contexte particulier de la transposition de la directive européenne 2018/1808 du 14 novembre 2018 et notamment sur le décret SMAD, qui est actuellement dans sa phase de rédaction pour entrer en application le 1er janvier 2021. Ce décret fixera notamment un taux d’obligation globale de contribution à la production cinématographique et audiovisuelle française pour les plateformes en ligne ainsi que les règles d’application de cette contribution. Le président du BLOC a pointé comme dangereuse la pratique de commande cinématographique et audiovisuelle des puissants Netflix et Amazon qui s’appuie sur des algorithmes, produisant ainsi un contenu uniforme correspondant aux attentes des spectateurs qui sont réduits à leur fonction de consommateurs.

Construire un système pérenne pour toutes et tous

C’est donc dans ce système, qui tente d’imposer une politique culturelle de la demande, que le CNC apparaît plus que jamais comme un outil vertueux au service de la création artistique. Mais pour cela, selon Édouard Mauriat, il devra consacrer une meilleure part aux aides sélectives. Nous ne pouvons qu’abonder dans son sens, le soutien automatique étant une prime à la réussite antérieure, il serait raisonnable que le CNC consacre une meilleure part à ces aides qui favorisent la diversité des films produits et distribués en salles. Un partage à 50/50 nous semblerait donc plus pertinent. Par ailleurs, la France et son CNC ont historiquement été motrices en Europe concernant les politiques à l’égard du cinéma, et le sont toujours aujourd’hui. Des mesures fortes pour protéger la diversité cinématographique comme celle-ci pourraient ensuite être reprises par d’autres pays comme l’Espagne, la Belgique ou l’Italie pour constituer une alternative internationale forte à l’uniformisation imposée par les plateformes états-uniennes.

La révolution numérique est en cours et elle modifie profondément tous les secteurs qu’elle touche, dont le cinéma fait partie. Cela demande une prise en considération politique de ces évolutions contemporaines par les pouvoirs publics afin de pouvoir proposer un modèle vertueux pour l’intérêt général. Sans quoi, la loi du profit va saccager tous ces secteurs comme elle saccage tous les domaines sur lesquels elle règne dont ceux des arts et de la culture. Ce pourquoi l’Avenir en Commun propose de réguler cette révolution numérique, condition nécessaire pour y construire un système pérenne pour les créateur•ices et tous•tes les travailleur•euses de l’art ainsi que pour tous les publics. Cela signifie également permettre l’existence et le développement de tous•tes les intervenant•es de petite et moyenne taille essentiel•les à cette diversité et au maillage culturel du territoire (allant pour le cinéma des sociétés de production indépendantes aux salles d’art et essai). En ce sens, La France insoumise propose également de faire du•de la médiateur•ice du cinéma une véritable autorité de régulation, et si nécessaire de sanction, pour permettre au cinéma d’être une industrie, mais aussi un art.

Pour aller plus loin :

Je regarde la conférence « Quel service public de la culture face à Amazon, Netflix et Ubisoft ? » des AMFiS 2020Je lis le livret culture de La France insoumise

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Source: Actualités La France insoumise

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