Tout changer pour une France en Bleu Blanc Vert

Guillaume Peltier, député du Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains, estime dans cette tribune que la crise du coronavirus signe « la fin d’un monde » et appelle à en préparer un nouveau associant « le patriotisme durable et le développement durable ».
La crise du Coronavirus n’est pas une crise de plus. Elle est la fin d’un monde. Oui, le monde va changer, et il change déjà sous nos yeux. Notre génération doit répondre à l’appel de ce grand défi, et préparer le monde qui vient. Avec humilité et sagesse, mais avec détermination. Le temps est venu.
Depuis des décennies, les élites nous ont vendu un monde sans nations, sans frontières, sans racines, sans provinces, sans industrie, sans agriculture, sans nature… Tous ces mots furent au mieux moqués, au pire jetés dans l’abîme du tabou et de l’interdit. L’horizon indépassable ? Réduire la planète à un grand marché mondial, où règnerait en maître la fameuse « main invisible ». La méthode d’action ? Déconstruire, faire « table rase » au nom du « sens de l’Histoire ».
Cette chimère s’est envolée dans les limbes des idéologies mortifères. La « mondialisation heureuse » est devenue le malheur des peuples. L’amertume m’étreint : chaque fois, nous avions eu raison ; mais malgré nos alertes, nos combats, nos colères, nous n’avions pas crié assez fort pour empêcher nos élites de préparer ce monde dont ne voulions pas.
Je n’oublie pas le référendum sur le traité de Maastricht en 1992, ni le référendum sur la Constitution européenne en 2005. Nous fûmes pourtant si nombreux à nous inquiéter, sous l’étendard visionnaire du gaullisme et du séguinisme, de la course folle à la mondialisation, aux dogmes de l’abolition des frontières et du libre-échange, à la seule logique des profits et de la rentabilité.
Face à l’impitoyable crise du Covid-19, la première action de la Commission de Bruxelles fut de diffuser un clip déroutant de sa présidente en train de se laver les mains : Ponce-Pilate dans sa tour d’ivoire. L’Italie, qui suffoquait sous la terrible maladie, fut lâchement abandonnée à son funeste sort. En désespoir de cause, le berceau de la civilisation supplia Cuba, le Venezuela, la Russie, la Chine, de venir à son secours. Dans le même temps, cette Commission consacrait son énergie à acter l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Albanie et la Macédoine du Nord.
Cette Europe technocratique, folle, impuissante et déconnectée des peuples a signé son acte de décès. Sous la pression des nations et des peuples, elle a fini par agir. Demain, nous ne devrons pas déserter le magnifique idéal européen. Nous rebâtirons l’Europe que nous chérissons : héritière des racines judéo-chrétiennes et des Lumières, avocate des Droits de l’Homme, gardienne de la paix. L’Europe des Nations, protectrice des peuples et à l’avant-garde du progrès, qui relèvera les défis du patriotisme économique, du réchauffement climatique, de l’intelligence artificielle et du co-développement avec l’Afrique.
Bien sûr que la France a aussi subi de plein fouet une immense impréparation dans la gestion de la crise. Bien sûr que la bureaucratie française, mêlée au mondialisme financier et à l’amateurisme gouvernemental, ont aggravé la propagation du virus dans notre nation. Bien sûr que nous n’oublierons pas que la France compte plus de 25 000 morts, que nous manquons de tout, de masques, de tests, de gels, de lits en réanimation et que près de 12 millions de nos concitoyens sont en chômage partiel.
N’oublions pas non plus que notre sécurité sanitaire a été sacrifiée sur l’autel de considérations comptables misérables. Notre stock stratégique a été liquidé, et la production des masques a été déléguée à la Chine. Sans imaginer un seul instant que l’ « atelier du monde » pouvait être lui aussi touché par une pandémie.
Je n’oublie pas les mises en garde que nous avions adressées au Gouvernement avec Eric Ciotti, dès la fin du mois de février 2020, afin que les mesures de contrôle aux frontières soient renforcées. Qu’ont répondu en chœur les sachants ? « Illusoire et inefficace ». Le Président de la République s’est même fendu d’un bon mot, sur le virus « qui n’a pas de frontières, pas de passeport ». Pourtant, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, nous rappelait que « le virus ne circule pas en France, ce sont les hommes et les femmes qui le font circuler ». Or, les hommes et les femmes qui circulent ont bien un passeport. Les frontières de nos partenaires se sont donc fermées les unes après les autres, quand Emmanuel Macron préférait sauver le… macronisme dont il allait pourtant bientôt prononcer l’oraison funèbre.
Je n’oublie pas non plus les mesures d’urgence que nous réclamions avec Christian Jacob et nos parlementaires dès le 11 mars 2020 pour préserver la trésorerie des entreprises, sauver les PME et les secteurs en difficultés, relocaliser les emplois. Dès le 4 mars, nous proposions également la mise en place de prêts à taux zéro ou l’assouplissement des règles budgétaires européennes. Nous prêchions dans le désert et c’était un blasphème : « la crise économique serait bien moindre que celle de 2008 », nous opposait-on. Chacun connait la suite de l’histoire.
Il suffit ! A nous de relever la tête, de prendre la parole et de poser les fondations d’un monde meilleur. A eux de se taire et de nous écouter. Ils sont le crépuscule d’un ancien monde agonisant, nous sommes l’aurore d’une nouvelle espérance.
Le temps est venu. Nous devons tout changer. Face au mondialisme financier comme aux populismes étriqués, nous devons allier la force de notre patriotisme, la valeur du travail et l’excellence de notre qualité de vie. Nous devons associer le patriotisme durable et le développement durable. Mêler, aux couleurs tricolores, le vert de nos provinces, de nos campagnes, de notre patrimoine culturel et naturel, du défi écologique, de notre agriculture, de nos savoir-faire enracinés et de l’espérance : une France en Bleu Blanc Vert.
Oui, tout changer pour bâtir une France en Bleu Blanc Vert autour de quatre nouvelles priorités :
Nous devons remettre à l’honneur l’Etat-Nation et ses frontières, face à la « Tour de Babel » rêvée par nos élites. Voué aux gémonies, c’est pourtant vers lui que se tournent tous les peuples quand leur survie est en jeu. C’est lui qui arbitre et commande pour faire face aux périls. Malheureusement, nul ne peut affronter une guerre s’il est désarmé.
Nous devons réarmer sa fonction régalienne. Nous sommes les champions mondiaux des impôts et des dépenses, mais nos soignants n’ont ni masques, ni gels hydro-alcooliques, ni tests. Nous envoyons nos soldats en première ligne, mais sans munitions. Si l’Etat reste obèse et impuissant, alors il nous entraînera dans sa chute.
Nous devons réarmer sa vitalité industrielle et agricole. Le patriotisme économique, cher à Dominique de Villepin ou à Arnaud Montebourg, est la clé de la relocalisation de nos intérêts vitaux, à l’image des industries agro-alimentaires, pharmaceutiques ou militaires. Il devra aussi sauver notre souveraineté alimentaire, menacée par la paupérisation des agriculteurs et par le rachat de nos terres agricoles, qui passent sous pavillon étranger. Il est urgent de mettre en œuvre un immense plan de relocalisation à travers l’exonération fiscale pendant trois à cinq ans pour toute entreprise qui relocalise ses activités en France, à travers la suppression, par exemple, de la C3S, l’un des impôts de production les plus injustes ou encore la priorité donnée aux PME régionales dans l’accès aux marchés publics.
Nous devons réarmer la puissance publique, et consacrer la primauté du « gouvernement du peuple » sur le « gouvernement des juges ». Dans l’état d’urgence sanitaire que nous connaissons, le juge des référés du Conseil d’Etat est-il légitime pour dicter à l’exécutif sa conduire à tenir ? « Méfiez-vous des juges, ils ont tué la monarchie. Ils tueront la République », nous avertissait François Mitterrand.
Nous devons réarmer l’idéal de justice. Chaque année, près de 100 milliards d’euros de fraudes fiscales et sociales pénalisent les comptes publics. Il est urgent d’agir avec fermeté : j’ai déposé une proposition de loi visant à doubler les amendes et les peines contre les fraudeurs mais aussi à supprimer pendant cinq ans tout crédit d’impôt pour tout fraudeur fiscal récidiviste et toute aide sociale pour tout fraudeur social récidiviste. De la même manière, toute aide d’Etat à destination des grandes entreprises doit être conditionnée à des critères éthiques, comme l’absence de tout lien avec un paradis fiscal ou la non distribution des dividendes en 2020.
Nous devons réarmer l’autorité de l’Etat. Quand l’immense majorité des citoyens fait des efforts, « la tyrannie des minorités » de certains voyous de banlieues, qui bravent fièrement les ordres de confinement, exaspère nos compatriotes. Par peur d’un embrasement des cités, le Ministère de l’Intérieur se couche. Les conséquences sanitaires et sécuritaires seront tragiques pour tous les habitants. 379 attaques contre nos forces de l’ordre furent recensées, 43 policiers et gendarmes blessés et 164 villes concernées. Sans parler des quelque 12 000 détenus qui furent libérés parmi lesquels 130 détenus radicalisés… A quand l’expulsion des fichés S étrangers ? A quand la rétention administrative de sûreté des fichés S français.
Nous devons remettre à l’honneur les provinces face à la bureaucratie technocratique. Méprisées et abandonnées depuis des années, elles ont pourtant accueilli les habitants des métropoles. Comme si, dans les épreuves, les pendules étaient remises à l’heure.
Quand la maison France brûle, les premiers édiles deviennent les premiers pompiers : pour informer la population, acheter des masques et du gel hydro-alcoolique, secourir les aînés, les plus démunis et les plus vulnérables… Parce que les solutions sont souvent au près du terrain, et rarement à l’ENA, nous devons repenser la décentralisation.
Quand la crise ravive la peur des pénuries alimentaires, les circuits courts prennent leur revanche sur la mondialisation. Une fois que l’orage éclate et que les marchandises ne circulent plus, ce qui est produit à l’autre bout du monde ne peut plus atterrir dans nos assiettes. Produire au plus près, chaque fois que possible, est un impératif stratégique, écologique, sanitaire et social.
Quand nos provinces sont des soupapes dans la crise, leur dénuement devient intolérable. Désindustrialisation, abandon du monde agricole, fermeture des services publics, déserts médicaux et numériques, matraquage fiscal des automobilistes… Une prise de conscience collective doit émerger, ainsi qu’un « Plan Marshall » pour la ruralité. Nous devons faire du patriotisme alimentaire et touristique l’un des grands axes de développement économique : consommer local, acheter local, agir local… en baissant la TVA sur les circuits courts, en soutenant les activités de tourisme ou par la création de chèques-vacances destinés à valoriser notre immense patrimoine culturel et naturel.
Nous devons remettre à l’honneur le travail face à la rente et à l’assistanat. La France ne tient debout que par l’héroïsme des humbles, les hommes et les femmes du quotidien : infirmiers, caissiers, policiers, éboueurs, chauffeurs-livreurs… et tant d’autres. Cette France qui prend tous les risques, et qui n’a rien en retour. Cette France qui n’aura ni Légion d’honneur, ni César, qui ne sera ni sur les plateaux de télévision, ni dans les livres d’Histoire.
La France du travail n’a jamais autant méritée d’être valorisée et récompensée. Nous ne pourrons plus fermer les yeux sur le mépris sournois que subissent certains métiers, sur la déconsidération des travaux manuels, sur les bas salaires, sur les travailleurs précaires. Il n’y aura pas de redressement durable sans remettre la France au travail, sans défendre la France du travail, sans mieux récompenser le travail. La hausse des salaires comme celle du temps de travail doivent être intimement liées.
Les salaires des travailleurs devront augmenter, comme une reconnaissance de la Nation. Mon cheval de bataille en ce sens n’en sort que plus renforcé. A quand des mesures fortes pour supprimer les lourdes charges qui pèsent sur les salaires et une généralisation de la défiscalisation des heures supplémentaires, des primes de récompense du travail ou encore de l’épargne salariale ?
Nous devons enfin remettre à l’honneur nos valeurs et le bien commun face à l’individualisme et au consumérisme.
Ce modèle dégrade notre environnement, épuise les matières premières, rend les individus esclaves de leurs pulsions d’achats. Notre existence doit retrouver du sens : le plaisir de passer du temps avec ses proches, de sortir avec ceux que l’on aime, de se cultiver. Le bonheur de rêver et de s’évader, de s’ouvrir à l’universel.
Notre société doit protéger l’environnement et la beauté de nos paysages. Les urgences sanitaires et économiques ne doivent pas éclipser l’urgence écologique. Pour viser la neutralité carbone, la droite française devra porter haut ses convictions d’une écologie de la récompense, enracinée et populaire, mais surtout réaliste. Elle devra s’ouvrir à tous les écologistes de bonne volonté.
Notre société doit retrouver le chemin de la solidarité et de la fraternité. Faire preuve d’empathie pour l’autre, être attentif à ses besoins. Protéger nos anciens, les plus modestes et les plus vulnérables. Tendre la main à ceux qui subissent un accident de la vie. Une Nation ne laisse personne sur le bord du chemin. La IIIème République l’a bien compris en nous transmettant l’école gratuite, laïque, et obligatoire ; le général de Gaulle également en nous léguant la Sécurité sociale.
Nous devons rebâtir un monde meilleur qui donne du sens à la vie, à la qualité de la vie. Tout ne s’achète pas, tout ne se vend pas, tout ne se consomme pas, tout ne relève pas de l’esprit statistique et comptable. Le rapport au temps, à ce qui vaut, à ce qui dure, à ce qui demeure, à l’âme de nos nations, de nos ressources, de nos liens humains et sociaux, doit constituer les fondations de la France d’après. Les victoires du mondialisme financier, du dérèglement climatique, de l’islam politique et de la bureaucratie parisienne ne sont pas inéluctables. La récompense du travail, le patriotisme, l’affirmation de la laïcité et de nos racines, la force de nos provinces et de nos savoir-faire, le respect de nos ressources comme de notre biodiversité, l’enracinement local et les activités de proximité, l’audace de nos entreprises et du génie français sont les solutions de demain.
L’heure de la reconstruction sonnera. Notre Nation est un miracle ; après chaque épreuve endurée dans son Histoire, elle s’est toujours relevée plus grande, plus forte, plus fraternelle. J’en ai la conviction : au bout de nos peines, la France que nous aimons renaîtra.
En Bleu Blanc Vert.
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Source: Actualités LR

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