Le Premier ministre a pris la décision de faire adopter sans vote à l’Assemblée la réforme des retraites. S’agit-il d’un coup de force ? Bien qu’expéditif, le procédé n’en reste pas moins conforme à notre Constitution. Mais le texte est une chose, le contexte en est une autre. Et si le premier offre au gouvernement des droits dont il peut user, le second lui créée des devoirs qu’il lui revient de respecter. Or c’est là où le bât blesse. En activant le 49.3, le gouvernement est dans son droit, mais compte tenu de l’enjeu, il manque totalement à ses devoirs.
A son devoir de clarté tout d’abord. L’absence de garanties sur le niveau des pensions, le flou sur le financement, le sentiment que le gouvernement change toutes les règles mais ne règle rien, voilà qui méritait bien quelques semaines supplémentaires de débat ! Tel est le sens de la motion de censure déposée par le groupe LR, comme de la position des sénateurs LR exigeant la fin de la conférence de financement avant l’examen du texte par le Sénat.
La clarté, les Français y ont droit. Il s’agit de leurs retraites, du soutien de la Nation après une vie de travail, du lien de solidarité unissant les générations. Si de tels enjeux ne valent pas qu’on modifie le calendrier parlementaire, alors la politique ne vaut rien ! Certes l’obstruction législative d’une partie de la gauche est absurde. Mais le gouvernement pouvait tout à fait utiliser la procédure du temps programmé pour cadrer les débats. S’il ne l’a pas fait, c’est bien parce que ce débat, il n’en veut pas.
Acculé par un projet qui n’a d’universel que le rejet qu’il suscite, le gouvernement a vu dans le flot d’amendements l’opportunité de noyer le poisson des retraites. Discutable, cette attitude devient franchement détestable lorsqu’au manque de courage s’ajoute le mépris. « La République, c’est nous et vous n’êtes rien » s’est exclamé un député LREM. Après la colère de l’hiver, on espérait que la majorité avait compris. On réalise qu’elle n’a rien appris. Derrière ce 49.3 perce l’arrogance adolescente du prétendu « nouveau monde » pour qui la République et le progrès commencent avec lui. Cette immaturité ne cesse d’hystériser la France et de diviser les Français.
Choc frontal. Car le devoir d’unité, ce pouvoir définitivement arrogant et manichéen le balaie d’un revers de main. Et avec lui la représentation nationale. Mais s’il n’existe plus rien entre le pouvoir exécutif et la rue, alors nous aurons ce choc frontal dans lequel pourrait bien mourir une certaine idée de la politique, celle que la démocratie parlementaire incarne : la possibilité d’un règlement pacifique des désaccords. Nous devons renouer avec l’esprit de la Ve : le parlementarisme rationalisé, « la collaboration des pouvoirs » pour la bonne marche de l’Etat telle que l’avait pensée Michel Debré. Elle implique une pratique institutionnelle respectueuse de la légitimité parlementaire.
Pour l’heure, le président de la République doit prendre toute la mesure de ses responsabilités. Le moment est grave pour la France. Les fractures ne cessent de s’élargir et les Français de s’éloigner. Entre l’hubris arrogant d’Emmanuel Macron, les gesticulations surjouées de Jean-Luc Mélenchon et les excès mâtinés d’amateurisme de Marine Le Pen, il manque à nos compatriotes une sérénité, un équilibre, une authenticité aussi ; autant de vertus à même de les rassembler, et d’apaiser une démocratie enfin réconciliée avec ses institutions et ceux qui les incarnent.
Damien Abad, président du Groupe lR à l’Assemblée nationale, et Bruno Retailleau, président du Groupe lR au Sénat.
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Source: Actualités LR

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