Les conditions d’accueil des migrants : un enjeu majeur pour les municipales

Le gouvernement entend encore durcir les conditions d’accueil des migrant·es après cet énième débat au Parlement sur la politique migratoire. La loi Asile et immigration, adoptée en août 2018 était déjà très dure, mais comme le dénonce Médecins du Monde, il est à présent demandé comment on pourrait être encore plus dur : remise en cause de l’Aide médicale de l’État (AME), délai de carence de 3 mois pour qu’un·e migrant·e accède à la couverture maladie universelle (CMU), durcissement de l’immigration familiale, de la demande d’asile de ressortissant·es de « pays sûrs », conditionnement de l’hébergement et du versement de l’Allocation de Demandeur d’Asile (ADA). Le discours politique du gouvernement laisse le champ libre à l’extrême droite. Il faut mettre fin à « l’appel d’air », non des migrant·es mais du discours xénophobe du gouvernement d’Emmanuel Macron.

Le démographe François Héran, titulaire de la chaire Migrations et sociétés au Collège de France, n’a de cesse de dénoncer ce discours politique qui s’appuie sur des données fausses. La France enregistre sur la période actuelle d’un an 115 400 demandes d’asile et occupe le deuxième rang au tableau européen (après l’Allemagne), en chiffre absolu ce qui n’a guère de sens. Le même chiffre de demandeur·ses d’asile ramené par million d’habitant·es place notre pays (1 730 demandeur·ses par million d’habitant·es) au 11ème rang des pays européens. Les données présentées par l’auteur le 17 septembre à la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale sont accessibles sur le site de l’Institut Convergence Migrations. Le discours sur la peur du « grand remplacement » est une désinformation : le solde migratoire annuel (différentiel entre les entrées et les sorties) est de 60 000 personnes, moins de 0,1 % de la population française.

La conférence débat qui s’est tenue aux AMFiS d’été de Toulouse « Politique migratoire et conditions d’accueil », a présenté les résultats d’un travail de l’Observatoire Asile à Marseille, recueillis dans un ouvrage collectif L’Asile en exil. Dans la grande cité phocéenne, où environ 4 000 demandes d’asile sont enregistrées chaque année, les conditions d’accueil des migrant·es, exposées à partir des témoignages des réfugié·es et des personnes qui les accompagnent, révèlent le non respect des personnes, des délits de droits banalisés qui ne peuvent être commis sans avoir été commandités au plus haut niveau. Quelques exemples. Le délai entre le pré-enregistrement du demandeur d’asile en SPADA et l’enregistrement en Préfecture qui ouvre des droits ne doit pas dépasser 3 jours ; celui-ci peut aller jusqu’à 50 jours. Le 115 de Marseille n’octroie que 10 nuits par personne et par an aux gens à la rue. Certaines fontaines d’eau ont été délibérément fermées au moment de la canicule à proximité de la SPADA. En juillet, un courrier était adressé au Préfet de région PACA, signé par plus de 50 associations et une vingtaine de collectifs de la région, dénonçant les dysfonctionnements de la SPADA au niveau du pré-accueil avant la convocation du migrant en préfecture, de l’accompagnement social et administratif et de l’accès aux droits des bénéficiaires de la protection internationale.

L’accueil des migrant·es doit être un enjeu dans les débats pour les élections municipales, être l’occasion de dénoncer la politique gouvernementale, le trucage des chiffres avancés pour se placer dans une rhétorique d’extrême droite et d’avancer des propositions concrètes pour offrir aux migrants demandeurs d’asile une politique d’accueil digne et respectueuse de leur personne. Faut-il rappeler que le racisme contre les migrants vient d’en haut et non de la population dans son ensemble. Une campagne devrait être lancée pour l’ouverture des ports aux navires de sauvetage, il y a nécessité de sécuriser le parcours des migrants aux frontières. Des propositions concrètes peuvent être faites autour de : • l’accompagnement pour la demande d’asile, • l’apprentissage de la langue française, • l’hébergement solidaire, • l’accès aux soins, • les actions en justice, en référé, voire au pénal (mise en danger d’autrui).

Des localités grandes ou petites montrent l’exemple comme Barre-les-Cévennes, Grande Synthe, Grenoble, Palerme. Pour cette dernière, la Charte de Palerme est un document sur l’accueil des migrant·es qui fait référence. Des initiatives multiples sont mises en avant : création de lieux refuges (maisons de l’hospitalité) spécifiques pour les mineurs, les familles et les personnes seules, instauration d’un restaurant social à l’image de ce qui est pratiqué à Calais (fourniture de 1 200 repas / jour) pouvant être soutenu par des restaurateurs locaux. Nombres de ces propositions sont d’ores et déjà présentes dans la boîte à outils programmatique pour les élections municipales.
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Source: Actualités La France insoumise

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