Dérapage à Marseille • Cazeneuve doit assumer sa fonction et sa politique

Samedi 4 octobre, le journal La Marseillaise révélait les enregistrements des propos scandaleux tenus jeudi 2 octobre par le sous-préfet Gilles Gray, directeur de cabinet du préfet de police de Marseille, face à une délégation kurde venue demander l’autorisation de manifester (lire l’article de La Marseillaise ici). Menaces, intimidations, mépris s’accompagnent ici de graves dérapages politiques. Parce que la République ne saurait souffrir de tels comportements et que ceux-ci interpellent directement quant à la politique du ministre de tutelle, le ministre de l’intérieur Cazeneuve, la responsabilité de ce dernier est désormais engagée.
Les journalistes de La Marseillaise ayant consciencieusement fait leur travail, je ne retranscrirai pas ici la litanie des propos tenus mais j’invite à se référer au site du journal non seulement pour les lire mais aussi pour écouter les enregistrements qui en attestent.
L’attitude du représentant de l’Etat est inacceptable dans le rapport de soumission qu’elle installe avec la délégation kurde, une militante étant même obligée de rappeler que ce sont des « humains » auxquels s’adresse le sous-préfet. Mais l’intervention du directeur de cabinet soulève aussi d’immenses dérapages sur le fond politique qui ne saurait l’engager à titre personnel mais qui demande réaction de l’autorité hiérarchique.
Ainsi, en fustigeant la pauvreté et la misère (« c’est pas le club clodo ici »), le sous-préfet nie les valeurs universalistes de la République qui ne saurait souffrir de distinction entre les êtres humains au regard de leurs conditions matérielles de vie. Mais c’est aussi dans son rapport à la politique d’immigration que le sous-préfet dérape à coups de « Monsieur qui n’êtes pas français », « Vous êtes chez nous », « on vous a gâtés un peu trop d’ailleurs » ou encore « Foutez le camp ».
A quoi en est réduit la République pour qu’un sous- préfet se sente autorisé à tenir de tels propos ? Puisque rien ne surgit ex nihilo, il faut alors se souvenir que Bernard Cazeneuve déclarait le 1er septembre 2014 dans Libération : « On peut grandir les grands principes, mais la France ne peut pas accueillir tout le monde ». Voilà comment en rompant une digue de plus avec l’universalisme républicain le ministre autorise la libération de la parole jusque dans ses propres rangs.
Il en est jusqu’au coeur du pacte républicain qui est sali par les propos du sous-préfet qui piétine le principe de laïcité. En déclarant « Moi si j’étais juif à Marseille, pensant à mon peuple et à mon pays, ben je serais dans l’armée israélienne, pas à Marseille », le représentant de l’Etat nie la possibilité d’être tout à la fois français et de confession juive et mélange nationalité et religion. Avant de poser sur la table sa propre religion comme gage de clarté :

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