Jean Leonetti : « La primaire demeure l’unique solution pour rassembler la droite et le centre »

L’ancien ministre et maire d’Antibes est chargé par LR d’élaborer une procédure de désignation de leur champion acceptable par tous les aspirants candidats qui se réclament de cette famille de pensée. Il plaide pour le même mode de départage que voilà cinq ans.
La primaire a mauvaise réputation chez les militants et sympathisants de la droite et du centre. Que lui reproche-t-on ? D’aller à l’encontre de l’esprit de la Ve République, de créer des divisions et des fractures irréversibles, de désigner un candidat en partie grâce à des votes de citoyens ne partageant pas les mêmes valeurs, faussant ainsi le résultat final.
Aujourd’hui, alors qu’elle est inscrite dans les statuts des Républicains, la primaire n’est pourtant envisagée qu’à défaut de trouver, sinon un « candidat naturel », du moins une personnalité consensuelle derrière laquelle tous accepteraient de se rassembler. Cette hypothèse n’étant pas la plus probable, par quoi la remplacer ?
Pour paraphraser Churchill s’exprimant à propos de la démocratie, la primaire serait le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres et, comme pour achever le discrédit de la procédure, le dictionnaire Larousse donne comme définition du mot, « simpliste » ou « borné ». Cette vision péjorative de la primaire mérite cependant d’être corrigée et remise en perspective dans l’éventualité où elle s’avérerait nécessaire.
La formule gaulliste « un homme face à un peuple » est souvent évoquée par les opposants à ce mode de désignation des candidats. C’est pourtant Charles Pasqua qui le premier déclarait en 1989 : « Il faut trouver un système qui permette aux électeurs de choisir eux-mêmes le candidat qu’ils souhaitent », se positionnant en rupture avec la pratique traditionnelle de désignations des candidats par les formations politiques. L’ancien ministre de l’Intérieur redoutait déjà des divisions au sein même de son mouvement, susceptibles d’hypothéquer le résultat de l’élection majeure de la Ve République.
Depuis ce temps, le paysage politique français s’est profondément modifié. Le temps où le choix politique pour la présidentielle se limitait à des personnes incarnant les deux grands courants politiques de la droite et de la gauche est révolu.
Aujourd’hui, compte tenu de l’existence de plusieurs droites et de plusieurs gauches peu conciliables, un candidat est presque assuré de sa qualification au deuxième tour s’il dépasse le score de 20 % des voix au premier tour. Il ne peut donc prendre le risque d’avoir un concurrent dans sa famille politique qui l’empêcherait d’atteindre cet objectif. Le temps où le premier tour de l’élection présidentielle pouvait départager nos candidats est révolu.
Toute division ou dispersion de voix est ainsi suicidaire pour le courant de pensée que nous incarnons: une seule ou un seul candidat est indispensable pour nous amener au second tour! Cette analyse est indiscutable et consensuelle.
La primaire, dont la droite et le centre n’ont qu’une expérience en 2017, est aussi considérée par certains comme une machine à perdre. Le fait que les deux candidats au deuxième tour de la dernière présidentielle ne s’étaient pas pliés à ce mode de sélection en serait la preuve.
Il est pourtant clairement établi aujourd’hui que l’échec de François Fillon n’est pas dû à la primaire, qu’il avait remportée largement, mais aux « affaires » qui ont lourdement handicapé sa campagne dès qu’il a été désigné. Quant aux divisions éventuellement créées par la primaire en vue de 2017, il est évident qu’elles préexistaient à la procédure de désignation du candidat et se seraient exprimées plus violemment encore en cas de candidatures multiples à l’élection présidentielle.
Enfin, certains accusent la primaire ouverte d’être « faussée » par des votes stratégiques de citoyens opposés aux candidats de la droite et du centre et destinés à sélectionner le candidat le moins dangereux pour leurs convictions. Au vu des études effectuées, montrant que moins de 10 % des votants aux primaires ne partageaient pas les valeurs des candidats, ce phénomène n’a pas eu d’incidence sur le résultat final.
La primaire n’a donc pas tous les défauts qu’on lui attribue. En revanche, ce départage pour le rassemblement et par le vote présente des avantages souvent sous-estimés.
Le premier argument en sa faveur est évidemment le respect de la démocratie. À l’heure où le déficit démocratique et la perte de crédibilité du politique aboutissent à un abstentionnisme record, comment, sur un sujet aussi important que l’élection présidentielle, pourrait-on se passer d’une consultation populaire ? Quelles seraient d’ailleurs les solutions alternatives ? Les sondages qui ne traduisent que l’opinion de l’instant ont souvent, et encore récemment, à l’occasion des élections régionales, montré leurs limites. La désignation par un petit groupe ou par un parti n’éviterait pas des candidatures multiples et dissidentes à l’intérieur ou à l’extérieur des formations politiques traditionnelles et serait difficilement acceptable par la population.
Tirons les enseignements de la primaire en vue de 2017 pour en corriger les imperfections et améliorer l’efficacité de ce mode de désignation. Plutôt qu’une compétition aboutissant après affrontements à ce qu’un candidat gagne « contre les autres », ne faut-il pas imaginer une compétition-coopération où il ou elle gagne « avec les autres » et que se constitue ainsi une équipe capable de diriger la France ? Par ailleurs, n’est-il pas opportun d’utiliser ce moment démocratique comme un temps médiatique de débat et d’exposition de nos idées ?
Pourquoi, enfin, ne pas permettre à des citoyens engagés, partageant les mêmes valeurs, non seulement de désigner leur candidat, mais aussi de participer à l’élaboration de ce projet dans un élan populaire porteur d’espérance ?
La primaire peut, si nous en avons tous la volonté, faire émerger une personnalité, une équipe et un projet d’alliance de la droite et du centre pour l’alternance et mettre fin à dix ans d’opposition pour notre courant de pensée.
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Source: Actualités LR

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