Bruno Retailleau : « Eric Dupond-Moretti est une erreur de casting »

Il y a un sentiment d’impunité quand le ministre de la Justice affirme qu’il est le ministre des détenus, estime le sénateur LR de Vendée.
Doit-on comprendre les agressions contre les forces de l’ordre comme un phénomène irrémédiable ?
C’est la chronique tragiquement banale d’une violence devenue ordinaire. On a le sentiment, partout, dans les villes mais aussi de plus en plus en zone rurale, qu’un tsunami de violence déferle sur la France. Même si les causes sont multiples, il y a un dénominateur commun: les hors-la-loi n’ont plus peur de la loi. Ils savent que pour l’immense majorité d’entre eux ils n’iront pas ou très peu en prison : seulement 2 % des peines sont intégralement effectuées. Non, contrairement à ce que dit Éric Dupond-Moretti, il n’y a pas un sentiment d’insécurité ; il y a au contraire un sentiment d’impunité, renforcé quand le ministre de la Justice affirme qu’il est le ministre des détenus. Je crois profondément qu’Éric Dupond-Moretti est une erreur de casting.
Quelles sont les questions posées par le drame de la Chapelle-sur-Erdre ?
En vérité, cette affaire pose une seule question : comment Ndiaga Dieye, multirécidiviste, condamné à 19 reprises, réputé ultraviolent, qui s’était radicalisé en prison et qui était schizophrène, a-t-il pu se retrouver en liberté ? Éric Dupond-Moretti nous dit que tout va bien parce qu’il n’y a pas eu de «faille» dans le système. Le ministre de la Justice est satisfait car tous les formulaires ont été tamponnés au bon endroit ! C’est la morgue bureaucratique dans ce qu’elle peut avoir de plus glaçant : dormez tranquilles, braves gens, les loups sont dans vos rues mais les procédures sont respectées. C’est terrifiant. Mais, s’il n’y a pas eu de failles dans ce système qui a échoué, alors il faut changer de système ! Cet individu aurait dû être interné pour être soigné à sa sortie de prison. Mais la psychiatrie est le parent pauvre de la médecine française. Il faut créer des unités fermées pour malades dangereux.
La France compte une vingtaine de lois antiterroristes depuis 1986, et les réformes pénales se succèdent. N’est-ce pas la preuve d’une recherche des solutions ?
Légiférer ne nous rendra pas plus forts si nos lois et leur application sont faibles. Entre la protection des libertés individuelles, toujours plus garanties, et la protection de nos concitoyens, l’équilibre a été rompu. Pour rétablir l’ordre, il faut changer radicalement de logique et mettre la victime au centre de la décision pénale. Aujourd’hui, on passe plus de temps à étudier les circonstances atténuantes du coupable qu’à punir le crime. C’est pourquoi l’atteinte à l’intégrité physique d’une personne doit entraîner une sanction proportionnelle à sa gravité, avec des peines planchers. Rien ne changera si on ne commence pas par abroger la loi et les circulaires Belloubet qui interdisent les peines de prison de moins d’un mois et découragent celles allant de six mois à un an. Mais il faut aussi bloquer la spirale de l’ensauvagement des jeunes, qui débute de plus en plus tôt. Je plaide pour des peines de prison courtes dans des centres de rétention adaptés et la suspension des aides sociales aux familles qui n’assument pas leurs responsabilités. Il n’y a que la certitude de la sanction qui peut enrayer le mécanisme de décivilisation chez un jeune violent. Cela a marché aux Pays-Bas : leurs prisons sont vides parce qu’ils ont décidé de les remplir à la première faute grave.
Est-il possible de mieux protéger les représentants de l’autorité publique ?
Près de 30 policiers et gendarmes sont blessés chaque jour. La loi prévoit déjà une aggravation des peines pour leurs agresseurs. Le problème, c’est que les peines ne sont pas exécutées, ou trop timidement. Le maillon faible de la réponse pénale, c’est l’exécution des peines. Il n’y a pas assez de places de prison. Emmanuel Macron en avait promis 15.000 mais il n’en aura ouvert que 2 000 à la fin de son mandat… Résultat, on ajuste la réponse pénale à la pénurie carcérale.
Vous exigez un changement radical au sommet de l’État. Qu’attendez-vous ?
Emmanuel Macron aura été le président du désordre. J’attends d’abord qu’il cesse de «mollassonner» en assumant une révolution pénale et migratoire. Nous ne manquons pas de lois pour le faire. Ce qui manque, c’est le courage et la volonté, et ce gouvernement n’en a pas, qui passe son temps à courir les campagnes électorales et les cérémonies d’hommage, sans agir vraiment. Mais j’attends surtout d’Emmanuel Macron une révolution mentale. L’«en même temps» ne marche pas. Soit c’est la fermeté, soit c’est le laxisme. Soit c’est le multiculturalisme, soit c’est la République. Quand la ministre des Sports soutient le chanteur Youssoupha, qui insulte la France, quand Emmanuel Macron affirme que l’immigration africaine est une chance pour la France, c’est un message de faiblesse qu’entendent ces populations qui ne respectent que la force. Toute marque de faiblesse est aujourd’hui vécue par nos adversaires comme une marque de soumission. La France ne doit plus se soumettre.
>> Lire l’interview sur LeFigaro.fr
L’article Bruno Retailleau : « Eric Dupond-Moretti est une erreur de casting » est apparu en premier sur les Républicains.
Source: Actualités LR

Leave a Comment
Partager
Posté par

Derniers articles

Élection à la Présidence des Républicains – Résultats du 1er tour

Chères amies, chers amis, Merci pour votre participation au premier tour de l’élection à la…

décembre 4, 2022

Non à l’expulsion de Salah Hamouri

Cela fait 20 ans que Salah Hamouri, avocat franco-palestinien est persécuté par Israël, puissance occupante.…

décembre 4, 2022

Élection à la Présidence des Républicains – Participation à 20h

Le 1er tour de l’élection à la Présidence des Républicains s’est ouvert ce samedi 3…

décembre 3, 2022

Repères Républicains : Le rôle de l’école aujourd’hui

Retrouvons-nous ce mercredi 30 novembre à partir de 18h30 pour notre quatrième rendez-vous « Repères…

novembre 30, 2022

Nos députés interrogent le gouvernement

Ce mardi après-midi, lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, trois…

novembre 29, 2022