Aurélien Pradié : « Je veux que nous soyons fiers de notre économie régionale »

En avant-première pour La Tribune, le candidat LR aux élections régionales en Occitanie, Aurélien Pradié, a présenté son programme économique pour ce territoire aux 13 départements. Fonds souverain, prêt à taux zéro pour les jeunes, fonds d’investissement routier… Le candidat annonce ses mesures tout en dénonçant la potentielle alliance à venir entre la présidente socialiste sortante, Carole Delga, et « les nains verts ».
Comme d’autres candidats, vous avez lancé votre campagne électorale pour ces élections régionales en Occitanie par vos mesures en faveur de la santé. Aujourd’hui, vous présentez à La Tribune votre programme en matière d’économie. Pourquoi cet arbitrage alors que l’économie régionale n’est pas au mieux ?
La manière dont nous présentons le projet depuis plusieurs semaines est aussi la démonstration de nos priorités. J’ai voulu commencer sur la question de la santé parce que je considère qu’une région a pour mission première de protéger ses habitants et que ça passe par là. Désormais, je souhaite faire toutes les annonces sur le projet économique. C’est le fruit de plusieurs mois de travail. Je pense pouvoir dire que nous sommes des candidats qui, aujourd’hui, faisons campagne de la manière la plus sérieuse qui soit. Parfois, on dit que j’ai été candidat pour faire un coup politique. On n’est pas candidat pour faire un coup politique quand toutes les semaines, on dévoile ce qu’on veut faire de cette région et je me place vraiment en position de la présider. Je me prépare à présider cette région, tôt ou tard.
Je souhaite être demain le président qui soutient l’économie. Je veux que nous soyons fiers de notre économie régionale. Cela veut dire notamment être fier de notre industrie et de nos usines en région. C’est là un vrai point de différence avec Carole Delga. Si je dis ça, c’est parce que vous ne pouvez pas avoir le cul entre deux chaises. Vous ne pouvez pas d’un côté prétendre soutenir l’économie régionale et de l’autre côté, vous allier à des écologistes intégristes qui veulent remettre en cause jusqu’aux rêves des enfants de vivre un jour l’expérience de l’aéronautique. Je le dis avec beaucoup de fermeté, ce n’est pas une position politique. Le risque d’alliance entre Carole Delga et les écologistes intégristes au deuxième tour de ces élections régionales mettra en danger notre économie régionale à un moment où nous avons besoin d’un président de région qui assume totalement de soutenir le développement économique dans la région et notamment le développement industriel et aéronautique. Cette position d’hypocrisie est pour moi aujourd’hui un blocage qui entrave la présidente de région sortante et qui moi ne m’entravera pas. Je suis totalement libre sur ce sujet et je veux être le président du développement économique de manière absolument fière.
Comment peut-on aujourd’hui prétendre soutenir des salariés de la Bosch de Rodez alors même que Carole Delga a appartenu à un gouvernement qui a affaibli l’industrie du diesel et aujourd’hui avoir avec elle des alliés écologistes qui tapent sur le diesel en permanence ? Moi, je crois au diesel, je crois au diesel propre, je crois à l’innovation autour du diesel. Je crois qu’on a abandonné trop vite cette technologie et voilà des positionnements sur lesquels je ne serai pas encombré parce que je n’aurai pas autour de moi à rendre compte à des nains verts. D’un point de vue électoral, ce sont des nains parce qu’ils ne pèsent rien. Mais ils dictent une bonne partie de la conduite de Carole Delga sur les questions économiques. Vous ne pouvez pas être président de la région Occitanie et avoir autour de vous des femmes et des hommes qui dénigrent l’aéronautique.
Quelles sont donc vos mesures pour faire beaucoup plus en faveur de l’économie d’Occitanie, l’une des régions, si ce n’est pas la plus impactée par la crise sanitaire qui a émergé 18 mois en arrière ?
Aujourd’hui, Carole Delga bricole sur les questions économiques voire elle saupoudre. Elle fait des chèques qui, certes, rendent service parfois. Mais il n’y a aucune vision stratégique. On a une région qui, sur bien des sujets et notamment les sujets économiques, comme l’aéronautique, la recherche médicale, l’agroalimentaire, a tous les atouts pour être première partout. Or, la région n’est première en rien. Et c’est là que je fais une vraie différence entre l’approche qui est celle de Carole Delga et la mienne. C’est que moi, je veux me donner les ambitions que cette région soit première dans tous les domaines pour lesquels elle a une vraie compétence et un vrai savoir-faire. Je veux faire de l’ambitieux pour le développement économique et cette ambition se traduit par une proposition qui, pour moi, est la proposition centrale du projet que je porterai. Celle-ci consiste en à la création au terme du mandat de l’un des premiers fonds souverains régionaux de France.
Concrètement, vous entendez quoi par fonds souverain régional ? Quel sera son champ d’investissement et ses missions ? Par qui sera-t-il alimenté ?
D’abord, il sera capable de lever 75 millions d’euros dès la première levée de fonds. Ce fonds souverain viendra financer souverainement l’économie régionale. Il sera abondé par trois tiers. Ce premier tiers, ce seront les collectivités et toutes les collectivités. La région abondera au fonds souverain. Elle placera l’argent qu’elle distribue aujourd’hui de manière éparse dans ce fonds souverain de manière prioritaire. Le deuxième tiers, ce sont les fonds d’Etat, notamment par l’intermédiaire de la Banque Publique d’Investissement (BPI). Nous irons aussi chercher des fonds européens. Aujourd’hui, notre région est une de celles qui mobilisent le moins les fonds européens au niveau national. C’est une faute et je veux, comme président de région demain, proposer à l’Union européenne d’investir dans ce fonds souverain aux côtés de l’Etat. Le troisième tiers, ce sont les citoyens. Je souhaite que l’on puisse faire appel à l’épargne populaire. On a aujourd’hui dans notre pays un volume d’épargne qui n’a jamais été aussi élevé que celui que nous connaissons et il nous faut donc mobiliser cette épargne dormante. Aujourd’hui, la région ne le fait pas. Elle le fait avec des opérations de crowdfunding, qui relèvent de l’anecdote. Demain, je proposerai que ce fonds souverain, qui sera habilité par l’Agence des marchés financiers, puisse proposer des produits de placement pour les petits épargnants de la région. L’idée est que le petit épargnant, qui va placer quelques centaines d’euros tous les mois sur un livret d’épargne sur un produit d’épargne, puisse plutôt le faire avec une possibilité de défiscalisation dans ce fonds souverain régional. On va proposer à tous les petits épargnants de la région aux habitants de la région de venir massivement financer l’économie du coin de la rue.
Quelles sont les différences entre votre proposition de création d’un fonds souverain régional et la politique en la matière de Carole Delga, qui estime avoir créé ce fonds souverain via la mise en place de trois iniatives que sont l’Agence régionale de l’investissement stratégique, le fonds Impulsion et Épargne Occitanie ?
La différence est l’ambition. Carole Delga a l’ambition d’une bricoleuse sur ces sujets. Nous, nous avons l’ambition de créer un fonds souverain habilité par l’AMF, qui permet notamment de faire du placement pour les petits épargnants et de mobiliser 75 millions d’euros. On est très loin du millefeuille qu’elle nous propose. Ce fonds souverain a de nouveau qu’il est d’abord universel. Il va permettre d’intervenir auprès de toutes les entreprises aujourd’hui, quel que soit son secteur et quelle que soit sa dimension. Je souhaite que le fonds souverain puisse investir dans la reprise d’un commerce de proximité ou d’une activité artisanale. Je souhaite qu’il n’y ait pas de ticket minimal d’entrée pour ce fonds souverain. De plus, lorsque vous apportez un fonds souverain dans le capital d’une entreprise, vous avez un mécanisme d’effet levier qui fait qu’on peut ambitionner de générer autour de 250 millions d’euros par effet de levier. Nous sommes très loin des petits amusements de Carole Delga.
Vous assumez donc de porter une politique volontariste d’une région actionnaire, voire interventionniste ?
Ce fonds souverain va permettre progressivement de transformer les subventions en apport au capital de la région actionnaire. C’est ma vision gaulliste de l’économie et je préfèrerai toujours que la région soit actionnaire avec de vraies contreparties possibles, notamment dans le pacte d’actionnaires, plutôt que de verser une subvention comme Carole Delga l’a beaucoup fait, au risque que l’entreprise disparaisse dans les semaines et les mois qui viennent avec la subvention qu’elle a perçu. Combien avons-nous aujourd’hui d’entreprises régionales qui sont venus faire les vautours dans notre région, qui ont capté des fonds publics et qui ont licencié massivement et disparu dans les années qui ont suivi l’apport au capital ? Le fonds souverain permet cette sécurité. C’est une contrepartie honnête entre ce que la région peut apporter et ce que l’entreprise doit donner en contrepartie. D’ailleurs, l’intervention de ce fonds pourra être multiple. Cela pourra être une intervention en capital, un prêt à taux zéro avec des systèmes d’actions convertibles, une avance remboursable, tout comme le financement d’un plan de formation de l’entreprise ou de réorientation de celle-ci.
À ce propos, quelles formes pourront prendre les contreparties voulues par le conseil régional, s’il venait à être présidé par vous dès le mois de juin ?
Le pacte d’actionnaires pourra être différent selon la dimension de l’entreprise. Il pourra être une garantie sur l’emploi, mais il pourrait être aussi, pour une entreprise de taille plus modeste ou plus importante, une assurance d’emploi de personnes en situation de handicap ou de politique volontariste sur la question de l’égalité entre les femmes et les hommes. Pour ce qui est de la détection des dossiers, je souhaite qu’on soit beaucoup plus réactif et donc on va s’appuyer sur un conseil stratégique qui associera les maires de la région. Ce seront eux qui feront remonter des signalements d’investissements possibles et nécessaires dans les entreprises du territoire.
Au-delà d’arguments sociaux et sociétaux, les bénéficiaires de ce fonds souverain devront-ils faire face à des contraintes d’ordre écologique ?
Bien sûr. Dans les prochaines semaines, nous égrénerons les mesures pour favoriser la cohabitation entre écologie et économie. Aujourd’hui, l’écologie politique dans notre pays défend tout sauf la question de l’environnement. Je souhaite donc être à la fois capable de dénoncer celles et ceux qui, derrière une écologie idéologique et punitive, veulent tuer tout, y compris notre développement économique, et être capable de proposer des alternatives. Je vais ainsi avoir des points de désaccord, notamment avec Carole Delga. Prenons le cas de l’éolien. Elle souhaite qu’on multiplie par cinq le parc d’éolien terrestre dans notre région. Je prends l’engagement dès le jour de mon élection, le président de région mettra un terme à tous les nouveaux projets d’éolien terrestre dans la région. Voilà mon point de divergence, car on pense que l’éolien terrestre ça fait bien et que c’est une manière de faire de l’écologie. Je pense strictement l’inverse. C’est une hypocrisie. Avec les éoliennes, on va alimenter une économie qui est totalement extérieure à notre pays, des fonds de pension américains principalement. On pollue nos sols et notre biodiversité parce que les éoliennes terrestres sont une catastrophe pour le milieu naturel et pour nos sols dans lesquelles on injecte des tonnes de béton qu’on ne sortira jamais. Et c’était un non-sens énergétique parce que jamais ça ne viendra compenser le bouquet énergétique qui aujourd’hui passe par le nucléaire.
Vous pointez du doigt régulièrement que la région Occitanie est devenue « une grosse administration » sous un aspect négatif. En quoi cela impacte les entreprises régionales à l’heure actuelle ?
Aujourd’hui, les demandes de financement qui sont portées à la région mettent quasiment une année à être instruite. Je prends un engagement clair. Demain, la région apportera un premier niveau d’accord au terme de quatre mois. Si, au terme de quatre mois, la région n’a pas répondu, l’accord sera réputé favorable. Ce n’est pas un détail d’administration. Tous les demandeurs, promoteurs et porteurs de projets auront une réponse. Et si, au terme de quatre mois, il n’y a pas de réponse, alors nous répondrons favorablement à la demande quelle que soit le société et quel que soit le montant.
Vous avez évoqué avec nous votre volonté de mettre en place une préférence locale dans les marchés publics de la collectivité. Or, la loi ne le permet pas aujourd’hui. Comment comptez-vous appliquer une telle mesure ?
J’assumerai demain de faire en sorte que chaque marché public de la région soit un marché à préférence régionale avec un outil très simple qui est l’installation dans chaque marché, même le plus petit de la région, d’une clause carbone. Nous ne signerons aucun marché public sans la clause carbone. Elle nous permettra demain de mieux favoriser, et je l’assume très clairement, les entreprises régionales avant les entreprises venues de l’extérieur. C’est un courage politique qui existe dans d’autres régions mais qui n’existe pas dans la nôtre. On est sur un projet économique de souveraineté que j’assume totalement.
Quid du soutien à l’innovation, à la jeunesse et aux startups ? Ce thème sera-t-il également un axe de votre campagne à l’heure où il est craint en France l’émergence d’une génération sacrifiée…
Il y a une proposition que nous allons développer au moment où on fera les annonces pour la jeunesse dans les semaines qui viennent. Demain, la région proposera à tous les jeunes habitant en Occitanie, de 16 à 30 ans, de bénéficier d’un prêt à taux zéro de 10.000 à 50.000 euros, sans condition de ressources. Il suffira d’avoir consacré deux mois à l’intérêt général. Vous justifiez deux mois de travail dans une association, dans une collectivité ou pour une des grandes causes que j’évoquais de protection des femmes, des enfants ou d’accompagnement des personnes en situation de handicap et vous aurez accès à ce prêt.
Ce prêt sera conditionné tout de même à l’élaboration d’un projet ou alors il se présentera comme une bourse « de vie » ?
Il sera conditionné à des projets notamment d’entreprise. Nous avons un défi dans cette région qui est de créer une nouvelle génération d’entrepreneurs. Je souhaite demain que la jeunesse d’Occitanie de 16 à 30 ans puisse être cette nouvelle génération d’entrepreneurs. On a dans notre région un des taux de vieillissement le plus important des dirigeants d’entreprises et donc une nécessité de renouvellement. C’est une nécessité absolument essentielle.
Nous financerons ce prêt comme une banque. Peut-être même qu’on pourra nous associer avec d’autres régions qui auront des pratiques équivalentes pour mutualiser le risque et donc permettre d’avoir une surface financière d’intervention plus importante. La présidente de la région Ile-de-France (Valérie Pécresse, ndlr) a annoncé la création d’une banque de la jeunesse qui ressemble à notre dispositif. Je suis en train de discuter avec elle de la manière dont nous pourrions associer nos forces dans le cas précis d’un accompagnement de l’ensemble de la jeunesse d’Occitanie et d’Ile-de-France. Aujourd’hui, ce sont des soutiens qui ne sont pas exercés par ceux dont c’est le métier, c’est-à-dire les banques. Puisque aujourd’hui, les acteurs bancaires ne sont plus capables de le faire, c’est à nous de fabriquer la génération d’entrepreneurs dont nous avons besoin.
Enfin, quelle est votre position pour la LGV Toulouse-Bordeaux ? Nous ne vous entendons pas beaucoup sur ce projet structurant qui a pourtant connu une avancée importante ces derniers jours…
Je veux dire que je suis extrêmement favorable et je serai le défenseur de la LGV. Il n’y a pas l’ombre d’un doute. C’est un sujet trop important pour ne pas lui laisser la place. Mais la LGV n’est pas l’alpha et l’oméga de la mobilité dans une région comme la nôtre. Quand vous avez traité la question de la LGV, vous n’avez touché que 15 % de la population régionale. Il faut aussi, avec les mêmes efforts, traiter de la question des petites lignes ferroviaires, mais surtout traiter la question du réseau routier régional. Je souhaite que la région Occitanie se dote enfin d’un fonds d’investissement routier. L’ambition est que nous ayons pu, au terme des six ans, financer dans chaque département un axe routier stratégique.
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Source: Actualités LR

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