Bruno Retailleau : « Ne prenons pas les électeurs pour des imbéciles »

Pour le président du groupe LR au Sénat, la droite doit assumer le combat contre le progressisme.
Jean Castex a annoncé, dans le JDD, le retrait de la liste macroniste aux régionales en Paca au profit de Renaud Muselier. LR lui a aussitôt retiré l’investiture. Comment comprendre une telle alliance ?
Je soutiens la décision de Christian Jacob de retirer l’investiture à Renaud Muselier. Ne prenons pas les électeurs pour des imbéciles : puisqu’il n’y a pas, dans la région Sud, de liste LREM, c’est qu’il y a eu un accord d’appareil passé sous la houlette d’Emmanuel Macron et annoncé par Jean Castex. Faire liste commune avec des macronistes, c’est faire cause commune avec le macronisme. Et alors même que son logiciel est totalement dépassé ! Car face à l’épidémie, nous payons au prix fort les illusions progressistes sur la fin des frontières, de la souveraineté nationale. Le macronisme est un bateau qui, idéologiquement, est en plein naufrage et certains veulent, dans notre famille politique, qu’il soit une bouée de sauvetage? Ce n’est pas sérieux. Plus que jamais, la droite doit assumer le combat contre le progressisme. La logique veut que nous constitutions une liste pour porter nos propres couleurs et nos convictions.
Est-ce de nature à faire exploser la droite et à faire fuir les électeurs LR au RN ?
Ne tombons pas dans le piège que Marine Le Pen et Emmanuel Macron nous tendent ensemble : la première parce qu’elle veut avoir le monopole de l’opposition ; le second parce qu’il croit tenir l’assurance de sa réélection en dissolvant la droite dans le macronisme. Mais la droite authentique et le progressisme sont comme l’eau et l’huile : ils ne peuvent se mélanger. Quand on s’en prend aux libertés d’expression ou d’éducation, on n’est pas de droite. Quand on dépense à tout va, qu’on fait exploser la dette et l’insécurité, on n’est pas de droite. Quand on rend impossible des courtes peines de prison, qu’on facilite le regroupement familial, qu’on nie l’existence de la culture française, on n’est pas de droite. Par ailleurs, tous ceux qui, à droite, aux élections municipales, ont fait alliance avec les macronistes ont perdu ! La fusion, c’est la confusion. Or la confusion, les Français n’en peuvent plus. Le « en même temps » les épuise et les blesse car il y a du mépris pour les gens dans cette politique cynique. Quant au RN, nous devons nous adresser à cette France qui vote Marine Le Pen. Ces électeurs ne sont pas des parias mais des compatriotes, dont les souffrances et les attentes ont été délibérément ignorées, y compris parfois par la droite.
Vous refusez une alliance avec LREM en Paca, mais acceptez-vous l’accord de LR avec Debout la France ! en Bourgogne-Franche-Comté ?
Je connais bien Nicolas Dupont-Aignan. Il a compris que Marine Le Pen n’était pas la solution pour la France. Nous en avons discuté ensemble. Ses racines, c’est le gaullisme. Sa place est donc avec les gaullistes. Par ailleurs, s’il n’y a jamais eu de droite progressiste, il y a toujours eu une droite souverainiste, de Philippe Séguin à Nicolas Dupont-Aignan. Autrement dit, une alliance avec Debout de la France ! ne me choque pas.
Xavier Bertrand fait le pari de devenir le candidat naturel de la droite. Vous convainc-t-il ?
Le candidat naturel, c’est celui ou celle qui serait donné au second tour dans les sondages. Aujourd’hui, personne à droite ne remplit cette condition. Par ailleurs, l’enjeu pour le candidat de la droite n’est pas tant d’afficher un programme de gouvernement que de porter un vrai projet de société. Un projet qui assume une rupture claire, nette, avec le macronisme. Être un peu plus ferme par-ci ou un peu plus décentralisateur par-là ne suffira pas : il faut avant tout mettre un terme à cette politique de déconstruction dont se réclame d’ailleurs Emmanuel Macron et ouvrir, au contraire, avec ce mandat, le grand chantier de la reconstruction française, celle de notre État, de notre école, de notre industrie, de nos frontières.
Quel est le profil du candidat capable de rassembler la droite ?
La droite, si elle veut renouer avec la confiance des Français, doit prendre un engagement : qu’elle aura le courage, cette fois-ci, d’aller au bout des choses. Au bout des choses sur les réformes économiques, parce que cette politique du pansement qui traite les effets mais jamais les causes, à coups d’argent public, la France en crève. Si on ne refonde pas l’État, qui dévore la richesse créée par les Français, si on ne réforme pas notre système de retraites, en repoussant progressivement l’âge de départ, les Français continueront de s’appauvrir. Mais aller au bout des choses, aussi, sur le communautarisme. J’entends les uns et les autres dire qu’il faut plus d’intransigeance, de fermeté. Très bien. Mais face à l’islam politique, aux délires de la « cancel culture », l’autorité ne peut pas suffire. La loi ne remplit pas les cœurs. Il faut reconquérir les cœurs perdus par la République, remplir le vide dans lequel s’engouffrent ces idéologies, le vide de sens créé par le relativisme, le vide de France causé par la repentance. Ce qu’on attend d’un président de droite, ce n’est pas seulement qu’il fasse respecter la République, mais qu’il fasse aimer la France. La culture, la transmission de notre histoire, notre langue, la préservation de nos paysages aussi, doivent être au cœur du projet de la droite. Nous devons porter une politique de civilisation, pour la défense de nos libertés et de notre identité.
Quel doit être la priorité de la droite en 2022 ?
Être à la hauteur du moment. Le risque que la France devienne une nation de second rang est réel. Car de la crise va sortir une nouvelle hiérarchie des puissances. Et c’est un fait que notre pays n’a pas bien géré cette épreuve. Cette menace d’un effondrement, les Français en ont parfaitement conscience : 78 % d’entre eux pensent que la France est en déclin. Pour répondre à cette menace, « l’envie » d’être président ne peut pas suffire. Il faut autre chose : une gravité, car c’est la survie de la France en tant que nation qui se joue aujourd’hui, mais aussi une conception exigeante de l’engagement politique, presque sacrificielle. C’est ma conviction profonde.
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Source: Actualités LR

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