Eric Ciotti : « Si nous ne défendons pas notre identité, nous allons disparaître »

Alors que les sujets régaliens reviennent en force, le député Les Républicains des Alpes-Maritimes remet les pendules à l’heure dans un parti désorienté. Et refuse fermement tout rapprochement électoraliste avec la Macronie.
Votre parti apparaît scindé entre les partisans d’un rapprochement avec La République en marche et les tenants d’une ligne fermement démarquée. À un an de la présidentielle et à la veille des élections régionales, est-ce une situation qui vous irrite ?
Je n’ai jamais eu confiance en ce qu’incarnait le nouveau monde macroniste. Aujourd’hui, nous voyons les dégâts qui ont été commis, sans parler de la gestion chaotique de la crise sanitaire. Je ne trouve aucun point positif dans ce bilan. Jamais l’insécurité n’a été aussi élevée dans notre pays. Nous avons franchi tous les records en matière d’entrée d’étrangers. L’islamisme a continué à progresser et à conquérir des territoires qu’il gangrène méthodiquement. Sur le plan économique, la fiscalité n’a pas été allégée, bien au contraire. Nous vivons dans un monde marqué par l’avancée d’une bureaucratie paralysante. Ma position est très claire, on ne peut pas s’allier avec un parti que l’on combat et qui a beaucoup abîmé notre pays. Pour autant, la droite républicaine a toujours connu en son sein des sensibilités qui reposaient sur des personnalités différentes. Notre région n’échappe pas à cette histoire et cela ne me dérange pas, à partir du moment où l’on est clair sur les objectifs. Dans toute élection, on peut faire appel à des personnalités aux profils différents dans un objectif de rassemblement, mais la ligne directrice ne peut souffrir d’aucune ambiguïté. Je viens d’être réélu président de la fédération des Républicains des Alpes-Maritimes. Avec Michèle Tabarot, qui en est la secrétaire départementale, et Charles- Ange Ginesy, qui préside le Conseil départemental, notre ligne ne souffre d’aucune ambivalence. C’est à chacun de se déterminer, pas à notre parti de se conformer à des sensibilités qui sont très loin d’être majoritaires.
Que diriez-vous à ceux, parmi vos électeurs, qui seraient tentés de rejoindre Marine Le Pen en 2022, estimant vos propositions sur l’immigration et l’insécurité finalement pas si différentes ?
D’abord, j’ai envie de dire à ces électeurs que je respecte profondément et que je comprends leur colère, mais je veux leur dire aussi que voter Le Pen au premier tour, c’est quasi certainement assurer l’élection de Macron au second. Ce qui veut dire plus d’immigration, plus d’insécurité et plus de communautarisme. Je crois que quand on a un discours constant et des idées claires, les électeurs ne se trompent pas. J’appelle de mes voeux un référendum pour limiter considérablement l’immigration et appelle à sortir de certaines conventions internationales qui nous privent de notre souveraineté juridique. Je souhaite que l’on construise des places de prison pour qu’on exécute les peines. J’ai des convictions profondes, elles n’ont jamais varié et je ne me situe pas par rapport à tel ou tel parti politique, j’ai des convictions anciennes et solides que j’ai toujours défendues, mais je trouve absurde que lorsque le RN dit qu’il pleut, la bien-pensance dit qu’il fait soleil.
En quoi Les Républicains se différencient-ils du Rassemblement national sur ces propositions et peuvent donc prétendre à être les mieux à même de les traiter ? D’autant que certains estiment qu’au pouvoir, vous n’aviez pas été à la hauteur…
Ce qui nous différencie globalement du Rassemblement national, c’est notre capacité à gouverner. Si les Français veulent que ça bouge, ils doivent faire confiance à un parti de gouvernement, avec une équipe renouvelée, des idées claires et fortes. Je crois qu’on a tiré des leçons des erreurs commises par le passé. Lorsque nous étions au pouvoir, je faisais partie de ceux qui militaient pour aller plus loin et je continuerai d’aller dans ce sens auprès du candidat que je soutiendrai à la présidence de la République.
Vous qui êtes le “Monsieur sécurité” des Républicains, comment expliquez-vous la montée inexorable de la violence dans notre pays et l’impuissance des autorités à l’enrayer ?
À la source de la montée de la violence et de la délinquance, il y a souvent l’immigration de
masse. On voit une surreprésentation des étrangers dans les condamnations. À Paris, par exemple, ce sont essentiellement des mineurs étrangers venus des pays de l’Est qui sont arrêtés pour des vols à la tire. Il y a dans les prisons françaises près d’un quart d’étrangers —sans compter les Français d’origine étrangère—, alors qu’ils représentent 7 % de la population totale. Cette montée de la violence se nourrit ensuite d’une trop grande impunité pénale. La sanction n’est plus suffisamment dissuasive ni ferme, à cause de la faiblesse au recours à l’incarcération, à cause du déficit en places de prison. À la demande du président Sarkozy, en 2010, j’avais été l’auteur d’un rapport sur l’application des peines, qui préconisait d’atteindre 80 000 places de prison en 2017. Nous en avons aujourd’hui à peine 61 000. Emmanuel Macron en avait promis 15 000, il n’en a réalisé qu’un peu plus de 1 500, quasi toutes décidées du temps du gouvernement Hollande. Ainsi, des personnes condamnées à de la prison ferme voient souvent leur peine aménagée avec un bracelet électronique, qui constitue parfois pour les caïds de cité un signe de puissance. Dans cette explosion de la violence, beaucoup de mineurs sont aussi en cause et nous n’avons pas de réponse adaptée. Je prône pour cela un encadrement de type militaire. 11 faut arrêter cette logique de la réponse uniquement éducative. Il faut abaisser la majorité pénale et s’attaquer au problème des mineurs isolés étrangers, en les reconduisant systématiquement vers leur pays d’origine. Je ne comprends pas pourquoi la France prend en charge ces mineurs venus du Maroc, d’Algérie ou de Tunisie, qui coûtent 15 millions d’euros par an pour le seul département des Alpes-Maritimes.
Outre la surpopulation carcérale, moins pressante depuis la libération de milliers de détenus durant la crise sanitaire, comment expliquez-vous un tel fossé entre les peines parfois prononcées et les peines appliquées ? Les OQTF (obligation de quitter le territoire français) ne sont que rarement exécutées…
C’est très clairement un manque de volonté politique. Nous avons laissé construire un droit de plus en plus protecteur des étrangers. On voit bien que certaines filières de passeurs
utilisent la naïveté de notre droit et surtout notre jurisprudence. Je pense en particulier à la reconnaissance, par le Conseil constitutionnel, du « principe de fraternité », qui est une porte ouverte aux passeurs, comme on l’a vu dans les Alpes-Maritimes. Nous devons sortir de l’interprétation très laxiste de la Convention européenne des droits de l’homme, qui constitue aussi une porte ouverte au regroupement familial. Pour ma part, je mettrais un coup d’arrêt drastique à la demande d’asile, qui est devenue la voie légale pour l’immigration illégale. En 2019, sur les 172 000 demandeurs d’asile, seulement 40 000 pouvaient prétendre au statut de réfugié politique. En ce qui concerne l’exécution des OQTF, il y a une mauvaise volonté des pays sources d’immigration. Il faut user de toute notre capacité de persuasion et mettre clairement les termes d’un marché dans la balance. On ne peut pas continuer d’accorder des aides à des pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants entrés clandestinement sur le territoire national, ou qui ont été condamnés. Tout étranger bénéficiant d’un titre de séjour qui commet un crime ou un délit sur le territoire national et qui est condamné pour cela doit être immédiatement expulsé et doit purger sa peine dans son pays d’origine. Je crois que cela doit être au coeur du programme de la droite républicaine.
Seriez-vous favorable au rétablissement du ministère de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale, créé par le gouvernement de François Fillon ?
Je suis pour un ministère de l’intérieur très fort dans lequel pourrait s’inscrire un ministère délégué à l’immigration et à l’identité nationale. On voit bien que notre identité, notre histoire et notre culture sont en train d’être dissoutes, patiemment attaquées par des personnes qui refusent de s’assimiler et qui arrivent dans notre pays en voulant imposer leur culture et leur mode de vie. Je suis un ardent partisan de notre identité, si nous ne la défendons, nous allons disparaître. Tous les leviers sont dans les mains du ministre de l’intérieur. Au-delà d’un discours martial, il faut des actes très forts, qui ne sont pas au rendez- vous. On l’a vu dans la loi Séparatisme, qui n’ose même pas nommer le mal. Censée lutter contre l’islamisme, elle met au final toutes les religions sur le même plan. Cela démontre la lâcheté qui anime ceux qui nous dirigent.
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Source: Actualités LR

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