Je laisse aux professionnels de la culture le soin de juger de votre sens des priorités.

Michel LARIVE a profité de la proposition de résolution relative à l’ajout du nom de Valéry Giscard d’Estaing, aux musées d’Orsay et de l’Orangerie, pour dire un mot concernant le bilan de la majorité en matière culturelle, et l’état de la culture en France aujourd’hui.

« Nous examinons aujourd’hui une proposition de résolution visant à ajouter le nom de « Valéry Giscard d’Estaing », au Musée national d’Orsay. Cette démarche peut se justifier, notamment par l’engagement de l’ancien Président de la République, dans la transformation de la gare d’Orsay en musée, sous son septennat. Effectivement, c’est grâce à son impulsion que ce majestueux bâtiment de la fin du XIXème siècle, fut préservé de la destruction, et offert à la culture, avec la mise en valeur de l’art occidental contemporain.

La tradition d’attribuer à des lieux et institutions publics le nom d’un ancien Président est ancré depuis de nombreuses décennies. Nous n’y voyons pas d’opposition majeure, d’autant que la dénomination « Musée d’Orsay » demeurera.

Pour autant, je souhaite profiter de l’occasion qui m’est donné pour nuancer ce discours visant à présenter Monsieur Giscard d’Estaing en protecteur des arts. Sous son septennat, la part du budget de la culture dans les dépenses de l’Etat a rétrogradé de 0.64% en 1974 à 0.47% en 1981.

Tout comme la majorité actuelle, le Président Valéry Giscard d’Estaing, a considéré la culture comme une variable d’ajustement du budget national et des budgets locaux des collectivités territoriales.

La période de « printemps culturel », incarnée par Michel GUY au début du septennat, avec quelques avancées notables, ne fut qu’une brève respiration avant la mise aux oubliettes de la culture. Dès 1976, la culture, rétrogradée au rang de Secrétariat d’État, a été diluée dans le marché libéral et la communication. Le citoyen n’est plus usager, mais consommateur de produits culturels, influencé par l’american way of life.

Ce rappel étant fait, je souhaiterais dire un mot concernant votre bilan en matière culturelle, et l’état de la culture en France aujourd’hui. Je voudrais en premier lieu alerter, puisque l’on parle de musées, sur la situation désespérante des guides-conférenciers, qui subissent de plein fouet la crise sanitaire. Entre l’effondrement du nombre de visiteurs, l’emploi du temps incertain, la fermeture des lieux culturels… beaucoup basculent et sombrent dans la précarité, voire envisagent d’abandonner leur métier, souvent passionnel, exercé par vocation. La détresse financière est subie avant tout par les guides indépendants, moins protégés que les salariés de musées. Certains d’entre eux interrogent le caractère pertinent de notre débat d’aujourd’hui et du temps que nous y passons, en comparaison à la situation de détresse dans laquelle nombre de professionnels du secteur se trouvent.

Vous n’êtes pas sans savoir que le secteur culturel traverse l’une des plus grandes crises de son histoire. Ce matin, nous dénombrons près de 75 théâtres occupés pour diverses raisons dont la lutte contre toutes les précarités, l’exigence d’une nouvelle année blanche pour tous les intermittents, l’abandon de la réforme délétère de l’assurance chômage et la réouverture des lieux culturels.

Face à cette mobilisation d’ampleur, il est insupportable d’entendre la ministre de la Culture qualifier d’ « inutiles » et « dangereux » ces mouvements de lutte qui ne visent qu’à mettre en lumière un quotidien désespérant.

La culture, ce n’est pas seulement un secteur économique comme un autre, c’est également une nourriture intellectuelle, un support de lien social et d’épanouissement entre les êtres humains. J’insiste, encore et toujours, sur l’urgence de déconfiner la culture. La fermeture des lieux culturels, l’entrave à pratiquer son art, l’impossibilité de ‘’vivre’’ un film, un spectacle ou un concert, ne sauraient être des perspectives de réenchantement, pour une société toujours en proie à une crise sanitaire majeure.

A plusieurs reprises, lors des questions d’actualités, j’ai alerté le Gouvernement. La réponse de Madame Bachelot n’était pas à la hauteur, ne répondant à aucune des revendications légitimes des occupantes et occupants des théâtres français. C’est la raison pour laquelle je profite, une fois de plus, du temps de parole qui m’est donné, pour porter la voix des artistes et professionnels des arts et de la culture, et d’une certaine façon du public dont nous faisons partie.

La France insoumise ne s’opposera pas à cette proposition de résolution. Mais je tiens à préciser que nous aurions préféré voter des solutions en faveur des artistes-auteurs, des intermittents, des diffuseurs, et bien sûr des guides-conférenciers… A la place, nous renommons un musée pour qu’il porte le nom d’un ancien chef d’État. Je laisse aux professionnels de la culture le soin de juger de votre sens des priorités. »

Source: Actualités La France insoumise

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