Alexandre Vincent : « Les menaces de mort ne sont pas de nature à me faire reculer »

La commune d’Alexandre Vincendet, au cœur de la métropole de Lyon, a été récemment secouée par des violences. Il entend mener la guerre dans sa commune contre les trafics de drogue et une « poignée de voyous ».
La commune de Rillieux-la-Pape, au cœur de la métropole de Lyon, vient d’être une nouvelle fois le théâtre de violences urbaines. Après des premiers troubles en octobre, Gérald Darmanin avait promis des moyens policiers supplémentaires. Le maire Alexandre Vincendet, secrétaire général adjoint des Républicains, apprécie l’engagement du ministre de l’Intérieur mais selon lui, la lutte contre la délinquance dans les quartiers ne sera pas possible sans «courage politique». Il promet de ne rien lâcher malgré les menaces dont il fait l’objet, alors que plusieurs quartiers sensibles de la région se sont embrasés ces derniers jours.
Êtes-vous placé sous protection policière comme Jérémie Bréaud, le maire LR de Bron ?
À la suite des premières menaces émises il y a une quinzaine de jours, le cabinet du ministre de l’Intérieur m’a fait savoir que l’Uclat (Unité de coordination de la lutte antiterroriste) était en train d’évaluer la situation. Hier, nous avons constaté des tags sur des murs de la ville menaçant de couper la tête du maire. Gérald Darmanin et le procureur de la République de Lyon prennent cela au sérieux mais une chose est sûre : moi, je ne lâcherai rien. Ces actes ne sont pas de nature à me faire reculer.
Que comptez-vous faire ?
Je compte me rendre à pied dans les quartiers, dès cette semaine, à la rencontre des habitants. Il est hors de question de laisser une poignée de voyous faire la loi.
Pourquoi êtes-vous certain que l’embrasement des banlieues lyonnaises prend sa source dans la lutte contre le trafic de drogue ?
Ce que l’on voit, c’est une riposte des voyous à la fermeté parce qu’ils constatent une différence fondamentale par rapport à la politique menée il y a une dizaine d’années. La semaine dernière, nous avons réalisé cinq saisies de drogue. La ceinture rose-rouge de Lyon est en train de se transformer en ceinture bleue parce que les méthodes des élus de droite ne sont pas celles de leurs prédécesseurs de gauche qui avaient laissé les clefs de ces quartiers à des dealers. C’était une forme de cogestion au nom de la paix sociale. Certains employés municipaux comme des habitants m’ont expliqué ce qui se passait. On a payé des voyages à des caïds de quartiers en leur mettant à disposition un van qu’ils se sont permis de vendre pendant leurs vacances pour se faire plus d’argent. Quand j’ai été élu, certains de ces caïds sont venus me voir en me demandant d’être embauchés par la ville pour « tenir » les jeunes dans les quartiers.
Que leur avez-vous répondu ?
« Non ». Puis je leur ai demandé de sortir de mon bureau.
La situation entre vous et ces jeunes est donc très tendue ?
Ceux dont je parle ne sont pas les jeunes des banlieues, dont beaucoup sont extraordinaires, mais des voyous. Les jeunes, je les rencontre régulièrement. Notre ville a mis en place un dispositif de réinsertion « deuxième chance », des cités éducatives et des conventions de formation avec la base aérienne d’Ambérieu-en-Bugey, d’où 80% des effectifs sortent avec un CDI. Nous sommes en train d’ouvrir une médiathèque flambant neuve, de restaurer les écoles et nous mettons beaucoup d’argent dans les quartiers. Avant, les élus de droite ne s’occupaient pas de ces quartiers parce qu’ils pensaient que leurs habitants ne voteraient jamais pour eux. Et les élus de gauche non plus car ils croyaient ces votes acquis. Résultat des courses : personne n’a rien fait pendant trente ans. C’est ce que nous faisons aujourd’hui.
Donc, selon vous, l’origine du problème n’est pas liée à l’existence de quartiers en déshérence ?
Pas du tout ! En réalité, ce marronnier d’une jeunesse en déshérence relève d’une forme de racisme de classe consistant à croire qu’un jeune vivant dans les quartiers est forcément un voyou. Mais cela est totalement faux. Parmi ces jeunes, certains brandissent cette excuse pour justifier des actes inacceptables. Quand un dealer gagne en trois jours ce que gagne un ministre en un mois, ce n’est pas en lui mettant un animateur et un baby-foot à disposition que vous pouvez régler les choses. C’est une plaisanterie.
Avez-vous estimé le nombre de voyous à l’origine des désordres dans votre commune ?
Ils sont moins d’une centaine dans une ville comptant plus de 30.000 habitants.
Comment les empêcher de nuire ?
Par la volonté politique. Mon combat consiste à montrer que le politique est encore capable de peser dans ces quartiers. Je dispose du plus grand plan de rénovation urbaine qui n’a jamais existé sur la métropole de Lyon alors que mes prédécesseurs n’avaient décroché que 40 millions d’euros sur le premier plan Anru (rénovation urbaine), pourtant bien doté. J’étais dans l’opposition mais je me suis battu pendant six ans pour obtenir ces arbitrages. La politique urbaine, la sécurité et le développement économique sont les clefs.
Comment les habitants réagissent-ils ?
Chaque semaine, j’assure des permanences dans les quartiers et je constate que la plupart des gens n’en peuvent plus. Inquiets pour l’avenir de leurs enfants, ils les empêchent parfois de sortir. Certes, les voyous cherchent à mettre ces zones en coupes réglées mais les désagréments et les dégradations sont tels que les habitants, dans leur immense majorité, veulent vivre en paix.
Il y a six ans, lorsque vous aviez été le premier maire à équiper sa police municipale de caméras embarquées, on avait salué une efficacité « spectaculaire » contre les outrages. Pourquoi les explosions de violence perdurent-elles ?
L’État doit s’investir pleinement. Je constate tout de même qu’une chose change avec l’actuel ministre de l’Intérieur. Quand je demande des moyens comme les QRR (Quartiers de reconquête républicaine), je les obtiens. Ce n’était pas le cas au cours des six premiers mois de mon mandat. En termes de lutte contre les trafics de stupéfiants et les violences urbaines, nous allons avoir les moyens de cogner très fort. Avec 16 agents supplémentaires de la brigade spécialisée territoriale, 31 policiers municipaux, un directeur délégué venu de la police nationale et les opérateurs CSU (Centre de supervision urbain), nous pouvons désormais compter sur plus d’une quarantaine de personnes contre une douzaine lorsque je suis arrivé.
Vous avez été élu en 2014 mais les difficultés n’ont pas disparu. Pourquoi ?
Nous avions gagné beaucoup de terrain mais le confinement a tout balayé d’un revers de main et mis les quartiers en tension. La gestion de la crise sanitaire était évidemment une priorité mais les voyous, qui n’ont plus peur de rien, en ont profité.
Au-delà de la prévention et de la répression, le suivi judiciaire vous semble-t-il à la hauteur ?
Les peines prononcées par les juges sont le vrai sujet. Elles ne sont pas assez lourdes. Tous les jeunes arrêtés durant ces violences récentes sont mineurs. Il faut changer l’approche, penser de nouvelles peines, prévoir des prisons spécialisées, lutter fortement contre les consommateurs, peser sur la responsabilité parentale et nous donner les moyens d’agir en nous appuyant sur l’attribution des logements sociaux. Il faudrait également engager un travail diplomatique de fermeté avec nos partenaires internationaux d’où sont issus les stupéfiants. La prise de conscience semble amorcée mais il reste à savoir si la majorité parlementaire actuelle est capable de l’entendre. L’important est de trouver les moyens de combattre le sentiment d’injustice provoqué par ces actes. Si vous voulez que le Rassemblement national baisse, il faut régler les problèmes sur lesquels il prospère. Les gens attendent des solutions. La tolérance zéro est nécessaire. Nous ne devons rien laisser passer.
Votre région n’est pas la seule touchée dans le pays. La France vous semble-t-elle réellement prête à régler ces problèmes ?
Oui. Les esprits sont prêts mais une chose est sûre : derrière les grands discours de tribunes, il faudra des actes car la colère monte. Cette France des quartiers populaires a envie, comme les autres, de ne pas baisser la tête quand elle rentre chez elle.
>> Lire l’interview sur LeFigaro.fr
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Source: Actualités LR

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