Damien Abad : « Il faut démultiplier les vaccinateurs et simplifier le principe du consentement »

Fustigeant un « défaut total d’anticipation » et une « stratégie du parapluie » de l’exécutif, le président du groupe LR à l’Assemblée nationale appelle à « changer de stratégie vite et fort » sur la campagne de vaccination contre le Covid et met ses propositions sur la table. Il réclame un débat avec vote, dans l’hémicycle, « dès le début de la reprise des travaux parlementaires ».
Le gouvernement a-t-il tort de souligner qu’on ne tire pas le bilan d’une politique vaccinale au bout d’une semaine ?
Certes, mais la stratégie, on la définit avant et là où le gouvernement a tort, c’est quand il persiste dans l’erreur. Par crainte d’un manque de vaccins et de la défiance de la population, le gouvernement est tombé dans la culture de l’excuse permanente et de la peur paralysante. Quand on se trompe, il faut changer de braquet, de stratégie, d’état d’esprit. Il y a urgence parce que chaque jour de perdu, ce sont des morts en plus et ce sont des points de croissance et de l’emploi en moins. SI le gouvernement ne corrige pas le tir sur sa campagne de vaccination, le «quoi qu’il en coûte» va nous coûter plus qu’il n’en coûte.
L’exécutif promet d’accélérer…
On est surtout très proche d’un nouveau fiasco logistique et organisationnel, avec des ministres qui font de la communication et une administration nationale de la santé qui fait du zèle technocratique. La France a la médaille d’or des attestations et le bonnet d’âne des vaccinations . Il faut changer de stratégie vite et fort. Et accepter, pour cela, de mettre les mains dans le cambouis et s’occuper de la logistique.
Concrètement, que proposez-vous ?
La première chose à faire, pour sortir de cette stratégie perdante et déprimante, c’est de reprendre la main sur l’administration et d’accélérer la cadence. Il faut démultiplier les vaccinateurs, c’est-à-dire sortir du monopole de la vaccination par les seuls généralistes et permettre aux pharmaciens, infirmiers, aides-soignants et étudiants en médecine de vacciner. Sans aller jusqu’aux « vaccinodromes », il faut mettre en place des centres de vaccination à taille humaine, sous la responsabilité des maires.
Il faut aussi alléger le protocole de vaccination et simplifier le principe du consentement en allant davantage sur un consentement oral. Le consentement éclairé, oui ; le consentement technocratique, non ! Enfin, je demande un tableau de bord quotidien, par département, sur la vaccination en France.
Faut-il attendre le printemps pour vacciner le grand public ?
La vérité, c’est que l’accélération du rythme va très vite se heurter à une limite : celle des doses de vaccins disponibles. La France peut très vite se retrouver limitée dans ses capacités de vaccination du fait d’un double effet ciseau : le retard pris par le vaccin français – la France est le seul pays du Conseil de sécurité de l’ONU à ne pas avoir son propre vaccin – et l’absence de commande autre que celle de l’Union européenne , qui est très étroite. Le problème est le même que sur les masques et les tests : un défaut total d’anticipation. Pour l’heure, il faut déjà toucher le plus tôt possible toutes les personnes âgées vulnérables, en Ehpad et hors Ehpad.
Êtes-vous favorable au Conseil citoyen sur la vaccination ?
Ce gouvernement fait du Ségolène Royal : il crée des leurres pour sans cesse se dédouaner ! Cette stratégie du parapluie et de l’irresponsabilité permanente devient insupportable. Car non seulement c’est un gadget, mais c’est un contournement de plus de la démocratie parlementaire. On ne peut pas à la fois mettre en place un conseil citoyen et refuser que le ministre de la Santé vienne s’exprimer devant le Parlement. Nous avons réclamé, avec Eric Ciotti, qu’Olivier Véran vienne en urgence devant la représentation nationale. Je vais plus loin : je demande que le gouvernement inscrive dès le début de la reprise des travaux parlementaires, la semaine prochaine, un autre débat sur la nouvelle politique de vaccination. Avec un vote, cette fois-ci.
Comment pousser les Français à se faire vacciner ?
Le problème c’est que cette hésitation coupable alimente un climat vaccino-sceptique . Pasteur doit se retourner dans sa tombe ! Emmanuel Macron a été élu en 2017 parce qu’il incarnait l’espoir et l’optimisme. Aujourd’hui, on a le sentiment qu’on prête le flanc à la défiance . Moi, je crois aux vaccins, à la science, à la médecine et au progrès. Mais ce qui va compter, c’est l’effet de masse dans la population, quand beaucoup se seront fait vacciner, à condition que les craintes sur les éventuels effets secondaires soient levées.
Un « passeport vert » peut-il être une solution, comme le propose une députée UDI, pour permettre la libre circulation des personnes vaccinées ?
Non. Le passeport vert crée une hiérarchie entre les Français et conditionne la liberté. Or les libertés ont été suffisamment malmenées en 2020. Au nom des libertés, je souhaite d’ailleurs que l’état d’urgence sanitaire, qui s’achève à la mi-février, ne s’installe pas durablement et automatiquement dans le pays. Il faut des clauses de revoyure régulières.
Faut-il rouvrir ce mois-ci les restaurants, les bars, les cinémas et les théâtres ?
Il faut là aussi de la cohérence. Si plusieurs centaines de Français peuvent se retrouver dans une église avec un protocole renforcé, je ne vois pas pourquoi ce même protocole ne pourrait pas s’appliquer pour les lieux de culture, comme d’ailleurs les lieux sportifs à l’extérieur. Pour les bars et restaurants , le gouvernement doit très vite donner une feuille de route. Plus on prend du retard dans la politique de vaccination, moins ils auront de chance de rouvrir…
Que serait à vos yeux une année 2021 « utile », selon le terme d’Emmanuel Macron ?
Une année utile , c’est une année des libertés retrouvées. C’est aussi une année où l’on retrouverait le chemin de la croissance et de l’emploi, et une année de solidarité – parce que les fractures sociales sont de plus en plus importantes et que les classes moyennes sont en train de s’appauvrir. Une année, aussi, où l’on prend conscience que la protection du climat n’est pas une option. Mais je le dis clairement : je ne crois pas au référendum , qui s’inscrit dans cette stratégie du parapluie et du défaussement des responsabilités permanent.
Désormais, doit-il y avoir une « limite au quoi qu’il en coûte » ?
Couper maintenant les vannes budgétaires n’aurait pas de sens. Il faut répondre à la crise et, pour le coup, la réponse à la crise économique avec Bruno Le Maire a été bien meilleure que la réponse à la crise sanitaire avec Olivier Véran. Mais il faut faire comprendre aux Français que l’agent magique n’existe pas et que la question de la dette reviendra sur le devant de la scène. Et mieux préparer, dès aujourd’hui, le rebond de demain, par exemple en abaissant temporairement la TVA à 5,5 % des restaurants ou en allant plus loin sur les baisses de charges dans les secteurs les plus impactés.
>> Lire l’interview sur LesEchos.fr
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Source: Actualités LR

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