Éric Ciotti : « Nous combattons l’islamisme avec des boulets aux pieds »

Selon le député des Alpes-Maritimes, le combat de la France contre l’islamisme doit changer de dimension et de cadre. L’État de droit actuel nous condamne à l’impuissance et à être les victimes de bourreaux terroristes.
En moins de 15 jours, l’école et l’Église catholique ont été visées par des attentats islamistes. Est-on entré en guerre ?
Cette guerre nous a été déclarée depuis 2012. Avec les trois victimes de l’attentat de Nice, jeudi, nous déplorons désormais 269 de nos concitoyens victimes de l’islamisme. C’est une guerre qui ne va cesser de s’amplifier. Nous savons que d’autres attaques vont intervenir. La France est une des premières cibles au monde. Elle est l’héritière des Lumières, l’héritière d’une civilisation chrétienne, et porteuse d’une laïcité exigeante. La France a toujours exprimé avec courage dans le monde son combat pour les libertés. Encore aujourd’hui, la France est engagée dans plusieurs théâtres d’opérations extérieures pour combattre l’islamisme. Nous sommes malheureusement bien seuls dans ce combat au niveau européen. Tous ces facteurs nourrissent la haine des islamistes contre la France. Les fatwas du dictateur islamiste turc Erdogan et de plusieurs pays musulmans font activer des dizaines de milliers de bombes humaines qui séjournent dans notre pays et représentent autant de menaces pour les Français. Ce qui est paradoxal, c’est que nous menons la guerre à l’extérieur pour défendre nos libertés mais nous refusons de la mener sur le territoire national. Pour combattre l’islamisme, nous n’employons que des outils d’une extrême faiblesse et grande naïveté. Ils ne sont pas à la hauteur de la menace que nous connaissons et qui, je le redis, ne va cesser de s’amplifier. Il faut avoir le courage de dire que le pire est devant nous et que nous devons nous préparer au pire.
Il faut selon vous « arrêter avec la défense de ces pseudo-libertés individuelles ». Faut-il s’affranchir de l’État de droit ?
Aujourd’hui, nous combattons l’islamisme avec des boulets aux pieds et des entraves qui paralysent notre action. Je vise l’interprétation folle du Conseil constitutionnel et de Laurent Fabius de notre Loi fondamentale. Je vise la Convention européenne des droits de l’homme qui a permis une politique migratoire sans limite. Je vise la déconnexion totale d’une petite caste politico-administrative à la fois guidée par une vision ultralibérale en matière de société et profondément de gauche en matière sociétale. Pour ces gens, la sécurité n’est pas une valeur dominante. Je suis stupéfait par l’évocation pavlovienne de l’État de droit qu’ils ne cessent de brandir. N’oublions jamais que l’État de droit est le fruit de l’expression de la loi, elle-même issue de la volonté générale. L’État de droit n’a pas vocation à être figé ; il n’a pas vocation à devenir un État d’impuissance. Compte tenu du degré maximal de la menace terroriste, j’ai demandé par courrier au président de la République de restaurer l’état d’urgence issu d’une loi de 1955 comme cela a été fait après l’attentat du Bataclan. Cet état d’urgence permettra de vraies perquisitions administratives et de vraies assignations à résidence. Le combat contre l’islamisme doit changer de dimension et de cadre. L’État de droit actuel nous condamne à l’impuissance et à être les victimes de bourreaux terroristes. Nous voyons bien ceux qui posent des freins depuis 2015, ceux qui ont refusé de prendre des mesures radicales face à la menace. Pour lever ces obstacles, il n’y a qu’une seule voie pour moi face au terrorisme : redonner la parole au peuple par voie référendaire.
Nicolas Sarkozy avait proposé un référendum en 2016. En quoi permettrait-il à la France de lutter contre la menace terroriste ?
Nicolas Sarkozy proposait d’introduire deux mesures dans la Constitution : la rétention de sûreté pour les détenus sortis de prison et la rétention administrative pour ceux qui, dans notre pays, présentent une menace. L’idée est simple : il faut partir du principe de précaution. On l’évoque en matière environnementale et sanitaire. Pourquoi ne le ferait-on pas en matière de sécurité sur le principe de précaution? Face à la dangerosité d’individus présents sur notre territoire, il faut les empêcher de passer à l’acte. Entre 2018 et 2022, c’est près de 2540 détenus islamistes potentiellement dangereux qui seront libérés. 2000 ont déjà été libérés. Il s’agit de condamnés pour terrorisme et de condamnés pour droit commun qui se sont radicalisés en prison. Leur dangerosité est avérée. Mais le Conseil constitutionnel a censuré, en août dernier, la loi Braun-Pivet qui permettait de surveiller quelque peu les personnes sorties depuis. Votée à la quasi-unanimité, elle aurait permis d’adopter des mesures de surveillance de ces individus extrêmement dangereux. Pour Jean-François Ricard, procureur du parquet national antiterroriste, ces individus libérés représentent, pour la France, la plus grande menace. Nous devons donc immédiatement agir. Je demande en urgence, dès cette semaine, qu’un nouveau texte soit présenté devant le Parlement. Si le Conseil constitutionnel le censure, alors il faudra au plus vite un référendum pour balayer ces frilosités.
Que proposez-vous pour les individus fichés pour radicalisation terroriste ?
Je propose, comme le fait déjà Israël, de placer les plus dangereux d’entre eux en rétention dans une sorte de Guantanamo à la française, de placer les autres sous surveillance avec un bracelet géolocalisé et d’expulser tous ceux qui sont de nationalité étrangère. Environ 4000 individus, dont 800 en situation irrégulière.
L’auteur de l’attentat de Nice n’était pas fiché S. Malgré vos propositions, ne serait-il pas passé entre les mailles du filet ?
Cette situation appelle une deuxième révolution : un changement radical de politique migratoire. Cet individu parti de Tunisie est arrivé en Italie où il a été fiché et laissé libre de circuler.
Il faut avoir le courage de dire stop à l’immigration. J’ai demandé jeudi à Emmanuel Macron de fixer un moratoire sur l’immigration pour examiner les dossiers de tous ceux qui se trouvent actuellement en France. On ne peut plus accepter comme en 2019 l’arrivée de 500.000 étrangers dont on ne contrôle ni le profil, ni le parcours ni l’adhésion aux valeurs de la République. Malheureusement, Emmanuel Macron ne m’a rien répondu. Ce qui m’inquiète quant à sa détermination à vouloir s’attaquer à ce problème.
Emmanuel Macron a-t-il pris la mesure de la menace selon vous ?
Il semble que le discours du chef de l’État a changé devant la gravité des faits. On est loin du discours de Marseille pendant sa campagne présidentielle, où il vantait les communautés ethniques au détriment de la communauté nationale. Mais Emmanuel Macron a été élu sur cette vision communautaire et multiculturelle, au détriment de l’approche unitaire de la République. La loi sur le séparatisme pourrait marquer un changement. Mais le contenu apparaît aujourd’hui bien modeste notamment au regard de la laïcité.
Que demandez-vous ?
Une laïcité exigeante. Il faut avoir le courage aujourd’hui d’interdire le port de tout signe religieux pour les usagers des services publics comme c’est déjà le cas pour les agents publics. Le voile devrait être ainsi interdit pour les accompagnants scolaires, les usagers aux guichets d’administration publique, dans les universités…
>> Lire l’interview sur LeFigaro.fr
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Source: Actualités LR

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