Christian Jacob : « Emmanuel Macron est démuni face à un “quarteron” de députés »

Critiquant le chef de l’Etat qui veut chausser les bottes du général de Gaulle, Christian Jacob, président des Républicains, juge « indigne », dans une tribune au « Monde », la création d’un neuvième groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.
A l’heure où le président de la République tente, en quête d’un nouveau souffle, d’invoquer la figure d’un de Gaulle qu’il n’est pas, qu’il ne sera vraisemblablement jamais, le moment est sans doute venu de mettre au jour l’insupportable prétention avec laquelle Emmanuel Macron exerce le pouvoir depuis trois ans, en dépit des résultats catastrophiques qui sont les siens.
Il a lui-même caractérisé son arrivée au pouvoir comme une « effraction ». Et cette effraction, assise sur du sable, apparaît chaque jour davantage aux yeux des Français, dans une forme d’antithèse au gaullisme.
Le gaullisme, c’est la solidité, la constance et l’honneur de la France dans la tempête de 1940, une vraie guerre qu’il a fallu mener, avec des Français libres, qui ont permis à notre pays en 1945, de s’asseoir à la table des vainqueurs.
Stabilité gouvernementale
75 ans plus tard, la reconnaissance internationale de la France, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, détentrice de l’arme de dissuasion nucléaire, reste indexée sur l’Appel glorieux du 18 juin 1940.
Le gaullisme, c’est une volonté qui place l’indépendance nationale, militaire, politique, diplomatique et économique au cœur du destin national. En un mot, le gaullisme est une souveraineté dans toutes ses dimensions.
Ce n’est pas faire injure à M. Macron que de dire que de tous les présidents de la République qui se sont succédé, il est sans doute l’un des moins bien placés pour invoquer de Gaulle.
Car le gaullisme, c’est aussi une constitution, un régime et un système politiques, ceux de la Ve République qui permettent la stabilité gouvernementale adossée à la solidité d’une majorité parlementaire.
Tout a été pensé, en 1958 puis en 1962, par le général de Gaulle lui-même et par son premier ministre Michel Debré évidemment, pour donner du poids au pouvoir exécutif face à une Assemblée nationale dont les divisions, sous la IVe République, ont conduit à l’instabilité gouvernementale et au délitement de l’Etat.
Nous savons aussi que cette stabilité doit beaucoup aux modes de scrutin de l’élection des députés, le scrutin uninominal majoritaire à deux tours qui construit des majorités claires et aptes à soutenir le gouvernement.
Seul le président François Mitterrand, pour affaiblir la droite républicaine a été à l’encontre de cette règle tacite que le mode du scrutin majoritaire est consubstantiel à notre régime politique.
Le sauve-qui-peut menace
Au début de son mandat présidentiel, Emmanuel Macron a également proposé le retour du scrutin proportionnel pour accompagner la réforme constitutionnelle qu’il appelait de ses vœux. Il semble y avoir renoncé et c’est heureux pour le pays.
Dans l’histoire de la Ve République, nos présidents ont su, parce que leur majorité parlementaire faisait bloc avec eux, maintenir l’unité du groupe parlementaire censé les soutenir. François Hollande a vécu les affres des « frondeurs » qui ont paralysé son action, sans qu’en définitive une scission l’empêche de gouverner jusqu’au bout dans une forme de stabilité.
Emmanuel Macron est en passe de réussir ce à quoi aucun de ses prédécesseurs n’était parvenu : faire exploser, de l’intérieur, sa majorité. Il ne restait rien ou pas grand-chose de sa majorité présidentielle. Sa majorité parlementaire, celle de son parti, celui qu’il a créé et qu’il dirige depuis l’Elysée, vient de s’évanouir au terme d’une phase d’effilochement qui dure depuis de longs mois. Avec désormais moins de 289 députés, La République en marche (LRM) est en retraite. Le sauve-qui-peut menace.
Ce serait anecdotique si la France ne vivait pas une crise sanitaire terrible qui annonce une crise économique et sociale.
Plus que jamais, la France a besoin de stabilité. Elle n’a pas besoin d’un président de la République et d’un premier ministre dont les relations sont marquées par le poison de la défiance. Elle n’a pas besoin d’un retour à la IVe République avec son lot de petites compromissions entre des groupes parlementaires qui pensent plus à leurs intérêts qu’à ceux du pays. L’Assemblée nationale n’a pas besoin d’un 9e groupe parlementaire qui va contribuer à accélérer l’étouffement de la représentation nationale. Ce spectacle d’une Assemblée nationale composée de 9 groupes est indigne. Nous avons proposé à plusieurs reprises qu’un groupe parlementaire ne puisse se constituer que s’il comprend au moins 10 % des députés siégeant à l’Assemblée nationale.
Si nous voulons éviter que l’Assemblée devienne un théâtre d’ombres sur lequel plane un président de la République qui parie sur la confusion et sur les divisions pour donner l’illusion du pouvoir, il est primordial que le président de l’Assemblée nationale prenne la mesure de la situation délétère dans laquelle la multiplication du nombre de groupes parlementaires entraîne notre Assemblée. Une révision du règlement est aujourd’hui plus que jamais nécessaire.
S’il est légitime qu’un président de la République honore la mémoire du général de Gaulle, la commémoration, dimanche 17 mai, à Montcornet (Aisne) et sans doute le 18 juin à Londres apparaissent comme des mises en scène. Au moment où sa majorité politique se disloque, il serait inspiré d’épargner cette comédie aux Français. Qui imagine aujourd’hui qu’il puisse poser les fondements de l’union des Français alors qu’il est démuni face à un « quarteron » de députés qui bafoue son autorité ?
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Source: Actualités LR

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