Loi bioéthique : les limites de la société du contrat

Derrière le progressisme compassionnel de la loi bioéthique avance masqué le consumérisme froid de la société de marché. Au nom du bien commun, les responsables politiques doivent résister à la passion égalitariste et aux dérives de la science sans conscience.
Derrière la loi bioéthique se joue une bataille. Ce n’est pas la bataille entre la droite et la gauche tant cette question transcende les clivages partisans. Ce n’est pas non plus la bataille  entre les anciens et les modernes : seul le progressisme ignore que la modernité n’est qu’une question de calendrier. C’est la bataille entre deux modèles : le modèle français de bioéthique, que l’on banalise; et le modèle anglo-saxon, ultralibéral, qui se mondialise. Le premier s’appuie sur la prudence, au nom de la dignité et de la fragilité, le second s’abandonne à la seule performance. Le premier s’est construit sur la loi, qui fixe des limites à la liberté individuelle, le second déconstruit par le contrat : tout est possible, pourvu qu’il y ait consentement.
Cette contractualisation de l’existence aboutit, non sans paradoxe, à nier le contrat éthique liant les générations voulant que la liberté des adultes s’arrête là où commence le droit de l’enfant. Certes, il n’existe sans doute pas de désir plus beau que le désir d’enfant. Cet enfant qui, par l’engendrement, transforme l’homme en père et la femme en mère. Mais même le plus grand des désirs ne saurait nous exonérer de nos devoirs à l’égard des plus petits d’entre nous. Les enfants ont aussi des droits, à commencer par celui d’avoir un père. Et que ceux qui nous expliquent que le père ne serait qu’un accessoire interchangeable, remplaçable par une « grand-mère », que ceux-là nous le démontrent !
À la vérité, c’est l’ensemble de cette loi qui est marquée du sceau de la contradiction. Car partout, dans notre société, la parité est exigée, sauf dans la filiation. Partout le principe de précaution est brandi, sauf pour l’enfant. Avec la PMA sans père, c’est lui qui prend tous les risques ! De même, partout la fraternité est célébrée et la marchandisation est stipendiée, sauf dans ce texte qui lui ouvre la voie, en dégageant le passage pour la GPA. Car comment refuser demain aux couples d’hommes ce que l’on aurait accordé aux couples de
femmes ? De même, gageons que le marché verra dans l’autoconservation des ovocytes une formidable opportunité d’obtenir des femmes en activité une disponibilité totale qu’aucune grossesse ne viendra troubler. Une fois encore, la société de marché avance masquée : derrière l’apparente liberté de choix, la négation des droits; derrière le progressisme compassionnel, le consumérisme froid.
Disons les choses : il n’y a rien d’éthique dans cette loi prétendument bioéthique. Plutôt que de fixer des limites, elle les ignore, comme sur la recherche embryonnaire avec l’autorisation de créer des chimères. Plutôt que de choisir la raison, elle cède aux passions égalitaristes ou aux dérives d’une science sans conscience. Et puis nous sommes des responsables politiques : notre rôle n’est pas seulement de garantir les bonheurs privés; il est d’abord d’éviter les grands malheurs publics. Telle doit être notre conception de l’éthique et donc, en définitive, de la politique. Une éthique de la politique au service de ce qui doit nous rassembler : la recherche du bien commun.
Bruno Retailleau
Président du groupe les Républicains au Sénat
Sénateur de la Vendée
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Source: Actualités LR

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