François Baroin au Parisien : « Maire, c’est une très bonne école politique »

Maire de Troyes et président de l’Association des maires de France (AMF), François Baroin livre son analyse sur les élections municipales. Il prédit une stabilité pour les maires en place et évoque les préoccupations de plus en plus fortes des Français en matière d’écologie et de sécurité. Il déplore aussi qu’Emmanuel Macron n’ait pas totalement pris en compte la colère des maires.
Ces élections municipales vont-elles confirmer ou stopper le vent de dégagisme qui souffle sur la politique française depuis 2017 ?
Les éléments objectifs dont on dispose – des enquêtes assez larges menées à l’initiative de l’Association des maires de France auprès de 15000 personnes avant l’été – marquent une réussite des maires sortants. Il y a un attachement au travail qu’ils ont effectué. On peut dire que le fort renouvellement de 2014 s’apparente à ce que vous appelez « le dégagisme », puisqu’une nouvelle génération de maires, surtout de la droite et du centre, est arrivée. Cette année, ce qui ressort surtout, c’est un besoin de protection, sur l’environnement et en termes de sécurité. Le monde est incertain et les gens s’accrochent à ce qu’ils connaissent : leur maire et leurs équipes, car c’est d’abord et avant tout un travail d’équipe.
Le maire a donc toujours une place à part…
Parmi les élus, il est le mieux considéré et le plus respecté, il y a presque un attachement sentimental entre le maire et sa population. Il n’apparaît pas comme un politique parmi d’autres. Le maire rassemble sa population et aussi bien au delà de son propre camp, s’il est engagé politiquement. Je rappelle que la très grande majorité des maires n’est dans aucun parti.
Vous êtes maire depuis 1995. La fonction a-t-elle évolué depuis ?
Il y a une nette évolution sur la nécessaire consultation des habitants, avec plus de démocratie directe. Les maires ont été aux avant-postes là-dessus, il y a de plus en plus de conseils de quartiers, on a rapproché le conseil municipal des habitants, notamment dans les zones urbaines. C’est un plus. Il y a également le développement des nouvelles
technologies et l’usage des smartphones pour améliorer les services publics et faire des citoyens des acteurs à part entière de l’amélioration de leur quotidien.
Les attentes de la population ont aussi évolué ?
Il y aune évolution sur l’environnement et la sécurité. Sur l’aspect environnemental, il est acquis que la société s’approprie ce besoin de protection de la planète. Ça passe par les problématiques de construction, la gestion des déchets, la place du vélo, la question de l’eau. Ces sujets seront au cœur de la campagne. Ça ne veut pas dire que tous les maires sont verts ou que tous les Verts seront maires, mais c’est quelque chose qui est désormais transcourant et fait partie du quotidien. Sur la sécurité, il y a un travail à faire avec l’Etat pour renforcer les compétences sur les pouvoirs de police propres au maire.
Vous avez l’impression qu’Emmanuel Macron a compris l’importance des maires ? Les a-t-il entendus ?
Sa volonté de mettre les maires au cœur du grand débat, lors de la crise des Gilets jaunes, est une prise de conscience réelle de l’importance de leur rôle dans l’équation républicaine. Mais les maires veulent surtout que leurs revendications soient prises en compte : avec plus de transferts de compétences et d’effectifs. Ils n’ont pas besoin qu’on leur tape sur l’épaule tous les quatre matins, ils ne cherchent pas un grand frère. La considération est une chose, la prise en considération en est une autre. C’est tout le chemin qu’il reste à parcourir avec le pouvoir actuel.
Avoir été maire, c’est un plus pour être président ?
On peut exercer les plus hautes fonctions de l’Etat sans avoir été maire. Mais je crois que c’est une très bonne école politique, de très loin la meilleure pour l’exercice d’autres responsabilités.
Pourquoi la meilleure ?
Les maires sont des gens qui produisent du consensus sur des textes qui peuvent être difficiles, qui peuvent provoquer des débats vigoureux dans la société. Ils sont les mieux à même de trouver par leur expérience le chemin qui aboutit à la résolution d’une crise.
Certains de vos collègues à droite souhaitent interdire les listes communautaires aux municipales. Qu’en pensez-vous ?
A l’AMF, personne ne souhaite que ce soit un sujet dominant aux municipales, parce qu’il n’y a pas de revendication majeure sur cette question qui nous remonte du terrain. Un maire a vocation à rassembler, pas à se replier sur une partie de la société.
Quel bilan tirez-vous de la gestion d’une dizaine de communes par le RN depuis 2014 ?
Leur nombre est tellement marginal qu’elles ne participent pas aux instances de l’AMF. Le RN peut avoir des élus mais il lui est difficile de gagner des villes. Est-ce qu’il en prendra plus ? Difficile de répondre à cette question aujourd’hui.
Quel est votre souvenir le plus fort de maire au cours des vingt-cinq années de mandat à Troyes ?
(Silence.) C’est quand j’ai appuyé sur un bouton pour détruire deux tours très importantes dans le cadre d’une opération de requalification urbaine. On avait travaillé pendant trois ans, foyer par foyer, appartement par appartement. Ce qui était fort, c’était de voir les larmes qui coulaient sur le visage des mamans, des parents, des enfants. On leur avait trouvé des
résidences avec une qualité de vie très supérieure. Et, en même temps, c’était tous leurs souvenirs qui s’effondraient. C’était douloureux parce qu’on détruisait un univers géographique qui leur était familier, qui structurait leur vie quotidienne. Je n’oublierai jamais ces larmes de tristesse face à l’effacement de tant de souvenirs, et de joie à la perspective d’un espoir réel d’un quotidien plus humain et plus agréable. Ça résume au fond l’histoire d’une ville.
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Source: Actualités LR

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