Réforme du congé parental : le cadeau empoisonné

Société

Deux décrets du 31 décembre dernier ont mis en place une nouvelle prestation familiale : la Prestation partagée d’éducation de l’enfant, qui remplace le Complément libre choix d’activité (CLCA), dispositif phare de la branche Famille. Contre toute logique, ces décrets viennent en application non pas d’une loi de financement de la sécurité sociale, mais de la loi d’égalité homme-femme du 4 août 2014. Désormais, les deux membres d’un couple doivent se partager le congé parental, alors même qu’aujourd’hui seuls 4% des bénéficiaires du CLCA sont des hommes ! Et le comble, c’est que le gouvernement reconnaît lui-même qu’il n’y aura probablement pas plus de 10 à 20 % des pères qui pourront partager le congé parental avec leur conjoint. Contrairement à ce que postule l’idéologie officielle, ce n’est pas une question de stéréotypes plus ou moins conscients : les pères n’accepteront pas de prendre les 12 mois de congé qui leur sont réservés, par crainte de nuire à leur travail et donc à l’équilibre financier de la famille. Tout simplement. Exemple simple : Luc et Sylvie ont deux enfants de 5 ans et 1 an. Luc gagne 1500 € et Sylvie 1000 €.  *Dans le cas où l’enfant n’a pas de place en crèche (cas fréquent puisque seuls 13% des moins de 3 ans ont une place de crèche en France – dernier rapport de l’UNAF sur les modes de garde en 2013). En clair, Luc et Sylvie auront le choix entre deux mauvaises solutions : soit rester à la maison sans allocation de congé parental et mettre en danger l’équilibre financier de leur foyer, soit retourner travailler et faire garder leur enfant pour avoir in fine un pouvoir d’achat amputé.Au nom de la lutte contre les stéréotypes, on aboutit donc à une mesure antisociale : car si les deux parents ne peuvent chacun prendre leur part, la réforme reviendra tout simplement à limiter le congé parental aux 2 ans de l’enfant (contre 3 ans précédemment). Belle avancée, au nom de l’émancipation des femmes ! En effet, quelques données sont à prendre en compte :-          l’allocation de congé parental est très faible (390 € par mois au maximum). Ce sont donc avant tout des salariés ayant des petits salaires qui utilisent ce dispositif .-          3 femmes sur 4 vivant en couple gagnent moins bien leur vie que leur conjoint (étude Insee / mars 2014). Les familles modestes ne pourront pas se passer pendant 12 mois du salaire principal du foyer. En outre, cette réduction de fait de la durée du congé parental aura pour conséquence d’accroître la pression sur les modes de garde collectifs ou individuels. Loin des économies escomptées, la réforme risque donc d’aggraver le déficit de la branche famille de la sécurité sociale, sans compter les surcoûts portés les collectivités territoriales. Comme dans toute réforme, il y a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. D’un côté, le discours parisianiste d’égalité entre les sexes et d’insertion professionnelle des femmes. De l’autre, la réalité du pays : des milliers de familles pénalisées, des coûts démesurés pour les finances publiques, des conséquences néfastes pour les enfants.  Catherine LECUYERSecrétaire nationale à la Petite enfance
Source: Actualités UMP

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