Le 28 mars 1948

Pif le chien fait son apparition le 28 mars 1948. Pif le chien, célèbre personnage de bande-dessinée, vit dans une famille de classe populaire formée du travailleur Tonton, de son épouse Tata et de l’enfant de la maison, à laquelle s’adjoint plus tard Hercule, chat brutal et taquin.
Ces histoires enfantines servent de prétexte à la dénonciation des injustices de son époque : la faim ou le manque de logements. La série est créée par José Cabrero Arnal républicain espagnol, réfugié en France en 1939, militant antifasciste, déporté à Mauthausen. Il cherche, avec ses dessins à transmettre ses idées humanistes : le respect de l’autre, l’antiracisme, le goût de la liberté et de la paix, le rejet des superstitions, la confiance dans le progrès.
D’abord diffusées en noir et blanc dans le journal L’Humanité, puis dans l’Humanité Dimanche, les histoires sont reprises en couleur dans Vaillant le journal le plus captivant en 1952. Elles connaissent un tel succès que le journal change de nom pour devenir Vaillant le journal de Pif en 1965, puis Pif Gadget en 1969. Pif y est accompagné de Placid et Muzo, Arthur le fantôme, Gai Luron, Léo, bête à part, Rahan et beaucoup d’autres compagnons. Le magazine a deux spécificités de poids : il propose des histoires entières et non des épisodes, ce qui fait que les enfants ne sont pas obligés, contrairement à la plupart des autres revues de bandes dessinées, d’acheter la suite des histoires. Et bien évidement chaque magazine est accompagné d’un « gadget »(ex : les pois sauteurs du Mexique en 1971).
Mais c’est surtout une littérature jeunesse pédagogique et progressiste qui prend son essor. Une nouvelle tradition de la bande-dessinée française consciente de l’importance de la recherche de l’hégémonie culturelle dans toute conquête politique. A la fin des années 1960, malade et fatigué, José Carnal abandonne la série à d’autres dessinateurs qui la poursuivent en en gardant l’esprit. L’aventure du magasine, comme de Pif, s’arrête en 1993. Mais ils restent dans la mémoire de nombreux militants le symbole d’une époque riche de littérature jeunesse progressiste rappelant que notre combat politique est inséparable d’une action culturelle.

Source: Actualités Parti de Gauche