Bruno Retailleau : « Élisabeth Borne n’a pas de leçon de responsabilité à donner »

Alors que les députés ont mis en échec la macronie, le chef des Républicains à la Chambre haute, Bruno Retailleau, pose ses conditions.
L’élu de Vendée et président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, se dit prêt à jouer le jeu. Mais prévient : « Il faut que le gouvernement quitte sa posture hautaine. »
Après la suppression de la moitié du projet de loi sanitaire par les oppositions à l’Assemblée nationale, la Première ministre, Élisabeth Borne, compte « [se battre] pour que l’esprit de responsabilité l’emporte au Sénat ». Que lui répondez-vous ?
Elle n’a pas de leçon de responsabilité à donner, ni à l’Assemblée nationale ni au Sénat. Depuis cinq ans, notre ligne a toujours été celle de l’exigence : on ne dit ni « oui » par discipline macronienne, ni « non » par réaction pavlovienne. Mais il est hors de question de rétablir l’article supprimé tel que le gouvernement l’avait rédigé. Ce serait aboutir à un même échec en seconde lecture à l’Assemblée. Nous allons donc le réécrire.
Comment ?
Ce vote négatif à l’Assemblée n’est pas « un coup de chaud », comme l’a dit Emmanuel Macron. Il s’explique par la défiance qui s’est installée, en deux ans de crise du Covid-19, chez les Français vis-à-vis de l’exécutif. Nous n’accepterons donc que le strict nécessaire pour protéger la population. Le contrôle aux frontières d’un certificat sanitaire doit être possible en cas de mutation grave du virus, et nous veillerons à un contrôle étroit du gouvernement par le Parlement.
Demanderez-vous la réintégration des soignants et sapeurs-pompiers non vaccinés ?
À Marseille le 2 juin, Emmanuel Macron l’a dit : ce sera possible « dès que le conseil scientifique nous dira qu’on est en phase endémique ». Nous inscrirons donc cette possibilité dans la loi et demanderons que le gouvernement apporte la preuve que nous sommes en phase épidémique.
Le texte sur le pouvoir d’achat arrivera au Sénat dans les prochaines semaines. Le voterez-vous ?
Il y a deux conditions. D’abord, il faut des mesures d’encouragement du travail : le gouvernement nous a en partie entendus sur la défiscalisation des heures supplémentaires. De la trente-cinquième à la trente-neuvième heure de travail, il ne doit y avoir aucun impôt pour le salarié, aucune charge sociale pour l’employeur. Ça permet de répondre à la crise majeure du recrutement et de donner du pouvoir d’achat à ceux qui veulent travailler plus. Un salarié au smic qui travaille 39 heures toucherait ainsi 1 500 euros net. On proposera aussi, pour les travailleurs en forfait jours, la possibilité que l’entreprise rachète leurs RTT sur la base du volontariat. Enfin, il faut se demander s’il est normal qu’un salarié en CDD qui refuse un CDI dans son entreprise touche la prime de précarité et perçoive les indemnités chômage.
Quelle est la deuxième condition ?
La fin du « quoi qu’il en coûte », même si nous n’exigeons pas, pour le moment, que le gouvernement compense par des économies toutes les dépenses prévues. Mais le « quoi qu’il en coûte » est une formidable désincitation au travail et un poison que devront boire les générations futures. Si le gouvernement n’engage une réduction des dépenses, ce sera non. On proposera des économies, comme la mise en place de la carte Vitale biométrique pour arrêter la fraude à la Sécurité sociale. Il y a aujourd’hui en circulation 8 millions de cartes Vitale de plus qu’il n’y a de Français !
Êtes-vous favorable, comme l’ont voté les députés contre l’avis de la majorité, à la compensation par l’État aux collectivités des revalorisations du point d’indice des fonctionnaires et du RSA ?
Oui. Le gouvernement doit assumer les conséquences de ses choix.
La majorité relative à l’Assemblée place-t-elle le Sénat en position de force ? Comptez-vous imposer vos vues au gouvernement ou serez-vous un recours ?
On ne se situera pas par rapport au gouvernement mais par rapport à l’intérêt du pays. Comme depuis cinq ans : nous avons voté plus de projets de loi que nous n’en avons rejeté, mais toujours après qu’ils ont été modifiés. Nous pratiquons déjà le texte par texte. La nouvelle donne politique nous obligera à trouver des accords entre chambres du Parlement, en commission mixte paritaire, où Les Républicains seront en position de force. Le Sénat va peser dans la fabrique de la loi.
Allez-vous rencontrer Mme Borne ?
J’ai dû me fâcher, mercredi sur France 2, dire qu’il fallait que le gouvernement quitte sa posture hautaine vis-à-vis du Sénat. Élisabeth Borne ne peut pas à la fois proclamer son amour de notre chambre dans sa déclaration de politique générale et ne pas écouter les présidents de groupes. Une demi-heure après mon interview, Matignon appelait mon secrétariat pour convenir d’un rendez-vous cette semaine.
Emmanuel Macron veut lancer « dès la fin de l’été » son Conseil national de la refondation. Une bonne idée ?
C’est une mauvaise idée. Ça fait partie des bidules macroniens pour contourner et affaiblir le Parlement. C’est la raison pour laquelle mon groupe au Sénat n’y siégera pas.
>> Lire l’interview sur LeJDD.fr
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Source: Actualités LR

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